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EPIGRAPIIIE

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chrét.^s. V. Aubes baptismales : Syxtl’s, p. lôg-iôo. Le plus louchant exemple de l)aptème in extremis est celui de la petite Julia Florentina CIL, X, 71 12) : qiiæ priciie nonas mariias ante lucem pagana Jiata… mense octas-o decimo et vicesima secunda die completis fïdelis fada hora noctis octava ultimiiin spiritum agens supei^i.rit horis qiiattuor.

Le l>aptème purilîait le néophyte, la Confirmation achevait cette renaissance, qui, commencée dans l’eau, se consommait dans l’Esprit. Nous savons que, dans la collation solennelle, le l)aptème et la confirmation étaient conférés simultanément, aussi ne faut-il pas s’étonner de trouver peu de traces de celle-ci ; ce n’est pas qu’on y ait attaché peu d’importance, mais c’est qu’elle ne faisait qu’un avec le baptême, dans le grand acte de la régénération complète. Cependant elle apparaît avec plus ou moins de probal)ilité dans plusieurs textes, sous des formules mallieiu’eusement trop peu précises : « criicem accepit », « frontem cruce membva fronte purgans y>. Un texte du milieu du iv* siècle est plus clair, c’est l’épitaphe de Picentiæ I.egitiniæ neopliyiæ die V kal. sep. consignatæ a Libéria papa CIL, XI, 4975). A partir du v^ siècle, les textes sont plus nombreux. Voir l’étude approfondie que Doelger a consaci’ée à cette intéressante catégorie tl’inscriptions.

Les traces de la Pénitence sont plus douteuses. Agere pænitentiam se dit de la vie religieuse CIL, XIII, 2877, cf. V, 74 15 ; HuEBNER, /. //. r/jr.. 42 ; CIL, V, 5420, XII, 2198) ; il se peut donc que tous les tituli où le mot apparaît aient Irait à des moines ou à des moniales ; cependant Le Blaxt a cru reconnaître des traces de pénitence in extremis dans l’inscription d’Ajdutor (vi’siècle), (/Ki post acceptam pænitentiam migras it ad Bniim(hE Bhxyrjlecueil, n" OaS ; CIL, XII, 690 ; cf. Le Blaxt, n" G6).

Les documents relatifs à VEucharistie sont autrement explicites. Il sullit de signaler les deux monuments les plus importants : l’inscription d’Abercius et celle de Pectorius.

Du texte phrygien, il sulhra de rappeler qu’on y trouve l’universalité de l’aliment eucharistique :

« partout elle m’a servi en nourriture un Poisson de

source, très grand, très pur, péché par une vierge sainte » ; probablement aussi la communion fréquente

« elle le donnait sans cesse à manger aux amis » ; le

caractère spéciûquement chrétien du rite : la « foi », les « amis », tout cela ne convient qu’à des disciples du Christ ; la communion sous les deux espèces : « elle possède un vin délicieux qu’elle donne avec le pain ».

Presque à l’autre bout du monde romain, mais encore dans la splière de l’influence asiatique, nous retrouvons un précieux témoignage des usages eucharistiques des premières générations chrétiennes gauloises.

En 1889. furent découverts à Autun des fragments d’inscription grecque (fnscriptiones græcae, XIV, a5a5). Dom Pitha reconstitua et édita le texte, connu depuis sous le nom d’inscription de Pectorius. Quelle que soit l’incertitude de certains compléments, on peut s’en tenir à la lecture que nous donnons ici.

^lyQjoi eiypy.v(vj ôîjîov vî’vî ; , viTO/st 5î//y(5 Xp7, 78^’iyZ’j)v T^r ; /’f^-j v.fxQ p’jr’jv h> fipozirjii 617niTij>v ùSarfwlv. Tr, v i’/ ; v, fUt, GcoTzeo’p-jylr.-j] 113x7tv « ïvàîj ; K/o’jToSdro’j îîpi’v ;  ;. ^’jiT ?, po, « -/t’uv fiùtr, héy.). ! /./j.oy.v[î ^p&71v], ëfOtz T.ivy.WJ^ îyQuv éywj T.y.’jv.ixv.i. : ,.’lyOùï yà^prr/X’] or.py.^)ùy.ij}y 2î77 : 5Ta aiinp, tu t’jôoi fx]^r, ^-zr, p, ai).iry.^oy.i, ç-ii ; rà Oy.WTWj.’Aayy.-jSts [nKT]î^, roifiCi >'.îyy ! p17u.ivî O-j/xû cùv f/.[r, Tpi -/J.’jy.ipft xy.t à51/j ; si’1î « 71y èu.^( » iv, ’l[yOjCi iîprrJ-f, îi^] p.-j-r, 7î0 lî/-’jpi’yj{-, ).

La première lettre des cinq premiers vers donne en acrostiche IX0Vil.

« Race divine du Poisson céleste, Aeille sur la

pureté de ton cœur, car tu as reçu, parmi les mortels, la source immortelle des eaux divines. Ami. réchauffe ton àme dans les ondes vives de la Sagesse qui porte la richesse aux hommes. Reçois l’aliment, doux comme le miel, du Sauveur des saints et mange-le avec avidité, en tenant le Poisson dans tes mains. Mon Maître et Sauveur, je veux me rassasier du Poisson ; que ma mère dorme en paix, je t’en supplie, lumière des morts. Aschandios, mon père chéri, avec ma douce mère et mes frères, dans la paix du Poisson, souviens-toi de ton Pectorios. »

Le texte est important, instructif ; mais encore ne faut-il pas en surfaire la valeur et le témoignage. Y retrouver la divinité de N.-S. J.-C, ses titres et ses noms de Sauveur, de Christ et de Jésus ; la prédication des oracles évangéliques, l’incarnation, la mention du cœur sacré de J.-C.. l’antiquité et l’elTicacité du baptême, l’eucharistie, l’antiquité et l’authenticité des paroles sacramentelles, la présence réelle, l’antique usage de recevoir l’eucharistie sur les mains, la communion sous une seule espèce, l’effusion de la grâce par la prière, la prière pour les morts retenus au purgatoire, la vision béatiGque pour les justes, l’intercession des saints : n’est-ce pas se laisser entraîner à de dangereuses imaginations, et mêler à la réalité la fantaisie ? Cf. Le Blant, résumant dom PiTRA, Recueil, n° l, p. 11.

Le monument garde toute sa signification, si l’on se borne à y reconnaître ce que fournit l’interprétation obvie du texte. Il suffit de noter ici la « source immortelle de l’eau divine », « l’eau toujours jaillissante de la sagesse qui donne les trésors et réjouit l’àme », cette « faim » que « rassasie » la nourriture

« douce comme miel du Sauveur des saints », expressions

qui sont toute une mystique de l’eucharistie ; le poisson qu’on mange en le « tenant dans ses mains />, dernier trait qui prouve indubitablement la communion sous l’unique espèce du pain. Enfin, il est utile de constater quel sentiment révèle une profession de foi relative à l’eucharistie gravée sur un tombeau. La réponse est fournie par Jo., vi, 50 : si quis ex ipso manducas’erit, non morietur in aeternum ; nourriture durant la Aie, l’eucharistie est aussi un gage de résurrection.

Les détails liturgiques que nous aA’ons relevés, ainsi que ces effusions pieuses, sont d’un vif intérêt ; aussi importe-t-il de leur assigner une date. Or rien n’est plus déconcertant que les conclusions chronologiques auxquelles se sont arrêtés les interprètes de l’inscrii)tion de Pectorius : les uns la font contemporaine des Antonins, d’autres la rabaissent jusqu’au VII siècle. La vérité est à rechercher entre ces deux extrêmes : au dire des juges les plus autorisés et lesplusmodérés, l’inscription, dans sa teneiu- présente, ne serait pas antérieure à la fin du m’ou au début d W^ siècle ; mais il est bien probable que le petit poème théologique qui en fornu- le début, sorte de passe-partout, soit beaucoup j)Ius ancien et date des premiers tenqis chrétiens. Si le fait est exact, on conçoit la portée de pareil témoignage en faveur de la communion sous une seule espèce, à une date aussi reculée. Mais s’agit-il de la distribution publique de l’eucharistie ou de la communion faite en dehors de l’église ? Voir Diction, de Théologie, s. V. Communion sous les deux espèces, col. 552 et suiv.

Les inscriptions relatives au Mariage sont très nombreuses. O. Pelka les a réunies (Altc/iristliche Ehedenknuiler, dans la collection Zur Kunstgeschichte des Auslandcs, V, 1901). De son étude se dégagent des conclusions intéressantes, v. g. sur l’âge