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EPIGRAPHIE

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des dissidents, tantôt celle des catholiques, sont les témoins les plus fidèles des querelles religieuses de ces temps-là, les interprètes les plus sûrs de la psychologie des foules. Ils aident à comprendre les âmes, en nous montrant comment la guerre entre les deux églises africaines se poursuivait juscpie dans les asiles de la prière et de la foi, jusque sur les murs, les piliers et les chapiteaux, les portes et les façades des Jjasiliques.

Une seconde série (p. iig-iSô) est formée des inscriptions monumentales donatistes ou antidonatistes, qui nous ont transmis lécho des controverses passionnées qui mettaient aux prises clercs et fidèles des deux églises rivales : principes et griefs réciproques, prétentions, espérances et rancunes des deux partis ont trouvé leur expression sur leurs édifices. A côté de la polémique de « tracts », il y eut aussi la polémique sur pierre : controverse directe à coups de formules ou d’acclamations, lutte indirecte à l’aide de textes bibliques habilement travestis. L’attitude provocante des donatistes se retrouve dans des formules sacrées : in Deo spera^’i nontimevo quitmlhi faciat homo ; — siDeus pro nobis qais contra nos ? — fideia J)eit et anibula ; — si Deus pro nobis, (jiiisad’ersusnos ? Leur prétention à la sainteté, à la pureté, à lajustice.se traduit dans les épithètes que leurs textes mettent en vedette : sancti, justi, bonis bcne : àprement ils revendiquaient le monopole de la catholicité, et ces disputes trouvent leur expression dans les inscriptions gravées sur leurs églises. A l’opposé, l’épigraphie catholique répond à tout ce fracas par des paroles de conciliation, des appels à la communion catholique {seniper pax, hic pax in Deo, pax I)ci Patris), de touchantes professions d’humilité, des allusions à la faiblesse de l’homme, à son caractère de pécheur, à la nécessité de la pénitence.

Les deux dernières séries (p. 187- 161) sont constituées par lépigraphie martyrologique donatiste et les épitaphes des schismatiques. On sait le culte que la secte, qui se disait « l’Eglise des martyrs », professait, non seulement pour les martyrs célèbres d’autrefois, mais encore pour les nombreux ciiampions du parti, tond)és dans les Ijagarres. Aussi, combien pent-otre de schismatiques parmi les martyrs, inconnus des liagiographes, que nomment les textes épigraphicpies de Numidie ! Mais, pour certains, on a plus que des présomptions : le diacre Emeritus qu’une dédicace pompeuse met sur le même pied que les saints apôtres, la moniale llobba, sœur de l’évêque Honoralus, — cæde traditnrum ^-exala. ineruit digniiatcm niartirii, — nous apparaissent comme des héros de la secte. Ils ne sont pas seuls. Il est curieux de mettre en parallèle avec ces épitaphes belliqueuses, d’où la piété est absente, la toucliante inscription rédigée par Augustin pour la tondie du diacre Nabor, donatiste converti, que ses anciens coreligionnaires assassinèrent :

…com’ersus paceni pro (j(iia) moreretur ani(n’il… vcruni niartyriiim K’cru est piclate prohat(um) (de Rossi, Inscr. Christ. U. //., II, p. /, 61) Les épitaphes de quelques sectaires, évêques, i)ré-Ires. diacres. conq)lèlcnt les renscignementsqne l’épigraphie africaine nous fournil sur le Donatisme. On voit que ces hund)lcs inscriptions, i)ieusenient recueillies par les archéologues, contribuent à éclairer l’histoire de l’Afrique, au temps d’Optat et d’Augustin.

2. Vie intérieure de l’Eglise. — D’autres séries de docuiiKiils nous l’oul ixiK’lrer jjIus avant dans la vie de l’Eglise, et nous livrent le secret de son unité, en nous montrant une sève unique qui circule dans tous les membres de ce corps : les âmes sont resser rées dans une même foi et nourries des mêmes sacrements ; la liturgie se crée et se codifie peu à peu ; le culte des saints et des martyrs maintient une étroite communion entre l’Eglise militante et l’Eglise triomphante ; les institutions ecclésiastiques se développent avec leur jihysionomie variable suivant les pro-A’inces ; la vie ascétique prend son premier essor ; la mentalité chrétienne se forme : sur tous ces points, les textes épigraphiques apportent leur contribution à la connaissance du fait ecclésiastique. Zaccaria, Gêner. Marucchi. le P. Sixte ont dressé des listes d’inscriptions, groupées en ordre logique ; on ne peut songer à reprendre ici ce travail, il suilira de rappeler quelques traits particulièrement significatifs sous (luelques rubriques : credo, sacrements, culte, institutions ecclésiastiques, vie morale chrétienne.

fl) Credo. — Il n’y a pour ainsi dire pas un article du credo qui n’apparaisse dans les inscriptions : l’unité de Dieu, la Trinité, la divinité de J.-C, la Rédemption, le jugement, le Saint-Esprit, l’Eglise, la communion des Saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle témoignent dune foi qui trouvait une suprême consolation à sallicher au grand jour, quand les circonstances le l)ermettaient.

A ce point de ^"ue, les marbres de la Gaule sont de la plus haute importance (Le Blaxt. Recueil, p. 11) ; cependant les inscriptions de l’Orient ne leur cèdent pas en valeur démonstrative. C’est à elles que nous emprunterons quelques exemples ; car là seulement, tlans les ruines admirables de la Syrie, nous ti’ouvons des inscriptions qui sortent du type funéraire, le seul ou à peu j)rès qui ait survécu en Occident. Quand on a fait le départ des textes suspects d’intentions sul )erstitieuses, il reste tout un lot d’invocations el d’acclamations, réparties entre le iv’et le i’siècle, où la foi se manifeste dans l’élan de la prière. Ce que ces chrétiens orientaux, chrétiens tardifs peut-être, mais animés d’un zèle de néophytes, gravent sur leurs maisons, pour attirer la bénédiction de Dieu et donner à leur acte de foi l’éternité de la picri-e, cest avant tout l’allirmation répétée de l’unité de Dieu :

« un seul Dieu >i, « un Dieu unique », « un Dieu, un

Christ)i. « un Dieu, roi éternel ». A côté de l’afiirmation monothéiste, déli ou protestation à l’adresse du paganisme ambiant, les i)rofessions de foi trinitaire sont multipliées au point de paraître répondre aux clameurs hétérodoxes : « au nom de la Ste Trinité », « grande est la puissance de la Trinité « ; souvent, c’est dans une doxologie que se traduit le même article du s}nd)ole, et le « Gloire au Père, au Fils, au S. Esprit ». s’oppose, ainsi que le Irisagion catholi([ue à la l’oi-mule hérétique de Pierre le Foulon.

La foi qui se manifeste aussi explicitement est déjà uneju’ière ; mais condjien souvent elle insj)ire des invocations i)lus directes et plus pressantes ! Les appels à l’aide, à l’assistance, à la protection, à la miséricorde de Dieu sont exlrênienient frétiuenls. k Seigneur, souvenez- ous de moi dans votre royaume » ;

« Seigneur, secourez-nous > ; « O Dieu unique, vous

(pii aimez ceux cpù aous craignent » ; « Celui qui s’abrite sous la protection du Très-Haut, repose à l’ombre du Toul-puissant. Il dira au Seigneur : tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie » ; « Seigneur, aie i)ilié de moi » ; « Oue ta miséricorde se mesure à nos espérances » ; u Sauve ton peuple » ; « Seigneur, garde cela à ton serviteur » ;

« Marcpie cette maison de ton sceau et de celui de ton

Fils » ; « Christ, entrez » ; « Là où le Christ est bienveillant, c’est le bonheur pour l’homme » ; « Christ, tu as mis la joie dans mon comu*. tu nous a fait abon-