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EPIGRAPHIE

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|et se souvient des symboles cliers entre tous à la iipiété de l’Eglise primitive — le bon Pasteur, le Pois1 son figuratif du Christ, le pain et le vin eucharisti, jues, le sceau baptismal — son origine chrétienne

;  ; aute aux yeux. L’exégèse de certaines parties a sans

^ : loute ses difficultés, mais Tensemble est clair. » Etudes, t. LXXI. p. 440.

Cette constatation frappa au premier alîord les criliqnes. Zahn, Lightfoot, Y. Scholtze, Ramsay, d^ Rossi. DucHESNE, et, dans les controverses postérieure. WiLPERT, Marucchi, Pomjalowski, Grisar, Kauf MAXN, WEnOI-ER, PaTOX, DE SaXCTIS, BaTII- FOL, RoCCHI

, M prononcèrent avec décision pour le christianisme Ijlvbercius. Le sentiment n’entrait pour rien dans ces Jiiflirmations ; elles reposaient sur des faits précis Vpi’une lecture attentive du texte permet facilement’le colliger.

l’j) Abercius a été à Rome, et y a vu la majesté de Eiilise romaine, reine du monde chrétien ; 2") il y a . u aussi le peuple des fidèles marqué du sceau éclaant (du baptême) ; 3") il a trouvé partout des chréitns ; [")ix foi lui a servi de guide ; 5"^) elle l’a nourri poisson (J.-C), né de la Vierge ; 6’^ Abercius et 1’^ autres tidèles recevaient J.-C. sous les espèces du luiii et du A in. Qu’il n’existe pas de trace du culte 1 Abercius, ni d’attestation suffisante de son épisco-Kit ; qu’il soit ou non identique à V W’yjif, yio-_ Mkczî/vî ; I KrsÈBE (Hist. ecclésiast., Y, 16 ; P. G., XX, 46/t) ; que a-y.p’Jvj’j : , àyjr, de l’inscription soit Marie, l’Eglise ou

: rrt ; personniliée : ce sont là, après tout, f(uestions

1 ; ondaires. Il n’en demeure pas moins certain tjue a primauté du siège de Rome, le symbolisme du Miisson, le baptême, l’eucharistie, tout cela est attesté liir l’inscription d’Abercius pour le milieu du 11* sièle après J.-C.

De ces faits se dégage nettement 1 importance apologéii [ue de ce monument. Elle est de tout premier ordre, iiissi conçoit-on l’embarras de ceux qui se refusent à enendre parler de catholicisme avant Irénée. S’attacher uniquoment aux points difficiles, sans tenir compte de tout ce [lie le texte présente d’indubitable, baser sur quehpies inits plus vagues des hypothèses vertigineuses : telle était I seule voie ouverte à qui prétendait réagir contre lexpliiition obvie du texti’. On s’y engagea résolument.

< ;. FicKicr., en 18’. »’i, soutint que le texte était païen et vbercius myste de Cybèle et d’Attis, le divin « poisson ». i-outenir ce j)aradoxe, FiCKER dépensa un grand luxe d’hy1’liiéses et cela suffirait à le réfuter. Cependant DL"t : HESNK, M Hossi, ScHui.TZE, Makucchi répondirent vertement à l’Ile thèse, qui, il faut l’avouer, trouva peu de partisans utiaincus, si l’on excepte IIiis( : hfi ; i, d et Hak.nack. g| Une attaque sérieuse demandait plus de mesure : Har-ACK le compi’it ; l’année suivante, il essaya de rendre cceptablele système de Fi( ; KKi(, en envelopjjant dans une mprécision calcuh-e les affirmations trop radicales de son levancier. Il so garde bien de nier le caractère chrétien l’une bonne partie de l’insci’ijttion ; mais il essaie de le neltre en conli-adiction avec ipjelqnes autres délails du exte, dont il g-rnssit à dessein l’importance et la signifiation. Il n’est plus question de paganisme tout cru ; mais e texte n’en est pas moins disqualifie : oji en fait le proluil d’un syncrétisme asiatique, où s’amalgament les leli : ions solaires de Pliiygiee ! les mystères cbrétietis. L’eérè 9eétaitarhilrairc, ZAn.N le ])roclama nettement : Duchesnf. le fut pas moins catégorique.

La passe d’armes n’était j)as finie ; quelques mois plus ard(18’.lC), DiFTEUicu relèvele gant. Reprenant l’hypothèse’e FicKfKjil dépensa à la rendre vraisemblable une éruption considi’rable..bercius devient entre ses mains un irêlre d’Attis, envoyé à Home par son dieu ou j)ar lacunrérie qu’il()réside, pour aller as>islei’aux nocesrpi E ! a ; , ’-al)al il célébrer entre la pierre noire d’Emèse {)'>.’, /) et la Coelesi _8 de Carthage. Dans la pomiie des fêles, il vit défiler la lierre ( ».ov) aux saillies luisantes : le « saint pasteur aux , Tands yeux dont le rdgard.alleint partout », c’est Attis ; es « écritures sincères », les caractères ma^’iques de son iilte : les « confrères » partout rencontrés, les adeptes du

dieu ; « Pistis « qui conduisait le voyageur devient « Nestis », une divinité sicilienne qu’on naturalise en Asie Mineure et identifie à Derceto, pour jtouvoir substituer au ((poisson de source, très grand, très Jiur, péché par une vierge sainte » les poissons sacrés d’Atargatis, que seules les prétresses avaient le droit de pécher.

Tout s’explique trop bien, pour qu’on ne distingue pas un peu partout le tour de main sollicitant habilement faits et textes. Mais cette exégèse avait du moins l’avantage de discréditer un texte embarrassant ; on ne lui fut pas sévère. Do.MASZEWsKi, HEPi’uiNG(.4^<ts, 1903, p. 81-85, 188, S. Rei-NACH (il s’est depuis rétracté, Orpheus, p. 30) se déclarèrent convaincus, pendantque d autres critiques, plus indépendants ou plus sincères, comme F. Cumont, protestaient avec énergie contre l’audace de semblables manipulations.

Une thèse qui a résisté à de pareils assauts a fait ses preuves. Aussi bien, les attaques de la critique n’ont-elles lait que consolider la thèse du christianisme de l’inscription d Abercius. L’apologétique peut donc en toute conliance mettre en œuvre ce précieux monument. Nous aurons à le citer ailleurs comme un témoin de la discipline eucharistique et de la prière pour les morts, ici il sutht de noter les traits caractéristiques de l’unité de l’Eglise : ce ne sont ni les moins importants ni les moins appuyés. Abercius fait allusion à l’Eglise universelle, partout répandae, unie dans une même foi et participant aux mêmes rites sacrés. Pour venir après la Didaché, l’épilre de Clément de Rome, les lettres d’Ignace d’.Antioche et de Polycarpe, le Pasteur d’Hermas, ce témoignage ne perd rien de sa valeui- : c’est un anneaunlans la chaîne de la tradition, un anneau d’or. Cette Eglise qu’Aberciiis a trouvée identique à elle-même, de Phrygie en Syrie et de Xisibe à Rome, est un grand corps vivant dont la tête est à Roaie. Clément, Ignace, Polycarpe. Hégésippe, Denys de Corinthe témoignent que Rome, dans l’Eglise, est le centre nécessaire d’unité. Abercius rend hommage, à sa manière, il la primauté d’honneur et de droits de Rome : à 72 ans, il se rappelle que le saint pasteur l’a envoyé à Rome contempler cette « majesté souvei-aine et voir une reine aux vêtements d’or et aux chaussures d’or ». Sous cette périphrase chatoyante, le théologien qui comprend reconnaît la thèse catholique qu’affirme le voyage ad iimina, si l’on ose dire, de cet évéque phrygien, e’., sous le luxe d’épithètes où se complaît l’admiration du vieil asiatii|ue, il retrouve « rEg ; lise digne de Dieu, digne de gloire et d’éloge, digne du nom de bienheureuse et d’immaculée et présidant à l’universelle assemblée de la charité » qui avait, 70 ou 80 ans plus tiU. excite le lyrisme d’un autre oriental émerveillé, Ignace d’Antioche.

BiBLioGR. — Il suffira de renvojer à cinq articles, où l’on trouvera toutes les indications nécessaires et le résumé des controverses engagées autour de ce texte fameux. Cf. lie^ue des Questions hisluiujues, t. XXXIV, 1883. p. i-33(Dlciiesxe) ; Etudes, t. LXXI, 189- ; , p. 433-46i (L. DE Gr.axdmaison) ; lies’ue du clergé français, t. XII, iSy ; (Lejay) ; /^ict. d’Arch. clirét., s. V..41erc(f<A-(LEC.LERc ; Q) ; liùm. Quartalschrift,

1909, p. 87-112 (F. X. DŒLGEU).

d) Luttes et di’isions. — A son Eglise. J.-C. avait prédit la persécution (.1//., xxiv, 9 ; Jo., xvi, 2) ; Paul avait prémuni les fidèles contre le scandale de déchirures plus douloureuses (I Cor., xi, 19). La prédiction du Sauveur s’est réalisée, comme aussi la loi morale énoncée par l’apôtre : l’Eglise a été persécutée, les hérésies se sont efforcées de déchirer sa rolte sans couture. Persécutions et hérésies ont laissé des traces dans les inscriptions.

« ) Là même où elles ne rappellent lesou’eiiir d’aucun

martyr, lescalacombes témoignent déjà éloqueniment des j)erscculions qui conlraignaiiut l’Eglise à se cacher. Mais les souvenirs plus posilil’s sont extrêmement noiubreux : les inscriptions de l’Orient et de l’Occident rappellent la mémoire des martyrs et le culte dont ils étaient l’objet. Etienne le jirotoiuarlyr, Sergios, Léoutios, Racchos. Tliéodoros eurent des dévols dans tout l’Orient, et l’Occiilenl ne les ignora point ; mais nulle pari, si l’on exce15teRome, le nombre