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EPIGRAPHIE

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celui qui représente le mieux le Parisien laissé à lui-même.

Quant aux milieux pauvres, si tristement considérable qu’j' soit encore le chiffre des funérailles purement civiles, il est intéressant d’observer que ce chiffre a diminué fortement depuis une vingtaine d’années.

Remèdes à employer. — Quels moyens jn-endre pour remédier à ce lléau des enterrements civils qui, pourtant, va grandissant, au témoignage h-récusable des statistiques ? Quels moyens proposer pour faciliter aux faibles, aux indécis, à ceux qui sont travaillés par tant d’influences sectaires, le libre exercice de lem-culte, jusqu’à la tombe inclusivement ?

Les principaux mojens nous paraissent être : i° des associations entre les ouvriers d’une même paroisse, qui assureraient à leurs membres, moyennant une légère cotisation, des funérailles convenables. Il faudrait éviter que, dans les milieux pauvres, le choix des funérailles religieuses fût débattu comme une question d’argent. — 2° La multiplication, de plus en plus grande, des chapelles de secours. Déjà, en 1856, Mgr Sibour, dans un mandement, déclarait qu’un remaniement et une augmentation des paroisses étaient nécessaires. Quelques années plus tard, Mgr Darboy écrivait que les deux principales raisons de l’indifférence religievise des quartiers excentriques étaient l’extension démesurée des paroisses et la difficulté d’atteindre la pojiulation flottante, ceux que, depuis, on a appelé les « déracinés ». Une quinzaine de chapelles de secours ont été créées dans notre immense capitale ; autant sont en projet, et déjà cet apostolat, plus direct, du clergé parisien, a donné des résultats précieux pour les masses populaires, moins antireligieuses, dans l’ensemble, que moralement abandonnées. Elles n’approuvent pas, elles subissent la déchristianisation qu’on leur impose, et, dès que le système fonctionne moins brutalement, le ressort religieux qui demeure au fond de l’àme populaire les ramène vers les pratiques traditionnelles.

— Signalons, enfin, d’un mot seulement, S*^ le retour à l’éducation chrétienne et 4° le retoiu- à une meilleure législation.

II. Législation. — Pendant les quatre-vingts premières années du xix’siècle, toutes les questions relatives aux cimetières, aux sépultures, à la police des lieux d’inhumation, aux pompes funèbres, furent régies par le décret du 28 prairial an XII (12 juin iSo’)). Quelques dispositions de ce décret faisaient déjà passer entre les mains du pouvoir civil certains services qui relevaient jusque-là des fabriques paroissiales.

La loi du 14 novembre 1881 apporta à ce décret une modification importante. Elle en abrogea l’article 12 qui réservait aux adhérents de chaque confession un cimetière ou une section séparée du cimetière communal. Il n’5' am-a plus de k terre sainte » bénite par l’évêque, où les catholiques groupaient fraternellement leurs défunts ; ils seront ensevelis désormais, au gré des circonstances, côte à côte avec des libres penseurs ou des protestants.

Une nouvcUe loi « sur l’organisation municipale, du 5 avril 1884, réservait à la police municipale le soin de s’occuper du mode de transport des personnes décédées, des inhumations et exhumations, du maintien du bon ordre et de la décence dans les cimetières, sans qu’il soit permis d’établir des distinctions ou des prescriptions particulières à raison des croyances ou du cuUe du défunt ou des circonstances qui ont accompagné sa mort » (art. 9-).

Le 15 novembre 1887, fut promulguée une loi « sur la liberté des funérailles ».

Le 27 avril 1889. un décret « portant règlement d’administration publique, déterminant les conditions applicables aux divers modes de sépulture « , autorisa la mise en usage des appareils crématoires qui auraient été agréés par le préfet et le conseil d’hygiène.

Enfin, le 24 décembre 1904, le Parlement votait la loi « portant abrogation des lois conférant aux fabriques des églises et aux consistoires le monopole des inhumations » ; et, chins la crainte qu’un nouveau monopole ne se reformât dans l’avenir, décidait que

« les fabriques, consistoires et autres établissements

religieux ne peuvent devenir entrepreneurs du service extérieur » (art. 2).

La sécularisation est donc totale ; par une série de mesures qui s’échelonnent pendant les vingt-cinq dernières années, l’Etat a fait table rase de tous les privilèges, de toutes les prérogatives, de toutes les coutumes antérieures. Cette rapide dépossession mérite dètre qualifiée, en bon français « l’un des aspects de la déchristianisation de la société tout entière ».

Bibliographie. — Abbé L. Raffin, La carte religieuse de Paris, statistique des enterrements religieux et cii’ils à Paris de 1883 à 1908, par quartiers, par classes. Extrait de la Réforme sociale, Paris, Lecoffre. — Voir aussi l’article consacré à ce travail par M. L. Roure, Etudes, 20 janvier 1907, sovis ce titre : Le Paris religieux.

Fénelon Gibox.


EPIGRAPHIE. — I. Les inscriptions chrétiennes. — II. L Apologétique des Inscriptions : a) le Nouveau Testament ; — b) l’Eglise.

On peut évaluer à 100.000 le nombre des inscriptions grecques païennes actuellement connues ; les textes latins non chrétiens sont au moins deux fois plus nombreux, et les fouilles, les voyages accroissent tous les jours ces immenses séries. De cette masse de documents, qui ne représentent cependant qu’une bien faible partie de tout ce qui a été gravé sm’pierre, sur marbre ou sur bronze, se dégage une connaissance de jour en jour plus détaillée de la Grèce et de Rome. L’histoire proprement dite, dont les soui’ces littéraires nous avaient conservé la trame, contrôle, à la lumière des pièces oflicielles, les données de la tradition, en précise et arrête la chronologie, corrige les erreurs des annalistes, comble leurs lacunes et redresse leurs appréciations. Plus encore que l’histoire politique, l’histoire intérieure des républiques grecques, des monarchies hellénistiques et de Rome reçoit des documents nouveaux une lumière inattendue : nous sommes initiés, avec l’abondance de détails que réclame notre exigence scientifique, au mécanisme des assemblées populaires, aux relations de peuple à peuple, de ville à ville, à l’administration des provinces ou des colonies, à la vie intime de la cité. Commerce, droit civil et public, cultes et dévotions, fêtes religieuses et civiques, idées et sentiments : autant de points encore sur lesquels les inscriptions viennent suppléer au silence de la tradition littéraire ou compléter abondamment les informations fragmentaires dont nous lui sommes redevables.

Il n’est pas exagéré d’affirmer que, de nos jours, les inscriptions ont renouvelé notre connaissance du monde antique à l’époque classique. L’histoire, tant intérieure qu’extérieure, de l’Eglise reçoit-elle des marbres autant de lumière qu’en reçoit l’histoire d’Athènes ou celle des Césars ?

A la question ainsi posée on est bien forcé de répondre négativement. Cette infériorité, toute relative^