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tence est, en effet, à Taction qui le produit, comme le terme est au chemin qui y mène. Or, le terme n’est tel que parce qu’il termine le chemin et que, par conséquent, l’un est en rapport et en proportion avec l’autre. La conclusion qui ressort immédiatement de là, c’est que l'ànie de l’animal dépendant entièrement du corps dans tout son être, arrive à l’existence dans la même dépendance du corps ; est, par conséquent, I)roduite du même coup que lui, par la même action organique : la génération.

Il en va autrement de l'àme humaine. Vous vous souvenez peut-être de cette rigoureuse parole de saint Augustin : « Ou l'àme de l’enfant procède de l'àme de son père par Aoie de fractionnement, ou elle est tirée du néant par création. » (De anima et ejiis orig., liv. I, cil. 15.) — Telles sont bien, en effet, les deux seules hypothèses plausibles que l’on peut faire ici. Car, de dire que l'àme humaine, substance spirituelle, peut sortir d’une semence corporelle par voie de génération, c’est impossible : la disproportion serait trop évidente entre la cause et l’effet. Et, par ailleurs, prétendre que l'àme est une parcelle ou une émanation de la divinité, serait une absurdité et un sacrilège « omnino sacrilegium «. (Ibid.) Mais l'àme de l’enfant, simple et spirituelle, ne saurait procéder de celle de son père par voie de fractionnement : on ne fractionne point ce qui est simple. Reste donc que l'àme humaine est œuvre toute de main divine et n’arrive à l’existence que par création.

L'àme humaine est immortelle. Nous avons prouvé, plus haut, en effet, que, dès lors qu’elle est spirituelle et possède des facultés spirituelles, elle peut et doit exister, agir, garder la conscience d’elle-même, et toujours, même au cas où son conjoint, le corps, viendrait à succomber et à se dissoudre.

L'àme de l’animal n'étant pas spirituelle et dépendant immédiatement et directement du corps, en tout ce qu’elle est et en tout ce qu’elle fait, ne saurait lui survivre et succombe avec lui.

Si donc l’on demande quelle différence existe entre l'àme de l’homme et celle de la bête, nous avons la réponse trouvée. Nous dirons :

L'àme de l’homme pense, l'àme de l’animal ne pense pas.

L'àme de l’homme est spirituelle, celle de la brute ne l’est pas.

L'àme humaine est créée, celle de la bête est engendrée.

L'àme humaine est immortelle, l'àme de l’animal est mortelle.

Voilà ce qu’enseignent sur l'àme de la bête, comparée à celle de l’homme, les docteurs chrétiens : saint Augustin, saint Thomas, saint Bonaventure, Albert le Grand. On peut voir, par ce qui a été dit, que nulle doctrine ne saurait être plus conforme tout ensemble aux faits et aux principes.

Fr. M.-Tn. Cocoxxiiin, O. P.


AMULETTE. — En latin amidetum. Morborinn lemedid, 'eneficiurum amaletn, lit-on dans Pline (H, N., XXIX, 4, 19.) Et encore : lieligiosum id gestamen amoliendis periculis arbilrantur, ils pensent que c’est une amulette excellente pour écarter les périls (H. N., XXXII, 2, II.)

L’amulette est un petit objet que l’on porte sur soi et auquel on attribue la vertu secrète, immanente et inconsciente, de préserver des maladies, des accidents, des maléfices, ou de procurer chance et bonheur en ménage, au jeu, en affaires, en voyage, à la guerre, à la chasse, etc. Il y en a de toutes les formes et pour tous les cas. Le mot gri-gri, emprunté aux langues de la Côte occidentale d’Afrique, a le même sens.

— Le talisman (de l’ar. telsam, figure magique) est plutôt un objet marqué de signes cabalistiques et destiné à exercer une action déterminée sur les choses ou les événements pour en changer la nature ou le cours : on ne le porte pas nécessairement siu- soi. — Le fétiche est autre chose : il est conscient, et tire sa force de lui-même par suite de l’esprit qui est censé l’habiter ou y exei-cer son action. — L’usage de l’amulette paraît avoir été général dans l’humanité. On en trouve des traces dans les tombeaux préhistoriques, dans les civilisations antiques de la Chaldée, de la Phénicie, de l’Egypte, de la Grèce, de Rome, parmi les populations dites fétichistes de l’Afrique, de l’Océanie, de l’Amérique, etc., même chez les peuples modernes les plus civilisés et dans les milieux les plus dégagés de toute influence religieuse, non seulement en Arabie et dans le inonde musulman, dans l’Inde, en Chine et au Japon, mais à Paris, à >faples, à Berlin, à Londres, à New-York, etc., où l’on fabrique de véritables amulettes ou « porte-bonheur ». En ce moment, par exemple, le trèfle à quatre feuilles, le fer à cheval et la statuette « Argine » sont particulièrement en faveur… Une pratique aussi générale paraît venir du désir qu’on a d'éviter le mal et d'être heureux, et s’appuyer sur l’idée, juste au fond mais erronée dans son application, qu’il y a dans la nature des vertus secrètes inhérentes à certains produits et à certains objets, et qu’on peut les faire servir à ses intérêts.

L’Eglise catholique a toujours défendu aux fidèles, comme superstitieux, l’usage des amulettes et des talismans. Le concile d’Elvire (305) s'élève même contre la trop grande extension des représentations et des images religieuses : Ae qiiod colitiir et adoratur in parletibiis depingatur. Un décret de Laodicée (iv* s.) menace de destitution tout clerc qui fabrique des phylactères. Un concile de Rome, sous Grégoire IL les condamne solennellement. Malgré cette réprobation constante, on n’a pas manqué de faire à l’Eglise et aux catholiques le reproche de rétablir les amulettes dans l’usage des médailles, des croix, des Agnus Dei, des divers objets bénits. C’est une pure confusion. La vertu de l’objet bénit, en effet, ne vient ni de lui-même ni d’une autorité mystérieuse et impuissante, comme dans l’amulette, mais de Dieu seul. Dieu seul a le pouvoir d’attacher telle grâce qu’il lui plaît à tel signe sensible qui lui est présenté. En lui demandant de le faire, par l’invocation du nom de Jésus, par le signe de la croix, par diverses prières, l’Eglise, agissant par l’autorité qu’elle tient de son Fondateur, place d’abord cet objet dans la catégorie des choses sacrées, et montre que la vertu ou l’effet qu’on en peut espérer doit être uniquement attendu de la puissance divine. Le signe sensible n’est ici, pour l’homme, qu’un moyen de se reporter à Dieu. En nous le proposant, l’Eglise catholique satisfait au besoin instinctif de notre nature, tout en respectant l’ordi’e et la vérité.

A. Le Roy, évêque d’Alinda.


ANGE. — Sous ce nom, qui signifie littéralement r/nove, la Bible et la tradition chrétienne désignent des esprits qui sont les messagers de Dieu.

I. Doctrine chrétienne sur les anges- — Les anges sont de purs esprits, c’est-à-dire des êtres qui sont tout intelligence et tout volonté, sans coordination et sans union normale à des corps, matériels ou éthérés. Ils ont été créés pai" Dieu en même temps, selon toute probabilité, que les éléments du inonde physique, et sont divisés en plusieurs ordres dont les