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ENFA^XE (CRIMINALITÉ DE L’)

13’des mineurs âgés de moins de seize ans, de ig en 1836, était de 20 dans la période quadriennale de 1871 à 1870 ; le chilTre total s’élevait à 78 en 1896, à 120 en 1900. — Pour les mineurs de seize à vingt et un ans, la moyenne, de 128 en 1836, était de 168 dans la période quadriennale de 187 1 à 1876 ; le nombre total s’élevait à 52g en 18gG (rapport du garde des sceaux pour l’année 18g8) ; il atteignait 781 en igoo. Les chilTres des suicides d’enfants et d’adolescents ont donc quadruplé et quintuplé en soixante-quatre ans. — Nous relevons, entre 1876 et 1896, la gradation suivante de suicides de mineurs âgés de moins de seize ans pour les années 1886, 1887, 188g et 1890 : 62, 68, 77 et 80.

Les graphiques suivants mettent en relief la progression des suicides de mineurs.

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des mine’jrs âgés de mo’ms de 16 ans.

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SUICIDES des mineurs de 16 à 21 ans.

Jamais les criuies commis par les jeunes gens, presque par les enfants, ne Curent aussi nombreux, aussi atroces. Le dernier rapport sur l’administration de la justice criminelle, pendant l’année 1907, constate que, sur 3./100 accusés traduits devant les cours d’assises, 708 étaient des mineurs, dont 2’| avaient moins de quinze ans : donc plus du cinquième des criminels étaient âgés de moins de vingt et un ans. l’cnir les délits comme pour les crimes, le maximum de criminalité seplacede dix-huit à vingt ans. Le fait de l’augmentation, et d’une augmentation efTroyal)le, de la criniinalitéjuvénileestiloncal)solument indiscutable.

Le c<)nq)le général de rvdministration de la justice criminelle pour 1907 vient de paraître. Le garde des sceaux a, d’un trait de plume, rayé de sa statistique une année de minorité, la vingtième. De cette façon, il accuse une diminution sensible de la criminalité juvénile, et, du même coup, il rend impossible

toute comparaison sérieuse avec les relevés antérieurs.

III. Causes d’augmentation de la criminalité. — Multiples sont les causes d’avigmentation de la criminalité de l’enfance. Qu’elles soient individuelles, économiques, sociales ou morales, elles peuventêlre ramenées à quatre grands facteurs sociaux :

1° La trunsfonnation des conditions d’existence de notre siècle. — Ces nouvelles conditions d’existence, précisées par M. H. Joly (L’Enfance coupable), sont : l’apparition de la grande industrie, la désertion des campagnes, l’accumulation dans les grandes villes d’une population hétérogène, coupée de ses vieilles traditions, la mobilité croissante encouragée, provoquée par les nouveaux moyens de locomotion, par la svibstitution de nouveaux centres de travail.

2" L’altération du milieu. — Pour l’enfant du peuple, c’est la famille, c est trop souvent aussi la rue, avec les licences d’une presse attisant les haines, apologiste inconsciente des criminels, avec les licences de ses feuilletons, de ses brochures, de ses chansons, de ses images, de ses réclames légères et ordui’ières, invitant aux jouissances faciles, aux plaisirs grossiers, la rue, avec les spectacles éhontés de ses cafés-concerts et de ses brasseries, avec les pratiques libres des bandes d’apaches. Au point de vue de la famille, a la recherche des enfants criminels a été faite bien des fois, et elle a toujours été concluante : elle a abouti à cette constatation que PLUS DE LA MOITIÉ des enfants traduits en justice avaient une famille désorganisée par la mort, le divorce, la désunioîi des parents ou les condamnations. » (Rapport de M. J. Jolly. Voir également L. Albaxel, Le crime dans la famille, p. 27 et suiv.)

3" La décadence de l’apprentissage, les parents reculant trop souvent devant le sacrifice momentané qu’il leur imposerait, et les patrons formant de moins en moins d’apprentis.

4° L’école à faire fréquenter, à prolonger, à compléter, à surveiller aussi dans son action sur les mœurs : l’école, que la scolarité obligatoire, que la laïcisation des écoles communales transportent sur un terrain brûlant. « L’instruction n’agit etlicacement contre le vice et contre le crime qu’autant qu’on y joint l’éducation morale, pour former la conscience de l’enfant en même temps que son intelligence. Cette éducation morale, dont tout le monde reconnaît la nécessité, l’école publique la donne-t-elle ? Nous sommes bien forcés d’avouer que non ; de sorte que les enfants du peuple, qui ne reçoivent pas de culture morale dans leur famille, en sont totalement dépourvus… La vérité, abstraction faite de toute préoccupation confessionnelle — c’est que l’éducation morale de l’enfance ne peut facilement donner de résultats que si elle est fondée sur la religion ; et il en sera ainsi, tant qu’on ne saura pas combler le vide laissé par la sui)pression de l’idée religieuse… La grande source de la criminalité juvénile, ccst, avec la diminution de l’esprit religieux, l’abaissement général des mteurs. » (llai)port de M. Jules Jolly.)

(Jue i)roduit l’école irréligieuse et amorale ? h’apaclic, mot moins barbare encore que le sujet, issu des tenq)s nouveaux, qu’il représente. C’est ce qui ressort, en délinitivc, des viinilentes déclarations, des sanglantes vérités jetées à la face de la Chambre des députés parM. Maïuice All.vhd, dcj>uté socialiste, au cours des débats parlementaires de janvier 1910 sur la neutralité scolaire.

Dans la première séance de la Chambre, du 18 janvier 1910, M. Maurice Allard disait : « Si on cherchait les causes de la criminalité, dont on parlait tant ces jours derniers, et si, au lieu de s’attacher à des causes