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EGYPTE

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cée. On ne trouve quelque trace de l’influence juive que dans la magie. Là, dans des grimoires où fourmillent les termes les plus exotiques, apparaissent des souvenirs bibliques. Un magicien parle de « Moïse devant lequel (Dieu) se manifeste sur la montagne ». Une amulette porte l’inscription / « o Sabaoth (Erman, La religion égyptienne, p. 817, 819).

Il serait pourtant exagéré de dire qu’au point de vue des idées la séparation fut aussi tranchée que le culte, et qu’il n’y eut aucune action réciproque. Dans les documents découverts à Assouan en igo^. on voit les Juifs prononcer sans scrupule le nom de Jahvé, jurer à la fois et sur le même ton par une divinité égj’ptienne et par Jahvé. D’autre part, les grands événements qui s’accomplirent sous les Ptolémées, la traduction des Saintes Ecritures qui, com mencée vers 285, dura plus de cent ans, la composition de ce livre magniûque de la Sagesse, attirèrent nécessairement sur la communauté juive d’Alexandrie l’attention du monde savant, et plus d’un païen voulut prendre connaissance de ces fameux livres qu’on disait inspirés de Dieu.

HYMNE AU soleil ; PSAUME CIV

Dans son Histoire def ; Anciens Egyptiens, Breaste » met en parallèle le psaume civ. célébrant la création, et l’hj’mne triomphal d’Aménophis IV (vers 1400 a. J.-C), il ne conclut d’ailleurs à aucun emprunt ni d’un côté ni de l’autre. (A Historrof the ancient Egyptians, London, 1908, p. 2^3.)

La ressemblance entre ces deux chants est purement accidentelle.

Splendeur du Soleil. — Hymne.

Tu te lèves brillant à l’horizon du ciel,

disque vivant et la vie recommence ; Tu brilles à l’horizon de l’Orient.

Tu remplis la terre de tes bienfaits. Tu es beau, grand, étincelant. élevé au-dessus du monde,

Tes rayons enveloppent les terres, Tu les embrasses dans ton amour,

Tu es éloigné et les rayons sont sur terre. Tues dans lesliauteurs et le jour est la trace de tes pieds.

La Xail.

Hymne.

Tu te couches à l’horizon de l’Occident,

La terre est dans les ténèbres comme dans la mort : Les hommes se couchent dans leurs demeures.

Les têtes sont couvertes, leur nez bouché,

L’œil ne voit plus le voisin. Ils prennent toutes leurs afïaires,

Elles sont sous leur tête,

Ils sont sans connaissance. Les lions sortent de leurs repaires,

Les reptiles mordent, la terre est en silence,

Leur auteur s’est couché dans son horizon.

Le Le^’er. — Hymne.

La terre s’illumine, tu te lèves à l’horizon,

Ton disque brille et ramène le jour. Il chasse les ténèbres, tu répands tes rayons,

Les deux pays (Egypte) sont en fête. Les hommes s’éveillent, ils sont sur pied.

Tu les excites, ils lavent leurs membres. Ils prennent leur habit, ils saluent ton lever,

La terre entière est à son travail.

Les Eaux. — LLymne.

Les barques voguent au Nord et au Sud également, Toute voie est ouverte à Ion apparition,

Les poissons dans le courant dansent devant toi. Tes rayons f)énètrent la grande mer.

Psaume cia’, i-4.

Jéhovah, mon Dieu, tu es infiniment grand,

Tu es revêtu de majesté et de splendeur !

Il s’enveloppe de lumière comme d’un manteau.

Il déploie les cieux comme une tente,

Dan- les eaux du ciel il bâtit sa demeure,

Des nuées il fait son char.

Il s’avance sur les ailes du vent,

Des vents il fait ses messagers.

Des flammes de feu ses serviteurs.

Psaume civ, 20-21.

Il a fait la lune pour marquer les temps

Et le soleil qui connaît l’heure de son coucher,

Il amène les ténèbres et il est nuit ;

Aussitôt se mettent en mouvement toutes les bêtes de la

Les lionceaux rugissent après la proie [forêt.

Et demandent à Dieu leur nourriture.

Psaume civ, 22-23.

Le solei) se lève, ils se retirent, Et se couchent dans leurs tanières. L’homme sort alors pour sa tâche Et pour son travail jusqu’au soir.

Psaume civ, 2.5-26.

Voici la mer, large et vaste :

Là fourmillent sans nombre

Les animaux petits et grands ;

Là se promènent les navires

Et le léviathan que tu as fait pour se jouer dans les flots.

3. Rapports avec le Christianisme. — Il est certain que le Christianisme se répandit en Egypte dès le » 1" siècle, et qu’au m’la majorité de la population égyptienne était chrétienne : il est certain aussi qu’au V* siècle encore les païens étaient assez nomljreux dans la Aallée du Nil, et que le culte d’Isis subsista dans le temple de Philæ jusqu’au vi^ siècle.

Cette conquête de l’Evangile se lit-elle sans aucune réaction de la pai’t du paganisme ancien ? N’y eut-il aucun compromis entre les deux religions, aucune inliltration païenne dans la nouvelle foi et le nouveau culte ? Pour ce qui est de la foi elle-même, on peut l’affirmer sans aucune hésitation. L’Evangile fut reçu partout comme la vraie lumière de l’esprit, le libérateur des âmes, il fut reçu dans son intégrité, et aucun élément étranger n’en vint ternir la pureté. C’est si vrai que les nouveaux chrétiens, pour posséder plus siirement la doctrine apostolique, adoptèrent les

mots mêmes qui exprimaient en grec les principaux dogmes, alors qu’ils avaient des termes équivalents dans leur langue nationale. C’est absolument sans aucune preuve qu’on a accusé les chrétiens d’Egypte de n’avoir pris du christianisme que la surface et d’être restés païens au fond de l’àme. Pendant la persécution de Dioclétien, leur sang a coulé à flots pour la foi ; on ne meurt pas en témoignage de ce qu’on ne croit pas.

Quant à certains détails de culte, à certaines pratiques par elles-mêmes indifférentes, on ne saurait affirmer qu’en passant au christianisme les nouveaux convertis n’en aient point apporté. N’en fut-il pas ainsi partout, à Antioche comme à Eplièse, à Corinthe comme à Rome ? Ces pratiques, telles que la célébration de certaines fêtes, la manière d’ensevelir les morts, étaient des usages anciens profondément ancrés dans les mœurs, on ne pouvait les supprimer