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prestige au PLaraon, on imagina une tliéogonie consistant dans l’union d’Amon avec la reine pour donner naissance au souvcrain. Amon entrait ainsi dans la vie de la société et prenait une part considérable dans la direction des affaires humaines.

Le culte de ce dieu subit une sérieuse éclipse sous le règne du Pharaon Aménophis IV, de la xviii’dynastie. Pour des raisons uniquement politiques, en particulier pour se soustraire à l’influence des prêtres d’Amon et établir une j)lus grande unité dans toute l’Egypte, ce roi entreprit une immense réforme religieuse : il décida la snjipression pure et simple de l’ancien culte et la création d’un culte noineau qui aurait pour objet unique le disque solaire. Plus (Vennéade, ni de triade, il n’y aura qu"un seul dieu, le soleil. Le puissant monarque ne s’en tint pas aux paroles, il mit la main à l’œuvre. Il lit marteler le nom d’Amon sur tous les monuments publics, changea son nom personnel d’Aménophis (offrande d’Amon) en celui de Khouniaton (génie du soleil), (t, pour être plus sur de réussir, il transféra la capitale de Thèbes à l’endroit appelé aujourd’hui Tell-el-Amarna. Ce n’était qu’une bourrasque. Les Egyptiens restaient attachés aux dieux de leurs pères. A la mort d’Aménophis IV, une puissante réaction ramena la cour à Thèbes et rétablit le culte d’Amon.

Parmi les autres dieux, il faut encore citer Horus d’Edfou, dieu solaire dont l’emblème est le disque ailé représentant l’astre au moment où, vainqueur de ses ennemis, il s’élance dans les airs ; À/iHowm d’Eléphantine, que les gens du pays, dont la grande industrie était la poterie, aimaient à se figurer sous les traits d’un potier moulant le monde et les hommes sur son tour. Dans un inscription grecque, datée du règne de Claude, Khnoum (appelé alors Khnoub) est identifié à Amon, le dieu suprême de Thèbes. (^Revue Bihlique, 1908, p. 264.)

Les déesses principales sont, outre celles qui ont déjà été nommées, Hatlior, ?ieith, Bastit, Sochmit, Maât. Hathor n’est au fond qu’une autre forme de Nout, déesse du ciel, forme plus connue et plus populaire, qui éleva cette déesse au premier rang parmi ses comparses et en fit la représentante divine des femmes. Son emblème à l’origine était Tinc vache qu’on dessinait soutenue par Shou, constellée comme le firmament et portant la barque solaire. Ilathor était aussi l’oeil de Rà et la déesse de l’Ouest, debout sur la montagne escarpée de l’Occident où elle rece-Aait le soleil à son coucher.

Neith est la plus grande déesse de la Basse-Egypte, elle était honorée surtout à Sais. D’après une de ses statues, qui est au Vatican, elle est k la mère qui enfante le soleil et qui enfanta la première avant qu’il n’y eût d’enfantement ». L’arc et les flèches tp.i’elle lient en main lui donnent un caractère guerrier.

Bastit et Sochmit sont fréquempjent associées ; la X>remière, avec sa tête de chatte, le sistre en main, un panier au l>ras. préside à la danse, à la musique, aux jeux ; la seconde, la puissante, avec sa tête de lionne surmontée du disque, se plaît dans les combats et les guerres. Enfin Maàt n’est autre chose que la déification de la vérité et de la justice.

3. Idées des Egyptiens sur la nature des dieux. — Pas de zoohitrie pure. — Longtemps on n’a su des Egyptiens que ce qu’en racontaient les auteurs grecs ; volontiers on faisait d’eux de grands adorateurs d’animaux. Ils élevaient avec grand soin, pensait-on, des crocodiles, des cynocéphales, des chats, et ils leur rendaient tous les liomniages de la divinité. Il faut ici distinguer les temps. A la dernière époque, c’est-à-dire à partir du vu siècle, il y

eut en effet un certain culte des animaux, et nous eîi dirons un mot plus loin ; mais on ne voit rien de pareil aux époques précédentes, dans les plus beaux jours de l’Egypte, dans les plus amples manifestations de l’esprit religieux. On ne peut signaler que le culte du ])œuf Jpis à Memphis et d’un autre taureau appelé jMriéi’is à Héliopolis ; ces animaux n’étaient d’ailleurs honorés qu’à cause des relations intimes qu’on leur attribuait avec une divinité invisible distincte d’eux-mêmes.

Cependant, à toutes les époques, on trouve, dans le panthéon égyptien, des animaux, des dieux à tête d’animaux, ce qui choquait particulièrement le sens esthétique des Grecs. Thoth a une tête d’ibis, Amon une tête de bélier, Horus une tête de faucon, Khnoum une tête de bélier, Anubis, le dieu introducteur des morts, une tête de chacal, Sobk, le dieu des eaux, le dieu d’Ombos et surtout du Fayoum, une tête de crocodile ; la plupart des déesses ont une tête de lionne.

Quelle était la raison de cet affreux hybridisme ? Les égyptologues n’en donnent pas tous la même explication. Voici la plus vraisemblable. A l’origine, chacune des tribus errantes qui vinrent s’établir dans la vallée du Xil, avait sa religion et son culte, le culte d’un animal spécial dont on portait l’image sur une perche ; c était l’enseigne, le signe de ralliement de toute la tribu. En outre chacune de ses tribus avait son dieu. Il y avait la tribu du faucon, qui adorait Horus, la tribu de l’ibis, c]ui adorait Thoth, la tribu du bélier, qui adorait Amon. Quels rapports reliaient l’animal au dieu, et comment les deux en vinrent-ils à s’amalgamer et à ne former qu’un seul tout ? Ce n’est pas clair. Probablement, lorsque les tribus se furent fixées et eurent construit des villes, lorsque, unifiées et incorporées dans un seul royaume, sous un seul chef, elles construisirent des temples et voulurent représenter leur dieu sous une forme sensible, elles choisirent.comme emblème l’animal plus ou moins sacré qui les avait guidées dans leur marche. C’était à la fois conserver sa religion et un semblant d’indépendance politique. L’animal, cessant d’être signe de ralliement, devint un signe religieux. Le faucon descendit de sa perche, où il ne servait plus à rien, et sa tête fut installée sur les épaules d’Horus. Le dieu ainsi bâti résumait en lui toute la vie du clan. On conserva d’autant plus volontiers aux dieux ces traits personnels que c’était pratiquement le seul moyen possible de les distinguer.

Polythéisme. — Jusqu’à quel degré les Egyptiens se sont-ils élevés dans la connaissance de la divinité’? Notons d’abord que durant une si longue période, plus de quatre mille ans, les idées ont dû nécessairement changer, se modifier, évoluer, qu’elles n’étaient pas invariablement les mêmes pour les plusieurs millions d’hommes qui peuplaient la vallée du Nil. Il est bien évident que prise dans son ensemble, à toutes les époques connues, la religion égyptienne est un pur polythéisme, qu’elle a même une tendance très marqiu’^e à l’idolâtrie, je veux dire, à s’arrêter aux éléments matériels, aux phénomènes sensibles. La pluralité des dieux est un fait, elle est partout, sur tous les monuments, dans tous les textes, elle couvre la surface de l’Egypte, elle s’étale dans tous les temples et sur tous les tableaux. Le peuple la professe et les prêtres l’enseignent ouvertement. On ne trouverait pas une expression qui la blâme, la rejette, la condamne, qui affirme clairement l’obligation de croire en un seul dieu, qui donne le moindre encouragement, le moindre éloge à ceux qui y croient, qui énonce la plus légère désapprobation de ceux qui proclament la pku-alité. Le polythéisme a