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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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(moralement unanime) des évoques unis au Pape. Le magistère infaillible n’est pas seulement représenté, clans l’Eglise catholique romaine, par l’Eiùscopat (réuni ou dispersé), mais encore par le Pontii’e romain, lorsqu’il détinit ex Cathedra. Donc l’unité de c.oj’ance doctrinale est eflîcacement procurée, de morne que l’unité dans la discipline et le culte. Il existe des organes, réellement et actuellement existants, pour définir la foi et pour trancher les nouvelles controverses théologiques par des sentences doctrinales dont la vérité s’impose, d’une manière absolue, à l’adhésion intime de tous les croyants. L’Eglise catholique romaine possède donc excellemment la’( note » d’unité.

La catholicité n’y est pas nîoins manifeste. L’Eglise catholique romaine n’est l’Eglise d’aucune province, d’aucune nation, d’aucune race, d’aucune civilisation particulière. Elle existe et elle prospère chez les peuples latins, chez les peuples germaniques, chez les peuples anglo-saxons, chez les peuples slaves et orientaux ; elle se répand petit à petit chez les peuples jaunes du continent asiatique, chez les peuplades africaines et océaniennes : avec un succès bien supérieur en extension et en solidité à l’importance des ressources matérielles et autres moyens humains de propagande. Cette Eglise, répandue à travers le monde entier, c’est partout, la même société i’isihle, comme l’exige le concept même de catholicité. Bien plus, c’est la même société visible, avec suboz-dination de tous à la même juridiction spirituelle et au même magistère enseignant, comme nous l’avons remarqué à propos de l unité : or cela augmente étrangement les ditlicultés au maintien d’une diffusion universelle. Pour l’Eglise dont le centre est à Rome, le développement des connaissances géographiques et des moyens de transport à travers le monde, a été constamment l’occasion de plus larges progrès et de nouvelles conquêtes. Bref, selon le titre qui la désigne normalement, elle est l’Eglise catholique, l’Eglise de k toutes les nations ».

Donc, par application comparatii-e destroi^u noies » d’apostolicité, unité, catholicité, il faut conclure non moins fermement après application comparative de la « note » de sainteté, que l’Eglise catholique romaine est l’unique et véritable Eglise du Christ, à l’exclusion de toutes les Eglises protestantes et de toutes les Eglises orientales,

E. Applications. Valeur absolue

Laissons de côté toute comparaison entre l’Eglise catholique romaine et les autres communions chrétiennes, toute comparaison même entre l’Eglise catholique romaine et les volontés ou institutions du Christ, connues par les textes historiques.

Considérons uniquement ce fait des quatre propriétés visibles que nous avons constatées dans l’Eglise catholique romaine et que nous avons nommées les quatre <( notes » de l’Eglise.

Sainteté : transcendance morale par les vertus supérieures et les vertus héroiVpies s’épanouissant dans l’Eglise en vertu des principes ([u’elle i)rofesse. Apostolicité : continuité iniiiterronq)ue d’une succession hiérarchifpie, dont l’origine remonte aux apôtres. Unité : subordination de tous les fidèles à une même juridiction spirituelle, imposant aux volontés ce qu’il faut faire en pratiqiie, et à un même magistère doctrinal, imposant aux intelligences ce qu"il faut admettre pour vrai. Catholicité. diffusion relativement et moralement universelle de la même société visible, si étroitement une, à travers tous les peuples, toutes les races, toutes les ci ilisations.

Un pareil fait, une telle résultante, ne constitucrat-elle pas (et à bien des points de vue) quelque chose

qui dépasse manifestement les forces morales de la nature humaine, et qui accuse l’intervention extraordinaire de Dieu lui-même ?

Tant de vertus supérieiu’es ou héroïques, produites avec tant de continuité, tant de fécondité, alors que la nature humaine est si facilement portée à l’amourpropre, à la sensualité, aux vices cjui en résultent ; — une continuité aussi durable et persistante, à travers les siècles, alors que les sociétés humaines subissent des bouleversements si radicaux, des transformations si profondes ; — une autorité gouvernante et enseignante qui détermine constamment l’unité la plus intime de conduite et de croyance parmi les âmes, alors que la nature humaine est si facilement portée à la révolte, à l’indépendance de l’action et surtout de la pensée ; — une difïusion aussi large et puissante à travers le monde entier, malgré la rigueur de l’unité qu’il faut maintenir, et cela en vertu même d’une force toute morale et spirituelle, alors que la division et le morcellement sont la loi des sociétés humaines, dès que la force ne garantit plus leur cohésion, — vraiment n’y a-t-il pas là un prodige déconcertant, un multiple miracle moral, dont la transcendance et la bienfaisance nous obligent à reconnaître, — dans la loyauté de notre conscience, — que le doigt df. Dieu est la ?

Même si j’ignore l’histoire évangélique et, par conséquent, le message et les institutions de Jésus-Christ, je jîuis, en étudiant de près le fait actuel et grandiose qu’est l’Eglise catholique romaine, conclure avec légitime certitude que cette Eglise est œuvre divine, organe de vérité divine.

Alors, j’écoulerai ce que l’Eglise m’enseignera au nom de Dieu ; et j’apprendrai de sa propre bouche ce que j’ignorais encore sur la personne, l’œuvre et la doctrine de son fondateur, le Christ Jésus. L’Eglise, reconnue d’abord pour messagère authentique de Dieu, m’attestera la vérilé de l’Evangile lui-même.

Tel est l’argument apologétique, le signe de crédibilité, que nous propose le Concile du Vatican au troisième chapitre de la Constitution Dei Filius. [Denzinger-Banwart, n" i’ ; g4 (16’|2).|

« A la seule Eglise catholique, en effet, appartiennent

toutes les marques, si nombreuses et si admirables, qui ont été divinement prépai-ées pour assurer l’évidente crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, l’Eglise, pai- elle-même, — à cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté, ainsi que de son inépuisable fécondité en toutes sortes de bienfaits, à cause de son unité calliolique et de son invincible.stabilité, — l’Eglise, par elle-même, est un grand, un perpétuel niolif de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa propre légation divine. »

Eximiam sanctitateni et inexhaustani in omnibus bonis fæcunditatem, c’est précisément cela même que nous avons étudié à propos de la « note » de sainteté.

Invictam stabilitatem, c’est i)récisénient cela même que nous avons étudié, sous un autre aspect, à propos de la continuité successorale, qui constitue la

« note » d’apostolicité.

Catholicani unitatem^ c’est précisément cela même que nous avons étudié à propos de la juridiction et du magistère, qui fondent la « note » d’unité.

Enfin ndmirabilem propagationem, c’est précisément cela même que nous a ons étudié, d’un aulre point de vue, à propos de la merveilleuse dilTusion dans le monde entier, qui constitue la « noie » de catholicité.

L’application des « notes » de l’Eglise, considérées en valeur absolue, nous auu-ne aux mêmes conclusions que rapi)lication des mêmes « notes >> considérées en A aleiu" comparatiAC : l’Eglise catholique romaine est l’organe authentique et irréfragable de la vérité divine. C’est d’elle seule qu’il faut recueillir les enseignements de la vie éternelle.