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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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destinées à secourir les misères corporelles et surtout spirituelles : mieux que tout le reste, ce sont de pareilles œuvres dont l’extension manifesterait la fécondité surnaturelle de la véritable Eglise.

Réellement, cette fécondité surnaturelle, cette richesse de vertus héroïques et supérieures, manque aux Eglises orientales. Impossible d’y reconnaître la sainteté des membres, dans le sens même où la sainteté constituerait une « note », im signe distinctif, de la véritable Eglise.

(v) L’Eglise catholique romaine. — L’Eglise catholique romaine possède évidemment la sainteté des principes. Tout, dans ses doctrines, excite et encourage au zèle et au sacriûce, aux œuvres surérogatoires, aux vertus supérieures et même héroïques : doctrine de la justification, non pas au moyen de la foi seule, mais de la foi qui opère par la charité ; doctrine du mérite surnaturel ; doctrine de la communion des saints ; doctrine du purgatoire et des suffrages poiu’les morts. Qu’on y joigne le culte des saints, avec les exemples que le culte nous propose. Qu’on y joigne l’institution canonique des ordres religieux d’hommes et de femmes, organisant la pratique des conseils de l’Evangile, par la contemi>lation, la pénitence, la charité corporelle et spirituelle.

L’Eglise catholique romaine possède, non moins évidemment, la sainteté des membres. A toutes les époques, même aux plus critiques de son histoire, elle a compté, en certain nombre, des hommes et des femmes qui ont glorifié Dieu par des s’ertus héroïques. C’est un fait notoire, contrôlé notamment grâce aux procès de canonisation et de béatihcalion, où une enquête rigoureuse, méthodique, est toujours consacrée à Yhéroïcité des vertus. Notons combien riche, combien admirable est la galerie des saints et des saintes du catholicisme, depuis le siècle où les protestants ont rompu avec l’Eglise romaine sous prétexte de « réforme » et de retour à l’Evangile du Christ.

Quant aux yertus supérieures, inspirées par les conseils évangéliques, on peut dire qu’elles se manifestent, dans le catholicisme, avec ime sorte de profusion. Que l’on observe la prospérité de nombreux instituts d’hommes et de femmes qui se consacrent à la vie contemiîlative et ascétique : la rigueur en est si grande que, pour une collectivité aussi notable, pareille existence, menée jusqu’à la mort, est un prodige de vertu qui surpasse les forces morales de la nature humaine (par exemple, la vie religieuse des Carmélites, des Clai’isses, des ïrappistines). Que l’on observe également les nombreux instituts dhommes et de femmes qui se consacrent à l’assistance des pauvres et des malades, à l’éducation de l’enfance et de la jeunesse, aux diverses formes de l’apostolat, notamment aux missions lointaines : le tout dans les conditions de renoncement total que comportent les vœux de religion. Et entîn que l’on y joigne tant de personnes laïques et séculières qui mènent dans le monde une vie sainte, austère, apostolique, et particijjent activement aux œuvres religieuses de zèle et de charité, que multiplie partout le dévouement catholique et dont la fécondité bienfaisante est hors de proportion avec les moyens humains de succès.

Alors, on reconnaîtra la transcendance morale (vertu héroïque chez un certain nombre, vertu sui>érieure chez un grand nombre) existant d’une manière continue dans l’Eglise catholique romaine, au nom même des principes que cette Eglise professe. Le signe divin de la sainteté deviendra donc manifeste aux yeux de l’observateur loyal (mis en face de l’état réel des choses). Non poiest abscondi ci’itas supra montent posita.

Donc, par application comparative de la « note »

de sainteté, on est amené à conclure fermement que l’Eglise catholique romaine est l’unique et véritable Eglise du Christ.

b) Comparaison au triple point de vue de l’apostolicité, de l’unité, de la catholicité.

En premier lieu, les Eglises protestantes non épiscopaliennes ne possèdent pas ombre d’apostolicité, ni d’unité, ni de catholicité. En second lieu, les Eglises protestantes épiscopaliennes ne possèdent qu’une apparence de succession matériellement continue depuis les apôtres ; et elles sont dépourvues tant de l’unité que de la catholicité. En troisième lieu, les Eglises orientales, qui possèdent la succession matériellement continue depuis les apôtres, ne possèdent pas de juridiction légitimement transmise ; ce dont témoigne l’absence d’unité et de catholicité. Enlîn, l’Eglise catholique romaine, et elle seule, possède à la fois l’apostolicité, l’unité, la catholicité, au sens même où ces propriétés constituent des « notes » de la véritable Eglise du Christ.

(a) Les Eglises protestantes non épiscopaliennes. — Non seulement les Eglises protestantes ne possèdent pas la succession apostolique dans le gouvernement spirituel, mais elles ne prétendent même pas la posséder. Selon leur doctrine, il n’y a pas — il ne doit pas y avoir — de succession apostolique, et Jésus-Christ n’a constitué aucune hiérarchie perpétuelle pour gouverner et enseigner l’Eglise. (Voir, plus liant, col. 1224et 1 220.) L’autorité des chefs religieux, dans les Eglises protestantes non épiscopaliennes, n’est aucunement considérée comme un héritage du pouvoir pastoral des apôtres (héritage transmis par voie de légitime succession). L’autorité des chefs religieux n’est donc pas considérée comme une autorité de droit divin positif et surnaturel ; mais bien comme une autorité de droit humain^ avec fondement dans le droit divin naturel, exactement de même que l’autorité des gouvernements civils. Tel est le sens manifeste et avoué de la suppression de Vépiscopat dans toutes les Eglises protestantes où pareille suppression a eu lieu. Inutile, par conséquent, d’insister davantage sur l’absence de la « note » d’apostolicité dans les Eglises protestantes non épiscopaliennes.

D’ailleurs, l’alisence de la « note » d’unité n’est pas moins indubitable. L’autorité des prédicateurs de l’Evangile et des administrateurs de la communauté, dans les Eglises protestantes non épiscopaliennes. ne peut guère èlre api)elée une juridictio ?i spirituelle, ni surtout un magistère enseignant. Le principe fondamental et distinctif de la Réforme protestante : suppression de tout intermédiaire obligatoire entre la conscience et Dieu, souveraineté du jugement privé, du libre examen de chaque ûdèle en face de la Bible, ce principe apparaît comme absolument exclusif d’une véritable juridiction spirituelle et surtout d’un véritable magistère enseignant. Donc : les Eglises prolestantes non épiscopaliennes sont dépourvues nécessairement de cette subordination de tous leurs membres à une même juridiction spirituelle, qui assurerait l’unité dans le culte et la discipline, et à un même magistère enseignant, qui assurerait l’unité dans les croj’anccs doctrinales. Bref, les Eglises en question (grâce à leur protestantisme) n’ont pas, ne peuvent pas avoir, ne prétendent pas avoir la « note » de l’unité visible.

Enfin, les Eglises protestantes épiscopaliennes sont pareillement dépourvues de la « note « de catholicité. Si l’on examine à part chaque communauté, chaque secte, on observe toujours qu’elle est nationale, ou régionale, ou même plus restreinte encore. Si l’on examine toutes les communautés, toutes les sectes réunies, on observe qu’elles ne forment pas une même société visible, répandue à travers le