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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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et dans toute l’Eglise. Mais la subordination à un même magistère enseignant, qui soit reconnu pour définir authentiquement la doctrine chrétienne, c’est là une chose visible et vérifiable, un signe extérieur et apparent.

Voilà pourquoi c’est dans la subordination de tous les fidèles à une même juridiction spirituelle et à un même magistère enseignant, que nous plaçons le concept distinctif de Vunité, — au sens où l’unité est rangée parmi les « notes » de l’Eglise.

(j) Pourquoi est-elle une « note » de V Eglise ? — Parce qu’elle est une propriété essentielle à la véritable Eglise du Christ, et parce qu’elle est une propriété visible.

Sur son caractère visible et apparent, inutile d’insister. Nul doute n’est possible.

Le caractère essentiel de cette propriété résulte de la volonté même de Jésus-Christ, telle que l’Evangile la fait historiquement connaître. Puisque le Sauveur donnait à son règne, ici-bas, un caravière essentiellement collectif et social et que, pour y pourvoir, il soumettait la communauté entière de ses fidèles à une hiérarchie permanente, constituée do droit divin positif, devant se continuer par voie de succession perpétuelle, avec mission gouvernante et enseignante, il en résulte que la subordination de tous les fidèles aune même juridiction spirituelle et à un même magistère enseignant sera une propriété indispensable, essentielle à la vcrilable Eglise du Christ. Faute d’être soumise à une autorité commune, qui représente et perpétue le collège apostolique, l’Eglise du Christ ne serait pkis l’Eglise du Christ, ne serait plus telle que le Christ Ta essentiellement constituée, telle que le Christ a garanti qu’elle demeurerait jusqu’à la consommation des siècles. (Voir plus haut, col. 1225-1230 et 1236-12/46.)

Nous ne prétendons pas faire de l’unité visible une « note » positive et qui soit démonstrative à elle seule. On pourra concevoir telle communion chrétienne qui soit subordonnée à une même juridiction spirituelle et à un même magistère enseignant, et qui néanmoins ne soit pas la véritable Eglise du Christ, qui soit, au contraire, séparée de la véritable Eglise du Clirist.

Mais l’unité visible est, par elle-même, une « note > n-égative, permettant d’exclure avec certitude toute communion chrétienne, qui ne serait pas subordonnée à une juridiction spirituelle et à un magistère enseignant dont l’autorité régirait tous ses fidèles : car une semblable Eglise chrétienne serait dépourvue d’une propriété indispensable, essentielle à l’Eglise authentique de Jésus-Christ.

e) I.a Catholicité

(k) Qu’est-ce que la catholicité ? — La catholicité, en tant que « note » de l’Eglise, peut se définir dans les termes suivants : Diffusion relativement et moralement universelle de la même société visible à travers les nations.

Le concept de catholicité est identique à celui d’universalité. Mais il faut déterminer de quelle catholicité ou universalité nous entendons parler.

Il s’agit, en premier lieu, d’une catholicité extérieure, et non pas seulement intérieure : puisque nous considérons la diffusion universelle d’une société visible.

Il s’agit, en second lieu, d’une catholicité actuelle, c’est-à-dire présentement existante, et non pas seulement vtV/ « e//f>, c’est-à-dire résultant de l’Ap/z/Mt/e et de la destination de cette même société visible : nous considérons, en effet, la chrétienté répandue à travers les nations, depuis l’essor de l’Evangile du Christ.

Il s’agit, en troisième lieu, d’une catholicité re/rt/iVe et non pas absolue : c’est-à-dire qui s’étende à un grand nombre d’hommes sur la terre, mais non pas à tous les hommes du monde entier.

Il s’agit, en dernier lieu, d’une catholicité morale et non pas physique. c’est-à-dire qui s’étende à un grand nombre de régions de la terre, mais non pas à toutes les régions du monde entier.

Relative et morale, cette diffusion de la véritable Eglise sera providentiellement subordonnée aux connaissances géographiques, aux moyens de pénétration et de transports, à certaines destinées historiques des peuples qui, les premiers, ont reçu la Bonne Nouvelle. Il va sans dire que nous devrons établir que, vraiment, Jésus-Christ n’a voulu pour son Eglise qu’une catholicité morale et relative, non pas physique et absolue : car les « notes » de l’Eglise doivent être déterminées d’après les intentions du SauA eur, historiquement connues par l’Evangile.

On remarquera que le concept de catholicité enveloppe un certain concept d’unité : puisqu’il s’agit de la diffusion universelle de la même société visible. Toutefois cette unité extérieure n’est pas nécessairement identique à la’< note » spéciale d’unité, dont nous avons parlé plus haut. En effet, il peut y avoir une réelle unité extérievire, permettant de reconnaître, en divers endroits, la même société visible, sans qu’il y ait, comme dans la « note » d’unité, subordination proprement dite à une nièine juridiction spirituelle et surtout à un même magistère enseignant. Les deux « notes » d’unité visible et de catholicité visible demeiu-ent donc bien distinctes (et séparables) l’une de l’autre.

(î) Pourquoi est-elle une « note » de l’Eglise ? — Parce que la catholicité, au moins relative et morale, est une propriété essentielle à la véritable Eglise du Christ, et une propriété visible.

Propriété visible, la chose est assez claire, puisque nous parlons de catholicité extérieure, actuelle, consistant dans la diffusion d’une même société visible k travers les nations.

Propriété essentielle, non moins que visible. En effet, tandis que la Loi ancienne et mosaïque se rapportait essentiellement à un seul peuple élu, gardien privilégié des promesses divines, la Loi nouvelle et chrétienne se rapporte essentiellement à tous les hoiumes, à tous les peuples de la terre, sans nulle distinction de Juif et de Gentil, de Grec et de Barbfire, d’homme libre et d’esclave. Lorsque la majorité du peuple d’Israël se retranche elle-même, et par sa faute, du règne messianique, ce sont les autres races et les autres nations qui héritent de sa prérogative, jusqu’au jour où, à l’approche du jugement dernier, le peuple juifiendra enfin se joindre à elles, pour rendre pareillement hommage à l’Evangile du Christ. (Cf. Matth., viii, 10-12 ; xxi, /Ji-45 ; xxii, ii 4 ; xxvni, 19 ; et passages parallèles. — Cf. également Luc, XXI, 24 ; Act., xiii, 4’^-48 ; xviii, 5-io ; xix, 8-10 ; XXII, 17-21 ; xxiii, n ; xxviii, 23-31 ; liom., xi, 1-36 ; Ephes., iii, 1-21 ; Col., i, 26, 27 ; iii, 1 1.)

L’œuvre du Christ sur cette terre, l’Eglise du Christ, est donc essentiellement universelle, catholique. Elle nevérifiei-ait plus son concept distinctif et caractéristique ; elle ne bénéficierait plus de l’action divine qui doit elïicacement opérer en elle jusqu’à la consommation des siècles, si elle demeurait l’Eglise d’une province, ou d’une nation, ou d’une race, ou d’une civilisation particulière, et non pas l’Eglise de toutes les nations. Bref, l’Eglise du Christ requiert une dilfusion, au moins relativement et moralement, universelle.

Pourquoi « relalivement et moralement » ? La démonstration que nous venons d’indiquer n’aurait-