Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/642

Cette page n’a pas encore été corrigée

1267

ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

1268

— Donc : il résulte de tous ces témoignages que l’état de choses décrit par saint Irénée à la lin du II’siècle ne datait pas d’une évolution récente, mais avait constamment existé pendant la p’?'r/oc ?e « subapostolique )’. L’Eglise qu’ont connue Clkment de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe, Hégésippe, Denys de Gorinthe, Abehkios et leurs contemporains, possédait le double caractère de la hiérarchie et de la catholicité.

E. Conclusion : le fait catholique

a) Dés-eloppement hiérarchique. — Le fait réel qui peut donner quelque vraisemblance à la théorie des protestants et des rationalistes, est que, sans aucun doute, la chrétienté primitive a connu un développement hiérarchique.

Au début, les fidèles sont, relativement, peu nombreux. Leur ferveur est enthousiaste. Miracles et charismes accusent une intervention directe et fréquente de l’Esprit-Saint, pour favoriser l’établissement et la diffusion de l’Eglise. En de telles circonstances, manifestement extraordinaires et ti-ansitoires, l’exercice de l’autorité extérieure est moins nécessaire, moins continu ; l’organisation hiérarchique apparaît avec moins de relief.

Peu à peu, les fidèles et les chrétientés se multiplient. La ferveur et l’enthousiasme diminuent. Miracles et charismes deviennent chose rare, exceptionnelle. L’action divine cesse, habituellement, de se manifester d’une manière apparente et sensible. Les périls extérieurs et intérieurs entourent l’Eglise, mêlée désormais aux conditions ordinaires du monde et de la vie. En de telles circonstances, l’exercice de l’autorité extérieiu-e devient plus nécessaire, plus continu ; l’organisation hiérarchique apparaît avec plus de relief. Bientôt même, elle multipliera, perfectionnera, diversifiera ses rouages secondaires. Voilà le développement hiérarchique.

Du reste, on constatera un phénomène analogue dans l’histoire de tous les grands Ordres religieux du christianisme. Les bénédictions privilégiées, les circonstances exceptionnelles du premier âge donnent une plus grande part à Vêlement spirituel et inspiré. Dans la suite, apparaît davantage l’élément social et juridique. L’organisation delà hiérarchie passe alors de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte. Mais c’est toujours la croissance des mêmes organes essentiels et distinctifs.

b) Continuité hiérarchique. — Nos adversaires admettent l’existence de l’Eglise hiérarchique à la in du II" siècle.

Or, les textes historiques nous ont manifesté la même organisation hiérarchique, la même unification catholique durant toute la période « subapostolique ». Et ce ne sont pas des faits survenus au cours de cette même période (crise gnostique, crise montaniste ) qui ont fait naître la hiérarchie ou unifié la catholicité : car, au nombre des témoignages les plus significatifs, on compte ceux de Clément de Rome et d’Ignace d’Anlioclie, ant(=rieurs l’un et l’autre à la crise gnostique comme à la crise montaniste.

Pour l’époque du ministère universel des apôtres, nous avons eu pareillement à constater l’existence d’une autorité religieuse, passible de délégation et de succession perpétuelles ; autorité du collège apostolique avec primauté de Pierre ; autorité qui garantit l’unité sociale et visible de l’Eglise universeÛe.

Enfin, dès l’époque où la chrétienté se trouve encore confinée à Jérusalem et en Palestine, les textes prouvent le caractère organique et hiérarchique de l’Eglise, en même temps que son autonomie par rapport au judaïsme.

Et nous rejoignons, de la sorte, l’œuvre même de Jésus-Christ ; la société visible et hiérai-chique, régie par l’autorité perpétuellement transmissible de Pieri’e, du collège apostolique, pour constituer en ce monde le « royaume de Dieu « sous son aspect extérieur et social ; pour procurer le « royaume de Dieu » sous son aspect intérieur et spirituel ; pour préparer le

« royaume de Dieu » sous son aspect eschatologique

et céleste.

L’Eglise catholique et hiérarchique apparaît donc constamment dans l’histoire, depuis Victor et Irénée, depuis Clément et Ignace, depuis Pierre et Paul, depuis Jésus-Christ en personne. Il y a eu, sans doute, développement hiérarchique, mais avec identité des organes essentiels, avec continuité hiérarchique.

Bref, il n’y a pas eu d’âge « précatholique ». Dans la chaîne d or dont parle Auguste Sabatier, chaîne d’or qui rattache la hiérarchie de l’Eglise aux apôtres et au Christ, les premiers anneaux ne sont pas un mythe. Les premiers anneaux sont bien réels et en or authentique.


III. — Signes actuels d’identité de la VÉRITABLE EgLISE

Division de la MATIÈRE

A. Sens de la question des « notes ».

B. Le critère protestant.

C. Sainteté, apostolicité, unité, catholicité.

D. Applications. Valeur comparative.

E. Applications. Valeur absolue.

A. Sens de la question des « notes »

a) Origine du problème. —

S’il n’existait au monde qu’une seule communion religieuse à revendiquer le titre d’Eglise de Jésus-Christ, le problème des « signes actuels d’identité de la véritable Eglise » ne se poserait même pas. Aucun chrétien ne pourrait se méprendre sur la société visible, actuellement existante, qui serait dépositaire authentique et perpétuelle des pouvoirs institués par le Christ.

Malheureusement, il n’en est pas ainsi. La division de la chrétienté est un fait accompli depuis bien des siècles. On distingue, dans le monde chrétien, une multitude d’Eglises et de sectes, indépendantes et rivales les unes des autres. C’est, d’une part, l’Eglise catholique romaine, et, d’autre part, le groupe des Eglises orientales et le groupe des Eglises protestantes. Parmi les Eglises orientales, on compte la grande communion g^éco-slave, et les Eglises arménienne, jacobite, nestorienne, copte, éthiopienne. Parmi les Eglises nées delà Réformation protestante, on compte l’Eglise établie d’Angleterre avec la communion épiscopalienne et anglicane, l’Eglise évangélique de Prusse, les Eglises luthériennes des pays Scandinaves, les Eglises calvinistes de Suisse, de France et de Hollande, l’Eglise presbytérienne d’Ecosse, les Eglises baptistes, méthodistes et autres sectes innombrables des pays anglo-saxons.

Comment reconnaître, parmi tant de groupes religieux, l’unique et véritable Eglise, pourvue de la hiérarchie perpétuelle à qui Jésus-Christ confia la mission de le représenter en ce monde et de continuer son œuvre ? — Il faut donc chercher quels signes d’identité permettent de discerner, entre toutes, l’Eglise authentic ]uement constituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. D’où le problème des « notes » de l’Eglise.

b) Qu’est-ce qu’une « note » de l’Eglise ? — Sous le nom de « note » de l’Eglise, on comprend : un signe extérieur, qui permette de discerner légitimement la véritable Eglise du Christ, en tant que telle.