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jualériel. Du reste un corps est composé de parties et dépendant de ses parties, l’acte pur exclut pareille composition et dépendance ; en lui il ne peut y avoir , quelque chose de plus parfait (le tout) et quelque chose de moins parfait (les parties), parce qu’il est pur acte, il est pure perfection (I », q. 3, a. i et 2. — Physique, 1. Yll, leç. 28).

li" H est intelligent, nous le savons non seulement a posteriori (parce qii’il meut les intelligences) (1", (j.’^g, a. 4)) mais a priori, parce qxie l’immatérialité est la raison d’où dérive l’intelligilnlité et l’intelligence (1= », q. 14, a- 1) ; ^^t attribut sera d’ailleurs expressément prouvé par la 5 preuve (col. 1078).

5° // est portait f présent, parce qu’il atteint pour les mouvoir tous les êtres, esprits ou corps, qui ne se meuvent que par lui. « Operatiir inomni opérante. » ([a, q. 8, a. I, et If, q. io5, a. 5.) « Oinnia opcra nosira operatus es in nobis, Domine. » Isaïe, xxvi.

C // est éternel, car il a par soi dès toujours Tètre (l l’action sans aucime nmtation. Son action n’a pas ]>our mesure le temps, puisqu’il n’a rien de successif, c’est seulement l’effet de cette action qui est peut-être dans le temps, parce que seul cet effet peut être successif. Il n’y a pas là de contradiction : supérieure au temps, cette action éternelle crée le temps comme une modalité de ses effets (col. 1008 et I », q. 10. a. 2).’y" Il est unique, parce que l’acte pur ne peut être multiplié, tout ce qui introduirait une différenciation dans l’acte i)ur pour faire deux ou plusieurs actes jmrs imposerait une limite à la perfection de l’acte ]iur et le détruirait. Au reste, un second acte pur ne pourrait rien de plus que le premier et serait superllu ; quoi de plus absurde qu’un Dieu superflu ? (l^.q- 1 1, a. 3.) Cet attribut sera dailleurs plus expressément établi, comme celui de l’inlinie perfection, jjar la 4e preuve. Sur cette déduction des attributs du Premier moteur, A’oir le XII des Métaphysiques, c. 6, 7, 9. 10.

40 Preuve par les causes efficientes. — Cette jireuve prend pour point de dépari, non plus le (’ci’enir, mais Vêlre qui est au terme du devenir et demeui’e après lui. La distinction très nette du fieri et de l’esse est donnée par S. Thomas, I », q. io4, a. i : i’truni rreaturæ indigeant ut a Deo cojtserventur in rssp. Voir aussi, I », q.io4, a. 2 : « Utrum Deus immédiate omnem creaturam conservet. » C’est le vrai commentaire de cette preuve.

Certains agents sont causes du devenir de leur effet, mais non pas directement de l’être de cet effet, ainsi le père est cause de la génération passive du fils, mais il peut mourir et le li ! s continuer à exister. D’autres agents sont causes à la fois du devenir et de l’être de leur effet et ne peuvent cesser leur action sans que cet effet cesse d’être. La génération d’un animal dépend, non seulement du père de l’animal, mais d’une foule de conditions et d’influences cosmiques qui sont nécessaires aussi à sa conservation. Il suflit de rappeler, par exemple, les effets de la ])rcssion atmosphérique siu* l’organisme. Il se produit une gêne extrême qiumd cette pression vient à diminuer ou à augmenter notablement, parce qu’il n’y a plus équilibre entre la force élastique des gaz intérieurs et la pression extéineure. Si l’on suppriiviait complètement cette pression, les parois de l’organisme céderaient sur l’action des gaz intérieurs. De même supprimez la chaleur solaire, l’animal le plus vigoiM’Cux ne vivra pas une seconde ; « supprimez l’activité chimique de l’air qu’il respire ou de l’aliment qu’il absorbe, il périt aussitôt ; de sorte que cette existence, qui semble au premier regard indépendante, dépend au contraire actuellement, dans chacun de ses instants, d’influences innombrables ». Sertil-LANGES, Les Sources de la croyance en Dieu, p. 70.

Tel est le point de départ de cette seconde preuve ; non plus’( Certum est et sensu constat aliqua moveri in hoc mundo », mais : « Insenimus in istis sensihilibus esse ordinem causarum efficientium.nE’s.. : toutes les influences cosmiques subordonnées nécessaires à la production et à la conservation d’un simple moucheron. Mais ces causes, dit S. Thomas, ne peuvent à lenr tour être causes d’elles-mêmes, car pour causer il faut être, non est possibile quod aliquid sit causa efficiens sui ipsius, quia sic esset prias seipso, quod est impossibile. Si donc les causes susdites n’existent pas par soi, leur existence dépend de causes supérieures, de même ces dernières. Mais on ne peut aller à l’infini, il faut une première cause non causée, cjui ait l’être par soi et jjiiisse le donner et le conserver aux autres, sans quoi aucune des existences que nous avons conslatées ne subsisterait. « Prenez à part chacune des influences cosmicjues nécessaires à la conservation d’un animal, vous trouverez qu’elle est elle-même le résultat d’une série de causes ordonnées connues ou inconnues, mais dont l’existence est certaine, et cette série vous jiermetlra de remonter d’anneau en anneau, non pas dans le passé, mais dans le présent même, jusqu’à une source ju-emière de toute activité, sans laquelle ni l’animal dont nous parlons, ni les opérations de sa vie, ni aucune des causes qui les conditionnent, ne sauraient subsister. » Sertillanges, ibid.

Quelle est la valeur de celle lueuve ? Le point de départ n’en est pas moins certain que celui de la précédente : il 3’a des existences permanentes et dépendantes, comme il y a du devenir. Les deux principes qui permettent de s’élever de ce fait à une cause première sont à jieu près les mêmes que ceux qui conduisent au premier moteur : i » « Tout ce qui esl causé est causé jiar un autre, rien ne peut être cause de soi, car pour causer il faut être. » 2° On ne peut remonter à l’infini dans la série des causes essentiellement et actuellement subordonnées. > Cette preuve, aussi bien que la précédente et les suivantes, fait abstraction de féternité ou de la non-éternité du monde. Les difficultés qu’on pourrait soulever ne diffèrent pas de celles examinées à propos du premier moteur. Si cette argumentation suppose un morcelage, ce n’est pas le morcelage utilitaire du continu sensible, mais le morcelage absolument nécessaire de l’être intelligible (col. ()86, 991, jo35).

Nous sommes ainsi conduits à la source de Vêlre, aune cause ef/iciente suprême qui n’a pasbesoind’ètre causée, ni conservée. Elle doit donc s’identilier avec le premier moteur, source du devenir ; comme lui et a fortiori, elle agit par soi, elle est son activité même, elle est par soi. En prenant un point de départ dans Tordre sensible, il a sufli de le considérer au point de vue universel de Vétre commun aux corps et aux esprits, pour s’élever à une cause qui va apparaître non seulement comme la cause première productrice et conservatrice des corps, mais aussi comme la cause de tout ce qui n’existe pas par soi, de tout ce qui n’est pas son activité, mais passe de la puissance à l’acte. En effet la cause non causée doit être : i" acte pur : aussi bien au point de vue de l’être que de l’opération, elle n’a jamais été réduite de la puissance à l’acte, elle est pur acte (I^, q. 3, a. 4)- De ce qu’ellc est être par soi, nous verrons par la 4* preuve qu’elle est l’Être même, car cela seul est être par soi qui esl à l’être comme A est A. — 2" Elle esl une, immatérielle, intelligente comme le premier moteur et pour les mêmes raisons, ce qui apparaîtra jjIus clairement d’ailleurs par les preuves suivantes. — 3" Elle est partout présente, puisqu’elle doit atteindre tous les êtres non seulement pour les mouvoir, mais pour les conserver dans Iclrc (1 », q. 8, a. 1 ; q. io4, a. 1). —