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ALEXANDRE VI

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de M. Lucbaire dans la Bibl. de la Foc. des Lettres de Paris, fasc. xxiv. 1908). — Guillaume de Puylaurens. Ilistoria Albigensitim (Hist. de Fr., t. XIX et XX). — Chanson de la croisade contre les Albigeois (éd. Paul Meyer. Soc. de l’IIist. de France, 2 in-8°, 1877-1879). — Innocent III. Epistolæ (éd. de Baluze, 1682 ; de Migne, P. /… t. CCXIV-CCXYII). — IlonoriusIII. Epistolæ (Hist. de Fr., t. XIX). A.Molinier, Catalogue des Actes de Simon et d Amauri de Montfort (Bibl. de l’Ecole des Chartes, t. XXXIV, 1878). — Mgr Douais, Documents pour sers-ir à l’Histoire de l’Inquisition dans le Languedoc. 2 in-80, Soc. de lllist. de Fr., 1900.

II. — Travaux. D. Yaissète. Histoire de Languedoc, nouv, éd., t. iii, YI, YII. — Ch. Sehniidt, histoire et doctrine de la secte des Cathares, Paris, 18^9, 2 in-8*^. — DoUinger, Beitrage zur Sektengeschichte des Mittelalters, Munich, 1890, 2 in-8°. — Abbé Douais, Les Albigeois et leurs origines, Paris, 1878, in-8". — Cb. Molinier, L Inquisition dans le midi de la France au xiii' et au xiv' siècle, Paris, 1880, in-S"^. — Du même, In traité inédit du -s.iu' siècle contre les cathares (dans les Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux, 5* année, n" 2). — Du même, L Eglise et la Société cathares (dans Bévue Historique, juillet, sept., nov. 1907). — J. Guiraud, La morale des Albigeois, L.e Consolamentum ou Initiation cathare (d ?ins> Questions d I/istoire, in-8°, 1909). — A. Lucbaire. Innocent II/. La croisade des Albigeois, Paris, 1905, in-16. — Tb. de Cauzons, Les Albigeois et l Inquisition, Paris, 1907 (collex ?tion Science et Beligion).


ALEXANDRE VI, Pape de 1^924 1503. —I. Les mœxirs du Pape. — Le nom d’Alexandre YI est un de ceux qu’on objecte avec le plus de violence aux apologistes qui vantent la sainteté de l’Eglise. Les faits ne sont que trop certains ; comme cardinal d’abord, comme Pape ensuite, Rodrigue Borgia vécut mal ; et tous les essais de rcbabilitation tentés depuis quelques années ont lamentablement éclioué. (Cf. Oluvieh. Ale.randre VI et les Borgia. Paris, 1869. — Leoxetti, Papa Alessandro TV, Bologne, 1880 — et les appréciations de M. II. de l’Epinois, sur ces essais de rébabilitation : Bévue des Ouest, hist., 1er avril 1881.)

Rodrigue Borgia nacjuit à Xativa, près de Yalence, en i^30 ou i^31 ; son oncle Galixte III, pape de 1455 à 1^58, le lit venir à Rome et le combla de bénéfices ecclésiasti(iues ; jamais le népotisme n’eut de suites plus funestes. Cardinal en iij56, vice-cbancelier de l’Eglise romaine, évècpic de Yalence, Porto, Cartbagène, Rodrigue ne cessa, jusqu'à son accession au trône pontilical, d’augmenter sa fortune et son luxe. La première trace qu’on ait du désordre de ses mœurs se trome dans une lettre du pape Pie II qui, le Il juin 1460, lui rejirocbait tl’avoir pris part à des divertissements indécents (Raynald, Annales 1400, n"^ 31). Ycrs 1^70 il commence à entretenir des relations coupables avec une femme mariée. Yanozza de Catan'^i ; il en eut quatre enfants, Juan, César, Lucrèce et Jofré ; on lui connaît encore deux autres enfants, nés probablement d’une autre femme. Pedro Luis et Girolama. (GHKc ; oRovifs, Lucrèce Jiorgia, t. I, p. 38 s<j.) Tenu à l'écart sous Pie II (14.^8-i 464). il acquit une grande inlluence sous Paul IL Sixte lY et Innocent YIII, grâce à ses <pialilcs de di|iloinate et d’administrateur, à sa générosité pour les artistes et les buiuanistes, à ses avantages extérieurs toujours fort appréciés des Italiens, à l’agrément de son conmierce. Il n’avait pu obtenir la tiare au conclave qui suivit la mort de Sixte lY (1484) ; il fut plus

bcureux après la mort d’Innocent YIII (1492) ; il aclieta ouvertement les votes d’un certain nombre de Cardinaux et fut élu Pape par quinze suffrages contre cinq. (Pastor, Histoire, t. I, p. 367 sq.)

Fait qui montre à quel avilissement la conscience publique était alors descendue, l’avènement du nouveau Pape, dont l’immoralité était connue, fut salué avec joie ; on comptait sur ses talents d’administrateur pour rétablir l’ordre dans les Etats pontificaux.

Parvenu au souverain pontificat, Rodrigue Borgia ne cbangea rien à sa triste vie. Il entretint des relations coupables, avec Julie Farnèse d’abord, et probablement avec d’autres personnes ; on connaît au moins un bâtard du Pape, Juan Borgia. (Gregorovius, Lucrèce Borgia, t. I, p. 126, 131, 351. — Pastor, Histoire, t. YI, p. 98.) Les enfants d’Alexandre YI, reconnus par lui. ivaient autour de lui, et il ne songeait qu'à leur procurer les plus brillants établissements. C’est ainsi qve Lucrèce épousa successivement Jean Sforza ; puis, après la scandaleuse rupture de ce mariage i)ar son père, le duc de Bisceglia, assassiné en 1506 par son l » eau-frère César ; enfin, en 1501, Alphonse d’Esté, duc de Ferrare. (Grecjorovius, Lucrèce Borgia, t. I, p. 202, 271, 379 sq.) César, ayant renoncé à la pourpre romaine en 1498, fut aussitôt créé par Louis XII duc de Yalentinois, et obtint la main de Charlotte d’Albret, sœur du roi de Xa’varre. Des fêtes d’une indécence inouïe se donnaient au Yatican devant le Pape, ses enfants et sa cour. (Pastor, Histoire, t. YI, p. loi.) Enfin Alexandre YI ne fit rien pour réprimer les meurtres et les concussions de son fils César ; et lorsque celui-ci, un des premiers condottieri de l'éiioque, eut, à force d’habileté, de fourberies et de violences, reconcpiis laRomagne sur les petits seigneurs qui s’y étaient rendus à peu près indépendants, son père détacha pour lui de l’Etal pontilical cette province, qui devait constituer un duché héréditaire. (Pastor, Histoire, t. AI, p. 1 1 1 sq.)

Une seule velléité de repentir apparaît dans la honteuse vie d’Alexandre YI : son fils aîné, Juan, duc de Gandie, ayant été assassiné dans la nuit du 14 au 15 juin 1497> le Pape, Ijouleversé par ce malheur, annonça en consistoire son intention de se réformer lui-même et de travailler à la réforme de l’Eglise. L’influence déploral)le prise par César sur son père empêcha les effets de cette résolution. (Pastor, Histoire, t. Y, p. 4/9 sq.) Alexandre YI mourut, sans donner de premes de sérieux repentir, et sans réparer aucun scandale, le 18 août 1503, de la malaria ])rise dans une fête hors de Rome. (Pastor, Histoire, t. YI, p. 124 s(|.)

Comme il fallait s’y attendre, la malignité i)opulairc ajouta des calomnies aux hontes trop réelles de la vie du Pape. Si Alexandre YI poussa l’oubli des convenances jusqu'à confier à sa fille Lucrèce, pendant une de ses absences de Rome, le gouvernement du palais et le soin tles affaires courantes, rien ne prouve qu’il ait entretenu avec elle des relations coupables. (Gregorovus, Lucrèce Borgia,.., p. 318, 329 sij.) S’il eut la faiblesse de laisser imi)unis les nombreux meurtres et empoisonnements commis par son fils César, rien ne prouve que lui-même ait jamais recouru au poison pour se délivrer de ses ennemis. Ces calomnies ont leur origine dans les nombreux pamphlets (lui couraient Rome du vivant d’Alexandre YI, et dont il était le i)remicr à s’amuser. (Pastor, Histoire, t. Y, p. 384 ; t- "^'I » P- 9^, 99105, 129, iG3.)

Il y a i)lus, ce Pape indigne n’a pris aucune mesure tendant à relâcher la disciiiline de l’Eglise, et, si l’on fait abstraction du scandale causé par ses exemples, son règne ne fut pas néfaste. Il sut s’accpiitter de son rôle de gardien de la foi, et promulgua plusieurs