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CURIE ROMAINE (CARDINAUX)

(Mangenot), v>> Culte en général (art. de A. Chollet), l. III, col. 2404-242^, cf. aussi l’article Adoration : Mgr Ducliesne, Hist. ancienne de l’Eglise, t. I (Pai’is, 1906), spécialement ch. iv, p. 36 sq. et cb. XXVI, p. 624 sq. ; Semeria, Dogme, hiérarchie et culte dans V Eglise primitive, trad. de l’italien, par Tabbé Riclieruioz, in-12, Paris. Lethielleux, 1906 (ne parle que de l’eucharistie) ; Probst, Liturgie der drei ersten christl. Jahrhunderte, Tubingue, 1870, un vol. 8°.

Poiu- l’influence du judaïsme sur le culte, outre la dissertation citée, p. 889. voir aussi : De Vert, Explication des cérémonies de V Eglise. Paris, 1720, t. II, p. 896 ; H. Leclercq, Manuel d’archéol. chrét., t. I. p. io3 ; AV. O. F. Œsterley et G. H. Box, The Religion and Worship of the Synagogue, Pitman, London, 1907, 8"^, spécialement ch. xiii, xvi à xx ; Vitringa, De Synagoga vetere, Francquerae, 1696, c. IV et V des prolégomènes, et 1. III, pars. 11, c. 16, 17-19 ; Chérubin de Saint-Joseph, Bibliothecacritica sacra, t. II ; Bingham, Christian antiquities, t. V, p. 302 (qui adopte la thèse de Vitringa) ; Suringar, De publicis veterum christianorum precihus ; Lugd. Bat., 1833, in-8° ; Vigouroux, Les Synagogues du temps de J.-C, Mélanges bibliques, 1882 ; The Jewish Encyclopedia, New -York et Londres, Wagnall, 1901-1906, 12 vol., aux mots Jf’orship, Christianity Gentile. etc. ; F. E. Warren, Tlie Liturgy and Ritual of the Antenicene Church, London, 1897, surtout ch. 1, Traces ofliturgical ll’orsliip in the Old and Xew Testament, et ch. iv, The connection between the Liturgy and ritual of the Jewish and Christian Churches ; Dom Leclercq, De rei liturgicæ in srnagogis Ecclesiaque analogia, dans nos Monunienta liturgica, Paris, 1900-1902, t. I, p. XI sq.

F. Cabrol, O. s. B.


CURIE ROMAINE. — La Curie romaine, au sens premier du mot, désigne le lieu ordinaire delà résidence du Pape et de ceux qui sont à son service.

Dans un sens dérivé, cette expression indique l’ensemble des magistrats, ofliciers, congrégations, collèges ecclésiastiques, qui aident le Pape dans l’administration de l’Eglise universelle.

Dans un sens plus large, elle comprendrait même les personnes qui forment la coiu- du Pape, considéré comme prince civil, la corte di Roma (cf. Bouix, De judiciis, t. I, p. 345 sqq.).

La Curie romaine se distingue du Vicariat de la Ville, Vicariatus Urbis, qui assiste le Pape dans l’administration du diocèse de Rome, — et de la famille pontificale, qui forme comme sa maison souveraine. Elle comprend les cardinaux, les prélats et les officiers inférieurs, et comme personnes morales ou collèges, les Congrégations, les Tribunaux, les Offices, et les collèges de Protonotaires, qui secondent le Souverain Pontife dans le gouvernement de l’Eglise.

Nous parlerons ici d’abord du Sacré Collège des Cardinaux, puis des Congrégations romaines, enlin. brièvement, des Tribunaux et des Offices. Donner une idée exacte de ces divers dicastères (grec ôiy.v.7T/, f>tv., ital. dicasteri, tribunaux), c’est préparer une juste appréciation du gouvernement pontifical.

Cardinaux. — I. Origine du nom. — IL Origine et déyeloppement de l’institution cardinalice. — III. Prééminence des cardinaux lomains. — IV. Composition et organisation du Sacré Collège. — V. Ses droits et ses devoirs. — VI. Son utilité. — VIL Erreurs et objections diverses.

Les cardinaux sont, après le Souverain Pontife,

les premiers dignitaires de l’Eglise. Sans appartenir à la hiérarchie de droit divin, le cardinalat, par ses antécédents historiques, se rattache au temps des Apôtres. Tel qu’il existe aujourd’hui, il se présente à l’historien comme le résultat d’une évolution graduelle dont on peut indiquer les phases les jjlus caractéristiques.

I. EtVMOLOGIE ET SIGXIFICATIOX ORIGINELLE DU NOM.

— Le nom de crt/’c ?/Ha/esté"idemment dérivé du latin cardo. Voici comment. Piimitivement, un évéque, un prêtre, un diacre s’appelait cardinalis quand il se trouvait, par ses fonctions, attaché de façon stal)le et permanente à une église ou à un titre ecclésiastique quelconque. Ce terme était synonj’ine de cardinatus, intitutatus. Pour le titulaire, l’église ou l’établissement en question devenait son cardo. c’est-à-dire son point d’appui et d’attache, le centre et le foyer de son activité. Telle est du moins l’interprétation préférée par la plupart des canonistes et des érudits, notamment parHixscHius, Thomassix, Mura-TORi. D’autres ontvoulu, il est vrai, ne voir ici qu’une application particulière de l’adjectif cardinalis, pris dans le sens de principal. Ils allèguent surtout quelques passages des lettres de S. Grégoire I (-^-604), où cette acception serait la plus conforme au contexte. De fait, ce pape appelle l’évêque de Naples episcopum cardinalem, ne visant, semble-t-il, que sa (pialité d’archevêque ; il appelle également des évcques établis par lui en Sardaigne et ailleurs, soit cardinales sacerdotcs, soit cardinales presbyteros, et cela, apparemment, parce que l’évêque prime parmi les prêtres ; et c’est par le même qualificatif qu’il distingue l’archidiacre ou premier diacre, comme tel, lorsqu’il écrit à l’évêque Janvier (Ep. lxxxiii, P. L., t. LXXXVII, col. 536) de reléguer au dernier rang dans la catégorie des diacres un certain Liberatus, coupable d’avoir brigué trop ambitieusement le grade de « cardinal diacre ». Mais en réalité cette seconde explication ne contredit pas l’explication historique proposée ci-dessus. Elle la conhrme plutôt, en la dé^eloppant. Cai’, suivant la juste remarque de Hinschius, l’épithète de cardinalis, interprétée d’après l’ensemble des monuments, implique dans ceux à qui on la donnait, outre une situation stable et conséquemment à cette situation, une certaine importance ou prédominance dont l’idée paraît être en connexion avec l’acception générale et plus usuelle du mot. Quant à tirer, comme on l’a aussi prétendu (cf. André, Cours alphabet, de droit canon), le substantif cardinalis du verbe cardinalare employé au sens de précéder, surpasser, c’est non seulement méconnaître les règles ordinaires de la dérivation lexicologique, mais encore attribuer au verbe de basse latinité cardinalare une signification qui ne se rencontre pas dans les sources.

Des textes juridiques recueillis par Phillips, Kirchenrecht, t. VI, p. 43 suiv., il semble résulter qu’au viii^ siècle la dénomination de cardinalis ne s’appliquait qu’au clergé des églises cathédrales ou épiscopales ; mais rien ne prouve, pour les temps antérieurs, l’existence de pareille restriction à la portée étymologique de ce nom. Plus tard, la spécialisation du mot alla encore s’accentuant : peu à peu les cardinaux devinrent l’ai)anage exclusif de l’Eglise romaine, de cette Eglise qui est pour toutes les autres, pour tout le clergé et pour tous les fidèles, ainsi que l’observait déjà S. LÉON IX, le cardo et le fondement de l’unité ecclésiastique. C’est Pie V qui réserva définitivement l’honneur de cette appellation aux premiers conseillers du pape.

II. Origine et dételoppement du cardinalat. —