Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/432

Cette page n’a pas encore été corrigée

8^.7

CULTE CHRETIEN

848

nom du Père, du Fils et de l’Esprit, en durent garder une impression ineffaçable et en réaliser toute l’ellicacité.

Quatre siècles plus tai’d, on avait une longue préparation au l)aptéme. Le rite s’était entouré d’un appareil magniljque ; il avait appelé à lui tout un symbolisme éloquent, des cérémonies compliquées, la tradition du Pater, du Sjinbole, des évangiles, les exorcismes, l’insufflation, les onctions d’huile, le ciei’ge, la toge blanche.

Il en était de même pour la plupart des sacrements ; on avait senti la nécessité de les expliquer, de les détailler en quelque sorte. A la synthèse succédait l’analyse.

De leur côté, les hérésies forçaient le rite à s’affirmer en face d’elles par réaction ; les erreurs trinitaires en particulier exercèrent sur la liturgie une inlluencc considérable. (Cf. notre article Ariens, dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie.)

Les fornmles suivaient la même loi.

Pour le Baptême, pour l’Eucharistie, les paroles essentielles suffirent à l’origine, du moins autant que nous le savons. Mais qiiand la direction de la cérémonie et la parole furent données à des hommes éloquents, pleins de doctrine, avec la liberté d’improviser une prière, ils en usèrent largement. La formule essentielle fut comme enveloppée de prières, d’invocations, d’admonestations, de discours, dont quelques-uns peuvent nous paraître prolixes, dont beaucoup sont des chefs-d’œuvre, comme le Te Deum, la Préface, VExsultet et tant d’autres que l’on pourrait citer.

De là sortit une littérature fort riche, et dont l’étude est une des tâches les plus importantes du liturgiste.

Quelle est parmi ces pièces innombrables, écloses les unes à Antioche, à Jérusalem, à Alexandrie, à Edesse, d’autres à Rome, en Gaule, en Espagne, en Afrique, en Germanie, quelle est. parmi ces milliers de formules, celle qui porte un caractère païen ? Il est regrettable que Sabatier, ou Renan, ou Harnack. qui ont eu si vite fait de condamner notre liturgie, n’aient pas pris la peine de jeter même un regard sur ces livres.

D’autres causes historiques, qu’il est assez facile de délinir. ont amené soit la flxation du i-ite dans une formule et un cérémonial invariable, soit ime simpli-Gcation nécessitée par des circonstances nouvelles.

Dans tout ceci, nulle trace d’inlluences étrangères au christianisme ; l’évolution du rite obéit aux lois ordinaires de la société chrétienne.

Il est un élément que jusqu’ici nous n’avons pas fait intervenir dans la question de l’évolution du rite, c’est le magistère de l’Eglise.

Il est incontestable cependant que sur ces cjuestions, comme sur celles qui toiichaient au dogme. l’Eglise ne laissait pas à l’aventure le développement des rites. Les exemples de son intervention sont nombreux ; nous en avons cité un au sujet du culte du Saint Esprit (col. 838). Le canon du IIP Concile de Carthage, après avoir proscrit de la liturgie certaines exjjressions ajoute : Etquicumcjue sihi j.reces aliiinde describit, non eis ntalur, nisi priiis ea ctim instructioribus fratribus coniulerit. Le Concile de Milève est encore plus explicite : Plaçait enini… ut preces te/ orutiones seu missae, quæ probatæ færint in conci-Ho, si-e præfationes, sii-e comniendationes, seu manus impositiones, ab omnibus celebrentur. Nec aliæ omniiio dicantur in ecclesia, nisi quæ a prudentioribus tractatæ teZ comprobatæ in svnodo fuerunt, ne forte aliquid contra /idem, el perignorantiani vel per unius studium sit composituni. (Concil. Cnrth., Mansï, t. III, col. 884 ; Concil. Miles’it., ib., t. IV, col. 330 sq.)

Nous pourrions en citer un grand nombre d’autres exemples, mais ce sujet sortirait de notre cadre. Nous nous contenterons de renvoyer à Dom Guérax-GER, le liturgiste cjui. selon nous, a le mieux mis en relief le magistère de l’Eglise en matière de liturgie à travers les siècles. (Instit. liturgiques, 3 vol. 8°, éd. 1880, Paris, Palmé.)

Bibliographie. — Ouvrages protestants contre le culte catholique :

Middleton (Conyers), ^ Letter from Borne shon’ing an e.ract conformity betneen Poperr and Paganisni. London, 1729, in-4’^. Les éditions se succèdent en 1^33, 174’(avec des additions), 1742, 1812 (n’/7/( ndditional proofs by Publicola), 1841, (à Dublin), en 1847, en 1868, en 1869, sous ce titre : The protestant ma nu al (hy Cochrane) ; traduction française : Lettre écrite de Home montrant la conformité du Paganisme a^’ec la Papauté ; cette traduction est faite sur la 4’édition, celle de 174’. et contient le discours préliminaire et le postscriptum. Une réponse à ce pamphet : A plain Ansiver to Dr.Middleton’s Letter in nhich the gross misrepresentations contained therein are exposed… by a friend to truth, London, 1741, in-8°. Warburton, protestant lui aussi et ami de Middletox, a jugé son entreprise de trouver dans le culte catholique des emprunts au paganisme, utterly mistaken. une complète méprise. Cf. De Diyina L.egatione .Voysis, t. II, pars i, p. 355. Lesley préparait une réponse à ce pamphet, mais elle n’a jamais paru.

Nous ne donnerons ici qu’une bibliographie abrégée des autres ouvrages protestants, suffisante cependant pour montrer que le sujet n’est pas nouveau :

Meier (D.), De papatu per ethnicismum imprægnato, Francfort, 1634, in-4° ; Valkenier (L), Borna paganizans, Franecq., 1656, in-4° ; Munck (J. P.), Papismus-geniilismus, Cob., 1664, in-4° ; Jones (S.), De origine idololatriæ apud gentiles et christianos, Lugd., 1708, inT4° ; Hérold (A.), De manifesta idololairia in Bomana ecclesia, Lips., 17 12, in-4° ; Reindjold (F. M.), Patres primorum sæculorum, idololatriæ Bomanensium judices, Hamb., 1736. in-4" ; Inke, L’ebereinstimmung des Papstliunis mit dem ILeidentlium, Lips., 1738, in-8^ ; Daillé, De cultibus religionis I.atinorum, Genève, 1671 ; Starck (I. A.), De tralatitiis ex gentilismo in religionem christianam, Regiom., 1774- in-4° ; Hamberger (G. C), Bituum, quos Bomana Ecclesia a majoribus suis Gentilibus in sua sacra transtulit enarratio, Gott., 1781. in-4°. — On voit que les dissertations sur ce sujet étaient à l’ordre du jour pour les docteurs d’Outre-Rhin au xvii* et au xviii siècle. — Blumberg (C. G.), Suspiria Johannea contra superstitiones ex nomine, igné et herbis ut i’ocant Joanneis, ductas, SchneU, 1690. 111-4° ; Dreuil (A.), Du culte de S. J. B. et des images profanes qui s’y attachent, Amiens, 1846 ; Balthasar (J. IL), Iixempla superstitiosi cultus S. ^Lichælis, Gryph., 111-4" (s. d.). Mais ces dernières dissertations se rapportent à des cas particuliers, les fêtes des Saints, et il existe sur ce sujet un grand nombre d’études C{ue nous ne citerons pas.

Ouvrages des catholiques pour défendre le culte et la liturgie contre ces accusations : l’ouvrage de Marangoni, le plus complet et le plus intéressant, a pour titre : Délie cose gentilescee profane trasportate ad usoe ad ornamento délie Chiese. 1 vol. in-4°, Roma, 1744- Je signale surtout les chapitres suivants : ch. xxiii. Somma diligenzae attenzione délia Chiesa catholica nel purifîcare da ogni super-