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CRITIQUE BIBLIQUE

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EngUsh Versions, dans Dict. of ihe Bible (Hastings). Extra vol., 1904, >- 268. Le texte classique dans la grande Université d’Oxford est encore l'édilion de MiLL (1707), fondée elle-même sur l'édition de Robert EsTiENXK (1550). Ce n’est qu’en 1889 que le Rév. ^Y. Saxday l’a mise à jour par un triple appendice, que l’on imprime à part.

r) Il peut se faire, et il est arrivé en effet, que la police ecclésiastique ait parfois retardé le progrès de questions particulières, par exemple dans l’affaire de Galilée ; mais le bien général explique et juslitie, dans une bonne mesure, ces sévérités. Au xvi'" siècle, l’Inquisition a dû sévir, au risque de comprimer quelque peu, pour empêcher que la pratique du libre examen ne vint à s’introduire parmi les catholiques ; de nos jours, les erreiirs et les manœuvres déloj^ales des « modernistes » ont mis le S. Oflice et l’Index dans une nécessité semblable. Ces rigueurs sont la rançon nécessaire de la conservation du dogme ti-aditionnel. Si les Catholiques souffrent aujourd’hui, beaucoup moins que les Protestants, des excès du

« criticisme », ils le doivent aux mesures préservatrices de l’Eglise.

Du reste, l’opposition faite aux nouveautés et la répression légale de certaines tentatives novatrices ne sont pas le monopole de l’Eglise catholique. Il ne faut pas oublier que J. J. ^YETSTEI^, un des fondateurs delà critique textuelle du N. T., perdit sa place de diacre dans l'église de Bàle, i^our avoir donné un spécimen de l’ouvrage qu’il méditait sur les « Variantes » (1729). On lui reprochait des tendances au Socinianisme. De graves théologiens d’Oxford accusèrent Xewton d’athéisme, quand il prétendit avoir découvert les lois de la gravitation. ïo'.it le monde connaît le procès retentissant fait à l'évêque anglican CoLENso, vers le milieu du xix' siècle, et plus près de nous la disgrâce des deux professeurs Samuel Davidson et RoBERTsox Smith. Cf. T. K. Cheyxe, Foundeis of Old Testament C/iticisnt, 1893, p. 209, 215. Il y a encore le cas du D' Cli. A. Briggs, qui, dans la libre Amérique, s’est vu traduire devant un jury confessionnel, pour avoir à se justifier du délit de

« High criticism ». Cf. Ch. A. Briggs, The defence of

prof. Briggs before the presbyiery of ÎSen'-York, december 1892. L'émoi causé en Allemagne, dans les hautes sphères de l’Eglise évangélique, par la publication de la Vie de Jésus du D' Strauss, ne fut pas moindreque lacampagne de protestations menée par réjjiscopal français contre Renan ; l’auteur perdit la place de répétiteur qu’il occupait à l’Université deTubingue (1830). Quelques années plus tard (1842), Bruno Bauer avait, à Bonn, le même sort.

d) Xous n’avons pas à l’aire ici l’apologie de l’exégèse catholique après le concile de Trente. Voir Exégèse (Histoire de 1'). Ou’il suffise de rappeler que le Concile fut le point de départ d’un mouvement scicntilique dans les écoles catholiques, quia fait des xvret xvii"^ siècles une époque de renaissance pour les études scripturaiies. Il est à croire ([ue l’exégèse catholique n’a pasélé contrariée par le décret Insnper, au point de ne jjIus pouvoir être méthodique ni sincère, puisque, à en juger par la pratique quotidienne, les commentaires de Jansenius de Gand, de MaldoNAT, de Fi'. RiiiERA, de D. Calmet restent encore plus utiles aux exégètes protestants d’aujourd’hui que ceux de Calvin et de Grotius, pour ne citer que les meilleurs. Plus près de nous, on j)eut signaler les commentaires de BeEI.EN, PaTRIZI, CoRLUY, COBNELY, KNAnENBAUEH, DE IIlMMEEAUEU, MaIER, BiSIMNG, ScHEGG,

ScnoLz, SciiANz, SciiAEEEH, Grimm, Belser, Fo.nck, Lagrange, Condamin, Van IIoonagker, Trochon, Fii.MON, LEsf ; TRE, Cai.mes, Maas, IIlygiie, etc., qui ont, à des degrés divers, conquis l’estime de tous.

A qui s'étonnerait de la différence que nous mettons entre les ouvrages destinés aux illettrés et ceux à l’visage du public cultivé, il suffira peut-être de représenter que cette distinction est reçue dans toutes les confessions chrétiennes. Et qui donc ignore que les manuels d’Histoire sainte imposés par le gouvernement prussien aux écoles primaires et aux gymnases, sont loin de faire écho à toutes les vues systématiques des professeurs des Universités, même sur des points que ceux-ci regardent généralement comme acquis ? Il n’est pas malaisé de s’apercevoir que la Cambridge Bible for Scltools and Collèges n’est pas conçue d’après le même point de vue que le Critical Commentary. La note mise en tête de chacun des volumes de cette collection est suggestive : « L'éditeur généraldela « Cambridge Bible for Schools » croit bon de déclarer qu’il ne peut pas se porter garant de l’interprétation que les auteurs des différents livres ont adoptée dans certains passages, ni des opinions qu’ils peuvent avoir exiJrimées sur des points de doctrine. »

Reste la condamnation de Richard Simon (7 17 12). — L’illustre oratorien fut assurément un des plus savants hommes de son époque, et c’est avec raison qu’on le range parmi les fondateurs de la critique biblique ; mais son esprit de dénigrement, ses querelles personnelles lui firent beaucoup d’ennemis. Ce ne fut pas là son tort principal. La doctrine théologique et le sens catholique n'étaient pas en lui à la hauteur de la science. En dépit de ses déficits et de certains excès, la Défense de la Tradition et des Saints Pères restera, non pas seulement comme un réquisitoire de Bossuet contre Richard Simon, mais aussi et surtout comme la protestation du dogme contre les entreprises de la critique.

Au milieu des controverses bibliques, l’attitude de l’Eglise s’est toujours inspirée d’une sage modération ; son idéal est de joindre le progrès à la sécurité de la doctrine. C’est dans cet esprit que S. S. Pie X traçait naguère aux exégètes catholiques une sorte de cm média à suivre entre les audaces d’une liberté sans frein et les timidités d’un conservatisme outrancier. Bref à Mgr Le Camus, du Il janv. 1906 ; Dexz. ^", p. 619, en note.

Bibliographie. — Cette bibliographie ne comprend que les ouvrages d’intérêt général, cjui, du reste, ont déjà été cités, presque tous, au cours de l’article. C’est à dessein qu’on y a passé sous silence plusieurs des publications ajant trait à la polémique engagée, ces dernières années, entre catholiques sur l’insj)iration, l’inerrance biblique et l’exégèse historique ; elles auront leur place dans les articles consacrésàces sujets. Dans l'éiiumération, on a suivi l’ordre chronologique. L’astérisque devant les noms des auteurs ou des périodiques indique qu’ils ne sont pas catiioliques ; devant les titres des ouvrages, il signifie que ces écrits ont été condamnés par la Congrégation de l’Index.

Richard Simon, * Histoire critique du Vieux Testament, 1678 ; *ïh. Nôldeke, Untersuchungen zur Kritih des Alten Testaments, 1869 (trad. franc, par Derenbourg et Soury, 1878) ; F. Vigoureux, I.a Bible et les découvertes modernes, 1877, 1896 ; La Bible et la critique rationaliste, 1884-1886, 1901' ; Mélanges bibliques, 1882 ; Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 1890 ;

  • T. K. Cheyne. Founders of Old Testament Criticism, 1894 ; * A. H. Sayce, Thehigher Criticism and

ihe verdict ofthe Monuments, 1894 ; A. Loisy, Etudes bibliques, 1894, 1901'- ; J. Brucker, Questions actuelles d’Ecriture Sainte, 1896 ; /.Eglise et la critique biblique, 1908 ; Schopfer-Pelt, Histoire de