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d’accord avec le clergé des contrées circonvoisines et secondé par lui, qui a tout fait, réservant d’ailleurs à l’autorité de Votre Béatitude toute la ratilication et contirmation de son acte, cum et sic gestorum vis omnis et confirmatio auctoritati Vestræ Beatitudinis fuerit reservata. » Si cette lettre ne contient proprement aucune demande de validation, il en va différemment d’une autre, écrite trois ans plus tôt (P. Z., t. LIV, col. 970 sq. ; Mansi, t. VI, col. 171 sq.). En 451, Anatole distinguait très nettement, lui aussi, les décrets dogmatiques du concile et le 28<’canon, et il traitait successivement ces deux points, en narrateur pour le premier et en solliciteur pour le second. Le passage d’une partie à l’autre est clairement marqué par ces paroles (Mansi, /. cit., col. lyô) : « Voilà donc comment se sont déroulées les discussions relatives à la paix ecclésiastique et à la concorde des prêtres dans la vérité de la foi. Mais d’autres affaires réclamaient notre attention… » Ces autres affaires se résument dans le 28’canon, dont le patriarche retrace la genèse laborieuse, pour aboutir à cette conclusion (Mansi, ibid., col. 179) : « Et à cause de l’honneur que nous voulons vous rendre, le saint concile et nous, nous vous avons donné connaissance de ce décret, afin d’obtenir de vous approbation et confirmation. Accordez-nous cela. Très saint Père, nous vous en conjurons. » Anatole était donc fermement persuadé de la nécessité d’une ratification ou, mieux, d’une validation pour le 28e canon, autant que de la supertluité d’une confirmation quelconque pour les décisions doctrinales.

Nous avons aussi de l’empereur Marcien une lettre intéressant la même question. Ecrite en lii, elle est semblable pour le plan et pour le sens à celles d’Anatole et du concile. Le prince n’y demandait au pape que son acquiescement au 28’" canon. Quant au débat doctrinal, il félicitait le pontife de son heureuse conclusion, et il disait en finissant (Epist. c, P. /.., t. LIV, col. 971 sq. ; Mansi, t. VL col. 166 sq.) : « Ainsi tous les points de foi ont été définis selon les désirs de Votre Sainteté. Après de longues discussions, l’orthodoxie a triomphé, et conformément à la règle tracée dans le message de Votre Sainteté, tous ont donné leur assentiment à la formule imposée par la vérité. » Un peu plus loin, il ajoutait, marquant nettement lui-même le changement de sujet : « Mais comme il a été statué en outre qu après le Siège apostolique, la première place appartiendrait à l’évêque de notre très niagnilique ville de Constantinople, qui est appelée la nouvelle Rome, daigne Votre Sainteté donner son consentement aussi à cette partie, à laquelle se sont opposés ceux qui tenaient votre place au concile. »

A ces témoignages, contemporains du concile de Chalcédoine ou empruntés à ses Actes, nous pourrions en ajouter d’autres, qui sont postérieurs. Qu’il nous suffise d’entendre encore le pape saint C’iKlask (^92496). Il distingue, lui aussi, dans ce concile deux parties de valeur essentiellement différente. C’est ainsi qu’il écrit {.id episcopos Durdaiiiae, P. /.., t. LIX, col. 67) : Siciit id quod prima Sedes non probaverat constare non potuit, sic quod illa censuit judicandiim tota Ecclesia suscepit ; et ailleurs (De anathem. vinculo, P. L., t. LIX, col. 107) : Totum in Sedis apostolicae ptjsilum est potestate : ita quod firmuyil in synodo Sedes apostolica, hoc robur obtinuil ; quod refutavit, habere non potuit firmitatem.

3) Confirmation extrins(’qui —.V des décrets conciliaires portés suivant toutes les règles et déjà objectivement oldigatoires |)our IPlglise entière, un acte exprès d’adhésion ou de contirmation du Sainl-Siege peut parfois cire utile, voire nécessaire, mais uniquement à raison de considérations extrinsèques, surtout pour mieux affirmer l’union du corps épisco pal avec son chef et dissiper les doutes dont elle serait l’objet. Cette assertion trouvera son commentaire naturel dans une seconde lettre de Marcien à saint Léon au sujet du concile de Chalcédoine et dans la réponse qui y fut faite. La lettre de l’empereur est de 453. Il est indispensable, pour en bien saisir la portée, d’en peser attentivement le texte et les circonstances historiques. Elle contient notamment ce passage (P. L., t. LIV, col. 1017 ; Mansi, t. VI, col. 21 5) : u Nous sommes extrêmement surpris qu’après le concile de Chalcédoine et les lettres que a’ous ont adressées les vénérables évêques pour vous instruire de tout ce qui s’y était fait, on n’ait point reçu de Votre Clémence une réponse à lire dans les églises et à porter à la connaissance de tous. Quelques sectateurs obstinés des doctrines perverses d’Eutychès sont induits par votre silence à douter que Votre Béatitude approuve les décisions conciliaires. Daigne donc Votre Sainteté nous faire tenir une lettre par laquelle elle certifie à toutes les églises et à tous les peuples qu’elle ratifie les actes du saint concile… Qu’elle rende un décret montrant très clairement qu’elle confirme le concile de Chalcédoine, afin que ceux qui cherchent de vains subterfuges ne puissent plus hésiter sur le sentiment de Votre Sainteté. » Ici, c’est manifestement une approbation formelle, une confirmation proprement dite et publique des décrets doctrinaux que Marcien demande. Toutefois son désir ne provient nullement de ce qu’il juge cet acte nécessaire à la valeur objective et intrinsèque des décrets, il est uniquement fondé sur des conjonctures particulières et accidentelles : c’est que les hérétiques abusaient de l’opposition du pontife au 28^ canon pour le faire passer comme adversaire de tout le concile. Il fallait couper court à ces rumeurs mensongères et funestes, et voilà poiuquoi. dans ce cas, une déclaration solennelle paraissait indispensable,

C’est en réponse aux instances de Marcien que Li’ : ox écriA’it sa lettre à tous les évêques qui avaient été à Chalcédoine. Elle se présente, elle aussi, comme motivée par les craintes qu’inspiraient l’entêtement et les menées des Eutychiens. Il est clair du reste que, si un acte spécial de confirmation eût été imposé par la nature des choses, le pape aurait été en faute pour l’avoir différé pendant deux ans. Mais lui-même a soin de faire remartiuer que son intention touchant la question doctrinale avait été suflisamment manifestée pour que nulle autre approbation ne fût nécessaire. Il dit (/’. /., t. LIV, col. 1027 sq. ; Mansi, t. VI, col. 226) : « Vous savez assurément tous, mes frères, que j’ai embrassé de tout cœur la définition du saint concile qui avait été assemblé à Chalcédoine pour le rafiermissement de la foi. Aussi bien, qiudle raison aiu’ais-je pu avoir de ne pas me réjouir du rétablissement de l’unité de cette foi. moi qui étais alTligé de voir la même unité troublée par les hérétiques ? Vous auriez [Ui inférer mon sentiment non seidcment du fait de votre très heureuse concorde (l’accord entre les évêques et les légats du pape), niais aussi de la lettre qu’après le retour île nu"s envoyés j’ai adressée à l’évêque de Constantinoj)le. Toutefois, de peur que. y^ar le fait d’interprètes mal intentionnés, on n’en vienne à douter si j’approuve ce que vous avez unanimement défini, au concile de Chalcédoine, concernant la foi, j’ai donné, pour tous nos frères dans lépiscopatqui ont assisté à ce concile, cette déclaration éirite, que le très glorieux et très dénu^it cnqiereur voudra bien, par amour de la foi catholique, porter à votre connaissance. Ainsi, chacun, parmi vous comme parmi les fidèles, saura que j’ai associé mon Oi’is personnel aa.r vôtres, non seulement par ceux de mes frères qui ont tenu ma place, mais aussi par l’approbation des actes conciliaires. » Celte dernière phrase