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CŒUR DE JÉSUS (CULTE DU)

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either of sin or rnisery. Ce traité ne tignre pas dans la grande édition posthume des Œin-res de Th. Goodwin (5 vol. in-f^, London, lôSi-i^o/J), mais il a été imprimé à plusieurs reprises du vivant de l’auteur, à partir de iG^s, soit isolément, soit en recueil. En outre, il fut, conjointement avec trois autres opuscules, traduit en latin et publié à Heidelberg en 1658. (Opuscula quaedam viri Ductissimi juxta/ et Pien tissimi Doniini Tho. Goodu’ini^. T. D etc.) Cette

traduction latine comptait plus d’un siècle de date, lorsqu’elle vint à la connaissance de Jansénistes italiens, à l’époque où ils s’évertuaient encore à fausser le sens et à annuler l’effet du décret de i’ ; 65 accordant la fête du sacré Cœur. Afin de dénigrer la dévotion détestée, ils ne se firent pas scrupule d’avancer que le culte du sacré Cœur avait sa source dans l’enseignement de l’hérétique anglais Thomas Goodwin : un écrit de celui-ci ne parlait-il pas du « cœur du Christ » ? — que de là était venue au P. de La Colombière l’idée de la dévotion au sacré Cœur : ce Père n’avait-il pas habité Londres en un temps où Th. Goodwin y vivait encore ? — que le Jésuite, de retour en France, avait habilement suscité les visions de Marguerite-Marie : n’avait-il pas été son directeur ? Les amis eurent tôt fait il’admettre une démonstration aussi satisfaisante ; dès lors, en Italie, en France, en Allemagne, ils en donnèrent couramment la conclusion comme un fait acquis et hors de conteste.

Or, tout est à l’envi gratuit et faux dans ces assertions. Ainsi que le titre du ti-aité à lui seul en fait foi, Th. Goodwin prend le mot cœur comme signifiant non pas l’organe corporel, mais bien l’ensemble des sentiments affectueux. Son but est d’établir que Jésus-Christ garde dans le ciel les mêmes dispositions bienveillantes et misériconlieuses, la même bonté et tendresse de cœur, dont il fut animé durant sa vie mortelle, envers les malheureux et les pécheurs. S’il fait remarquer (IIP part., sect. i) que, sur terre, Notre-Seigneur a, de par sa nature humaine, éprouvé et ressenti, au sens propre de ces mots, de la pitié et de la miséricorde, et s’il recherche ensuite de quelle façon pareils sentiments de compassion peuvent se retrouver dans une humanité glorifiée, comment nos peines peuvent maintenant k s’introduire dans le cœur du Christ » pour y déterminer de la sympathie, il ne s’avise pourtant nulle part de proposer comme objet spécial de notre adoration et de nos hommages reconnaissants l’amour du Sauveur, figuré par le symbole sensible de son cœur de chair.

Nous ne saurions absolument rien des circonstances dans lesquelles le P. de La Colombière a contracté sa dévotion envers le sacré Cœur, que déjà il serait bizarr<’d’émettre une explication revenant à dire qu’il a dû jjuiser cette dévotion dans la lecture, toute problématique, d’un opuscule de provenance hétérodoxe, où elle ne se trouve pas, tandis que, par contre, il n’aurait eu occasion de la distinguer et de la goûter ni dans Lansperge, ni dans sainte Gertrude, ni dans la Vitis mystica, ni dans Louis de Blois, ni dans Diego Alvarez de Paz, ni dans le P. Saint-Jure, chez qui elle se présente si manifestement énoncée ou pratiquée. Dépourvue de vraisemblance, l’hypothèse se démontre, de plus, manquer de vérité, comme inconciliable avec des données certaines. Une considérati <m (le chronologie sutllt à trancher la question. Les priiicipiilfs révélations relatives au culte du sacré Cdur furent faites à Marguerite-Marie de 1672, ou, pins vraisemblablement, de 1673 à 1O75 : la « journée du 21 juin 1675 termine les grandes révélations du c(eur de Jésus >.. (A, IIamox, ou’, '. cité, p. 191.) Le P. de La Colombière arriva à Paray dans le courant de février 1675 ; il y resta dix-nciif’mois. C’est alors qu’il eut à examiner les connuunications surnatu relles dont la plupart étaient antérieures à sa venue. (P. Charrier, oiiv. cité, liv, VI, ch. iii-iv ; A. Hamon, ouv. cité, ch. VI.) Appelé, sur la désignation du P. de La Chaise, à remplir l’emploi vacant de Prédicateur de la duchesse d’York, Marie de Modène, il quitta Paray en septembre 1676, et débarqua en Angleterre en octobre. Il s’acquitta de ses fonctions au palais de Saint-James jusqu’en novembre 1678, époque où il se trouva impliqué, sur une dénonciation calomnieuse, dans une affaire connexe au coup du popisk plot récemment monté par Titus Oates : décrété de bannissement, il sortit d’Angleterre en décembre et rentra en France. (P. Charrier, omw. cité. liv. VIII et IX ; A. Hamox, oui cité, ch. vu.) Ainsi donc les révélations essentielles reçues par Marguerite-Marie eurent lieu, soit pendant, soit même en majeure partie a^ant le séjour du P. de La Colombière à Paray-le-Monial : il en prit connaissance, les étudia, les approuva, y acquit sa propre dévotion au Cœur de Jésus, fit consécration de sa personne à ce Cœur sacré en juin 1676 (A. Hamon, o(M’. cité, p. 184, note, et p. 190) et prit la résolution de faire son possible pour en établir la dévotion. C’est seulement ensuite qu’il fut envoyé en Angleterre. La simple confrontation des dates est décisive et réduit à néant la fable, par trop improvisée, des Jansénistes.

X. Les promesses faites par Notre-Seigneur en faveiir de la dévotion à son Cœur sacré. — Les

lettres de la bienheureuse Marguerite-Marie, celles des dernières années surtout, font mention de révélations où Notre-Seigneur lui aurait fait connaître nombre de grâces et d’avantages spirituels, dont il s’engageait à faire bénéficier ceux qui adopteraient, pratiqueraient, propageraient la dévotion à son Cœur sacré (A. Hamon, ouw cité, p. 896 et suiv. ; Bainvel, p. 78 et suiv. ; Terrien, p. 3Ô9 et suiv.), et ces promesses ont contribué dans une notable mesure à attirer et à attacher les âmes à une dévotion ainsi favorisée. La valeur de ces révélations est la même que celle des autres communications d’en haut reçues par la bienheureuse : à en examiner le fond, le caractère, les circonstances, à étudier l’àme qui les rapporte et les atteste, à consulter le jugement éclairé et autorisé de l’Eglise, on est amené à conclure que les admettre comme authentiques et surnaturelles est le parti vraiment raisonnable, le seul justifié. (Cf. René du Bouays de La Bégassière, Xotre culte catholique et français du sacré Cœur, VI. L’autorité delà B. Marguerite-Marie, Lyon, 1901.)

Seule la plus importante de ces promesses — la

« grande promesse », comme on l’appelle communément

— a pu fournir matière à la controverse. En voici la teneur : « … Et un jour de vendredi, pendant la sainte Communion il fut dit ces paroles à son imligne esclave, si elle ne se trompe : « Je te promets

« dans l’excessive miséricorde de mon Ccpur, que son

<( amour tout-puissant accordera à tous ceux qui

« communieront neuf pi’emiers vendredis du mois de
« suite la grâce de la pénitence finale, ne mourant
« point en sa disgrâce, ni sans recevoir leiu-s sacremcnts, 

se rendant leur asile assuré en ce dernier

« moment. » (Cf. A. IIamon, ous’. cité, p. 452-^53.)

Cette promesse fait partie des écrits approuvés par la Congrégation des Rites, lors des travaux préparatoires à la béatification de Marguerite-Marie : le texte en fut étudié avec soin, comme l’atteslent les coups de crayon dont il fut fortement marqué sur la traduction italienne authentique, conservée chez les Visitan <lines de Rome. C’e qui pourrait faire d’abord difliculté serait d’admettre que la pratique des neuf vendredis assure à tous la réception effective des derniers sacrements, et ainsi constitue une sauvegarde