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CLERGE (CRIMINALITE DU)

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est la première cause, qui a produit l’augmentation de la population professionnelle : l’incorporation, fantaisiste bien souvent, de la femme mariée dans la profession du mari.

Voici la seconde. On a décidé que l’on compterait, parmi les membres de la profession, des personnes que l’usage n’y a jamais placées : spécialement les employés et les domestiques, quand ces derniers ne sont pas attachés exclusivement à la personne.

D’après ce principe, on est arrivé à faire figurer dans la « profession médicale > ceux qui tiennent

« une infirmerie d’animaux » ou un « refuge pour les

chiens abandonnés », et tout le personnel des hôpitaux : infirmiers, surveillants, et, comme dit le texte,

« employés de tout ordre », et aussi « les plieuses et

ensevelisseuses >, et même « les filles de salle, garçons de salle, garde-salle, filles de parloir ». Toute cette troupe est embrigadée, bon gré, mal gré, dans la « profession médicale », et par conséquent dans les professions libérales, qui ne s’y attendaient guère.

A son tour, et conformément à la même pensée, la profession de l’enseignement s’enrichit d’une manière étrange : on y fait entrer les concierges des établissements scolaires, les garçons qui balaient les salles et les cours, comme ceux qui font les dortoirs ou qui servent dans les réfectoires !

Quant au clergé, il comprend désormais tous les bedeaux, tous les sacristains et tous les suisses des églises. Que dis-je ! Il est divisé en clergé masculin et clergé féminin. Je parle du clergé catholique. Il y a, pour lui, la colonne des femmes. Et cette colonne n’est pas vide ! Ces ecclésiastiques d’im nouveau genre atteignent même un total de 5.554 (t. IV. p. xvi).

Il s’agit évidemment des femmes qui s’occupent des linges d’autel ou des chaises. Comme une église est placée sous la direction d’un ecclésiastique, tous les employés de cette église deviennent, en vertu du principe, ecclésiastiques comme lui, et on écrit avec gravité :

« Clergé… sexe féminin, 5.554- » 

La troisième cause d’accroissement dans les groupes professionnels, c’est qu’en dehors des femmes et des employés et domestiques on a introduit, dans plusieurs, des sous-groupes qui n’y avaient jamais figuré. C’est ainsi que la profession des <> artistes » s’enfle de celle des « journalistes ». Ce qui est flatteur pour la presse. Ainsi encore la section « Enseignement, études » embrasse dorénavant 1’» Armée du Salut » et aussi les « employés des loges maçonniques ». Ainsi enfin tous les étudiants, aspirant à ime profession, sont classés dans la profession même. Ils sont réputés arrivés au but, si loin qu’ils en soient encore.

Que l’on essaie ou non de justifier un pareil classement par le dessein qui l’a inspiré et qui était de fournir des renseignements pour la préparation des lois sur les assurances et les retraites ouvrières, il va contre le sens des mots communément reçu, il déroute l’esprit au lieu de Téclaircr.

Et au point de ue de la criminalité, qui nous occupe ici, le plus souvent on ne saurait s’y référer sans commettre une erreur manifeste ; car le changement des chifl"res. depuis les derniers dénombrements, ne provient pas d’une modification réelle dans la population des groupes, mais seulement, on vient de le voir, d’une modification dans la manière de la recenser ; M. L. March le reconnaît plusieurs fois, notamment t. I" ; p. XX ; t. IV, p. cxxiv. etc.

Or, tandis que la méthode de compter les individus qui composent chaque catégorie changeait ainsi dans le dénombrement, la méthode de les classer, quand il s’agit de leurs crimes, ne changeait pas : le Ministère de la Justice est resté fidèle à ses traditions.

Il s’ensuit que ce serait obtenir nécessairement une

moyenne inexacte, trop favorable, que de donner pour diviseur au total des crimes, attribués à une classe, un nombre représentant cette classe, non pas telle que les parquets l’entendent, mais telle cpie les recenseurs, s’inspirant de principes nouveaux, l’on entendue et élargie : en somme, on comprendrait des choses différentes sous des mots identiques. Nous devons donc nous en tenir, en général, pour les populations des professions diverses, aux évaluations de nos tableaux antérieurs.

D’ailleurs le nouveau recensement lui-même conduit à des chiffres analogues, si, au lieu de prendre les résultats d’ensemble dans les tableaux récapitulatifs où figurent tant d’éléments disparates, on additionne les nombres donnés pour chacun des sous-groupes professionnels, en négligeant ceux de ces sous-groupes qui ne rentrent pas vraiment dans la profession, comme les carillonneurs pour les artistes et les doucheurs poiu* les médecins, et si l’on retranche ensuite du total les « gens de service » et les auxiliaires qui ne sont pas des professionnels, c’est-à-dire un quart au moins de l’ensemble.

Il y a une exception toutefois : elle concerne les gens du Palais. Ici le total de 1 896, interprété comme il vient d’être dit, diffère encore sensiblement de celui qu’on donnait autrefois, puisqu’il atteint 38. 000 au lieu de 2^.691. Nous sommes convaincu que cette évaluation est excessive. Mais on n’a pas le moyen de la contrôler avec exactitude, et l’évaluation précédente lui est trop inférieure pour pouvoir être maintenue dans ces conditions. Admettons donc que ce groupe forme maintenant 38.000 personnes et non 27.691 comme jadis. Il s’ensuivra désormais un notable abaissement, mais un abaissement douteux, de sa moyenne criminelle comparée, qui toutefois reste toujoiu’s considérable.

Mais rien n’est à modifier touchant la population des autres professions libérales. On vient de voir pourquoi.

Il faut ajouter qu’en ce qui concerne spécialement les groupes qui nous intéressent le plus, le recensement de 1896 est muet ou très nettement erroné.

Voyez d’abord les congrégations. Il laisse la plupart de leurs memljres confondus dans les divers services où ils s’emploient ; aussi n’en compte-t-il, à part, que le nombre dérisoire de 52. 000, alors qu’une enquête officielle en a trouvé 160.000 !

Il se trompe aussi avec évidence sur le clergé séculier, dont il s’occupe très peu, du reste.

Quant à l’enseignement, il ignore la distinction entre le personnel laïque et le personnel congréganiste. que font les statistiques criminelles.

Il n’apporte donc, de ce côté, aucun renseignement nouveau, et les chiffres antérieurs demeurent acquis.

De toutes ces observations il faut conclure que nous sommes autorisés à conserver, dans le tableau qui va suivre, la valeur numérique indiquée, dans les tableaux précédents, pour les différents groupes, excepté les gens du Palais.

h) Voici, d’après ces bases, le tableau de la criminalité pour la période 1898- 1901, les chiffres qui concernent les crimes étant empruntés toujours aux Comptes généraux de l’administration de la justice criminelle.

{Lire ici le premier tableau de la page suivante.)

Le groupe clergé et congrégations, dont les ennemis de l’Eglise se plaisent souvent à décrier la conduite, reste donc, il faut le répéter, de beaucoup le premier de tous au point de vue moral.

Il convient même de remarquer que, dans cette dernière période quadriennale, la moyenne criminelle est descendue, pour lui, plus bas qu’elle n’avait jamais été.