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CLERGE (CRIMINALITÉ DU)

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collèges). Quant aux maîtres laïques de l’enseignement secondaire privé, si l’on n’y rattache pas ceux que les directeurs des écoles appellent pour faire des cours mais qui ont ailleurs leui" emploi principal — et on ne saurait les y rattacher sans les compter deux fois — ils forment un contingent assez modeste. Que l’on considère, en effet, les élèves de cet enseignement ! Ils sont sept ou huit fois inférieurs en nombre à ceux de l’enseignement secondaire public. Or l’Etat, qui ne regarde pas à la dépense, multiplie bien plus les professeurs et les surveillants que les directeurs des écoles privées. Donc les maîtres, particuliers à ces dernières écoles, sont au moins sept ou huit fois moins nombreux que ceux des écoles publiques similaires. Par conséquent, si l’on suppose qu’ils constituent, avec les professeurs de l’enseignement supérieur, dont nous n’avons pas encore parlé, un ensemble de treize à quatorze cents membres, on est certainement au-dessus de la réalité plutôt qu’audessous.

En ajoutant ce nombre aux 8.2’j’j professeurs de l’enseignement secondaire public et aux lOi.oiS de l’enseignement primaire à tous les degrés, on obtient le total de 1 10.669, lequel représente ainsi l’ensemble du personnel enseignant laïque, en France.

c) Enfin la population formée par les congrégations et le clergé appelle aussi quelques observations. Pour les congrégations, il faut se délier des recensements : ils donnent des eliiffres trop bas, beaucoup de membres du clergé régulier ne jugeant pas à propos de s’inscrire comme congréganistes.

Mais nous avons un autre document ofTiciel. Dans les dernières années du xix® siècle, sur la demande de la Chambre des Députés, le gouvernement a fait une statistique particulière des congrégations. Il a trouvé qu’elles comptaient (en dehors du clergé séculier naturellement) 160.000 membres, soit 30. 000 religieux dont 24.000 autorisés, et 130.ooo religieuses, dont ii’j.ooo autorisées.

Admettons cette évaluation, faute d’autres renseignements.

En ce qui regarde le clergé séculier, je ne pense pas qu’aucun document, officiel ou non, en indique exactement l’état numérique. Le dénombrement de 1866 le portait à 51.ooo. D’après V Annuaire statistique de la France, le « personnel du clergé catholique au i"^"" janvier 1890 (France et Algérie) » s’élevait à 55.389. Mais dans l’état détaillé qu’il donne, V Annuaire oublie et les professeurs des collèges libres (il mentionne ceux des séminaires) et les vicaires et aumôniers non rétribués par l’Etat. On lit, d’autre part, dans les Résultats statistiques du dénombrement de 1891 (Ministère du Commerce, Paris 189^, page 306) :

« Le nombre des membres du clergé catholique est

de 45. 1 1 5 pour le clergé séculier. » Mais, en rapportant ce nombre, le rédacteur croit devoir faire remarquer que l’administration des cultes aune statistique différente et qu’elle « compte en nombre rond 55.000 membres du clergé, y compris les directeurs et professeurs de séminaires ».

Et voilà comment les divers ministères s’entendent chez nous, sur le même point ! Ce qu’il y a de piquant, c’est qu’aucun d’eux, on va le voir, n’est dans la vérité.

Mais le meilleur moyen de se tromper assurément, c’est de s’en rapporter, comme font quelques écrivains, au Ministère des Finances, c’est-à-dire de juger par le budget. Puisque nous parlions tout à l’heure de l’état du personnel ecclésiastique en 1890, ouvrons le budget de 1891. Il compte l’j archevêques, 67 évêques, 187 vicaires généraux, 695 chanoines, 3.450 curés, 31.001 desservants, 6.932 vicaires, soit au total, 42.347 ecclésiastiques. Ce nombre est loin du nombre

total des prêtres en France. Nous pensons que le clergé rétribué ne représentait pas tout à fait les trois cinquièmes du clergé français, et, voici les chiffi"es que nous donnerions :

Clergé rétribué à la fin du xix’siècle,.. 42.347

Prêtres habitués 4. 38 1

Aumôniers 2. 737

Directeurs et professeurs des séminaires. 4. 376

Ces chiffres sont de l’administration des cultes. II faut y ajouter, en nombres ronds, pour l’époque à laquelle les chiffres précédents se rapportent :

Professem-s (non congréganistes) des collèges libres 3. 000

Professeurs des Facultés catholiques…. 100

Vicaires et aumôniers non rétribués par

l’Etat, prêtres en retraite 15.ooo

Précepteurs, prêtres libres (approximativement ) 500

Total 72.441

</)Donc le tableau des condamnations qui va suivre ne s’occupera ni des propriétaires et rentiers ni des fonctionnaires, et, pour le groupe des maîtres laïques et celui du clergé et des congrégations, il donnera les évaluations numériques qui résultent des observations précédentes.

Avant ces évaluations, on trouvera, dans nos colonnes, le nombre des condamnations annuelles de chaque catégorie, tel qu’il fig.re dans les Comptes généraux du Ministère de la Justice.

Nous indiquons ensuite le total qu’elles forment dans la période trentenaire qu’embrasse le tableau.

Vient enfin, calculée d’après ces bases, la moyenne annuelle des condamnations pour un nombre hypothétique de 100.000 personnes par groupe, pris comme unité de comparaison.

Le tableau s’étend de 1 864 à 1 893 inclusivement.

(Lire ici le premier t(ibleau de la page suivante.)

Donc la classe qui renferme le Clergé et les Congrégations, rassemblés en un seul groupe, pour ne parler que des professions où la moyenne est sûre, a subi six fois moins de condamnations que les médecins, chirurgiens, pharmaciens ; huit fois moins que les peintres, sculpteurs, tous les artistes en général, et plus de vingt fois moins que les gens du Palais ; elle est enfin, hardiment et de beaucoup, la première, au point de vue moral, parmi toutes les classes de la société française.

Tels sont les résultats pour la période trentenaire de 1864 à 1893 !

Quels sont-ils pour les années qui ont suivi, Jusqu’et y compris 1901 ?

Le recensement professionnel, qui a eu lieu en 1896 et dont les chiffres ont été publiés un peu plus tard, va nous obliger, nous l’avons dit, à partager cette seconde série en deux séries de quatre ans chacune.

3° La criminalité dans les professions libérales de 1891 à 1897 inclusivement.

La statistique qu’on va voir offre un intérêt particulier : elle concerne des années pour lesquelles les journaux ennemis avaient publié, avant l’apparition des documents officiels, nous le montrerons plus loin, de longues listes de condamnations, destinées à donner l’impression et, par leiu- précision apparente, capables de faire croire que les membres du clergé