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CIRCONCISION

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und Luthertum in der ersten Entwickelung, Mayence, 1906, t. I, p. 479 sqq. Mais que dire du peu de soin que met la critique moderne à recueillir ces documents et à les discuter ? Cf. Wabxitz, loc. cit., ). 182. De l’universalisme d’OuioÈXE conclure, comme on le fait si souvent, à une croyance universaliste de l’Eglise elle-même, est d’une sophistique singulièrement hardie. Encore est-il nécessaire d’observer que l’origénisme n’implique nullement la négation de la doctrine spécificpie du ciel. Origène lui-même distingue nettement le séjour réservé aux saints du séjour inférieur où seraient réunis les pécheurs purifiés : aux uns le ciel proprement dit, aux autres la terre des vivants. De princ, 1. II, c. iii, n. 7, P. G., t. XI, col. 198.

D’une étude minutieuse des textes et des faits, il résulte donc nettement que la croyance au ciel comme à un séjour ultra-terrestre et commun aux élus, était universelle et d’une absolue fermeté dans l’Eglise primitive.

II. — Une’accusation plus grave et d’origine plus récente est le reproche fait à l’Eglise d’avoir érigé en dogmes de naïves erreurs cosmologiques sur la constitution du ciel, cf. G. Séailles, Les affirmations de la conscience moderne, p. 1 1 1 sqq., sur les sphères cristallines, sur la nature toute matérielle de l’empyrée, sur le mouvement des astres soumis à l’impulsion et à la direction des Anges.

Il est facile de justifier l’Eglise siu* ce point, par une fin de non-recevoir, l’Eglise n’ayant jamais défini ce qu’est le ciel ni même où est le ciel. La curiosité humaine s’est plu dès l’origine à agiter ces insolubles problèmes, et quelques esprits spéculatifs, au cours des siècles, ont essayé de déchiffrer l’énigme, en émettant des hypothèses plutôt que des opinions, et avec toutes les réserves commandées par la prudence, sans jamais engager la doctrine. Oric.ènk, le premier, s’est enquis de ces questions, mais plutôt pour les poser que pour les résoudre. « Qui aura, dit-il, le dernier mot de ces choses ? » De princ 1. II, c. iii, n. 6, P. G., t. XI, col. 978 ; KoETscHAC, Origeiies Werke, Leipzig, 1899, t. I, p. 182. La pensée de saint Aigustin n’est pas plus affirmative. Après avoir émis l’opinion que le ciel est analogue aux lieux matériels :

« Vous voudriez bien savoir, dit-il à ses auditeurs, 

où se trouve ce tranquille séjour où l’on voit Dieu face à face : c’est Dieu lui-même qui sera après cette vie le lieu de nos âmes. > Enarr. in Ps. xxx. serm. iii, n. 8, P. L., t. XXXYl, col. -ibi. Tout ce qu’il peut affirmer, c’est que les élus monteront dans les hauteurs des cieux. De Gen. ad litt., 1. XII, c. xxxv, P. /,., t. XXXIV, col. 483. Saint Basile avait déjà exprimé une idée analogue en plaçant le ciel en dehors du monde, mais non pas sans relation avec le monde. Ilom. I in Hexæm, n. 5, P. G., t. XXIX. col. 13. C’est exclure précisément l’identification du ciel des élus ou empyrée avec le ciel sidéral.

Les scolastiques, à la suite de Pierre Lombard, Sent., 1. ii, dist. 11, n. 6, P. L., l. CXCII. col. 656, ont repris, pour la discuter, la théorie basilienne. mais sans émettre à ce sujet autre chose que des opinions d’ordre purement philosoi^liique. Saint Box aventure, s’excuse de traiter ces questions i. où la théologie des Pères a si peu à nous apprendre et la pliilosophie moins encore. » In IV Sent., 1. II, dist. 11, a. i, q. i. Opéra, Quaracchi, 1889, t. II, p. 71. A son tour, saint Thomas admet l’existence du ciel empyrée au delà des mondes, mais comme une simple probabilité fondée exclusivement sur le témoignage de saint BasiLE _ de saint Bède et de Strabon. Cæliim empyreum non invenitur positum nisi per auctoritates Strabi et Bedae. et iterum per auctoritatem Basilii ; Sum. theoL,

I, qu. Lxi, a. l. Dans la discussion soulevée au sujet des doctrines scolastiques sur le ciel, ce texte est d’une importance capitale : il montre que la question était envisagée en dehors de toute conception théologique. L’existence du ciel empyrée enveloppant tous les mondes parut une hypothèse acceptable, et rien de plus. Cajetax n’hésite même pas à la rejeter comme n’ayant aucun fondement scripturaire et comme étant de tradition relativement récente. Comment, in II ad Cor., c. xiii, Paris, 15152, p. 1 13.

Dès lors les diverses opinions émises par les scolastiq [ues pour expliquer la nature du ciel empyrée n’offrent plus aucun intérêt à l’apologiste : pures hypothèses d’école, qui n’ont rien d’ailleurs de si étrange, étant donné l’état des sciences à cette époque. Puisque le ciel est destiné à recevoir les corps glorieux, les scolastiques concluaient assez naturellement que le ciel est un lieu réel, une partie déterminée de l’espace ; mais bien loin de le confondre avec les « sphères de cristal « , — dont la scolastique n’a jamais admis d’ailleurs l’existence, — ils le concevaient comme immobile au delà du mouvement des astres et de la plus subtile essence. Cf. Albert le Grand, Compend. theol. verit., 1. II, c. iv, Paris, 1896, t. XXXIV, p. 43 sq. ; saint Thomas, In IV Sent., 1. U, dist. XIV, q. I, a. 2, et Quodiib., VI, q. xi, a. 19.

II n’est rien dans ces données qui engage l’enseignement de l’Eglise, et la prudente réserve avec laquelle les scolastiques abordaient ces subtiles questions de l’au-delà, toujours fascinantes pour la curiosité humaine, démontre bien nettement que le dogmatisme de l’Ecole était loin des excès que lui prête si libéralement la critique moderne.

Bibliographie. — Bellarmin, De aeterna felicitate sanctorum, Lyon, it116 ; Gretser^ Disputatio de i’ariis coelis luthcranis. zwingJianis, iihiquitariis. cahinianis. etc., dans Opéra, Ratisbonne, 1734-1741 » t. V, p. 207-260 ; Th. Henri Martin, La vie future suivant la foi et la raison. 3= édit., Paris, 1870, p. 157-188, 528-526 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 4" édit., Paris, 1884, t. III, p. 101-180 ; Chambers, 0 : ir life after death, Londres, 1894 ; Moody, Heaven ; its inhahitants ; its riches.i^ édit.. Londres, 1894 ; Atzberger, Geschichte der christlichen Eschatologie innerhalb der vornicànischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896 ; Dom Cabrol, La prière antique, Paris, 1900, p. 175-187,

464-470.

Paul Bernard.


CIRCONCISION. — Latin circumcisio ; grec TTïcircu/ ;  ; hébreu mûlàh (coupure) ; arabe toliara (purification ) : tous termes désignant l’ablation, par

« section circulaire n ( circum-cædere h de la membrane

préputiale, généralement considérée comme impiu-e et génératrice d’impureté. Certaines populations pratiquent aussi sur la femme une opération de même nature, qu’on nomme plutôt l’excision.

S’il ne s’agissait ici que d’une simple intervention chirurgicale, dont l’utilité n’est d’ailleurs pas contestable — disons-le tout de suite, — surtout dans les pays chauds et chez certaines races, au triple point de vue de la propreté, de l’hygiène et de la morale, il n’y aurait pas lieu d’en parler en cet ouvrage. Ce qui nous intéresse en cette pratique, c’est son origine, sa signification, son caractère véritable chez les peuples cjui l’ont adoptée.

I. — La connaissance que nous avons aujourd’hui de la terre habitée nous permet d’écarter une première erreur longtemps répandue, à savoir que l’orisrine de la circoncision remonterait à Abraham ; ou