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CATACOMBES


niière galerie à gauche de ce corridor montre la transition entre l’usage des sarcophages et celui des niches oblongues, ou loculi, creusées dans l'épaisseur des murailles. Dans cette galerie, deux loculi ont été revêtus d’ornements de stuc à l’extérieur, aiin de leur donner l’apparence de sarcophages. Outre les loculi, deux autres formes de tombeaux se rencontrent dans les galeries et les chambres des catacombes : ce sont des fosses ci’eusées verticalement dans la muraille, fermées par une table de marbre ou de pierre et surmontées d’une niche cintrée ou carrée ; quand la niche est cintrée, ce sépulcre prend le nom iVarcosolium. Un arcosolium occupe ordinairement le fond des cubicula, et sa tablette horizontale a souvent servi d’autel.

Nous ne devons pas omettre un autre genre, beaucoup plus rare, de sépulture chrétienne : petite chambre ronde où un seul cadavre était déposé à découvert, et dont l’entrée, semblable à une porte ou à une gueule de four, était ensuite hermétiquement fermée. Ces chambres funéraires ont été creusées évidemment à l’imitation des cryptes de la Palestine, en particulier de celle où fut déposé le Sauveur. On en voit une au cimetière de Sainte-Agnès et une autre dans la catacombe de Domitille.

Les loculi étaient clos, soit par deux ou trois grandes tuiles, reliées avec du mortier, soit par une tablette de marbre ou de pierre posée verticalement. Souvent ils restent anépigraphes, et, dans le mortier encore frais, on a encastré, pour les distinguer, quelques menus o})jets, monnaies, camées, coquillages, boutons, fioles de verre, etc., ou on a laissé quelque empreinte. Souvent aussi les tuiles et les tablettes portent une épitaphe, soit peinte, soit gravée. De Rossi connaissait, en 18-6, pour Rome seule, quinze mille inscriptions chrétiennes des six premiers siècles, en grande majorité funéraires, et il estimait que ce chiffre ne représente pas la septième partie de celles qui ont existé. Depuis ce tenqjs, on en a découvert beaucoup d’autres : on peut évaluer à cinq cents en moyenne les inscriptions ou fragments d’inscriptions chrétiennes qui se retrouvent cliaque année à Rome. Un petit nombre seulement d'épitaphes souterraines portent une date, indiquée par les noms des consuls ; mais les différences de style permettent de classer approximativement les autres.

Le signe distinctif des plus anciennes inscriptions est l’extrême simplicité. Souvent le nom seul du défunt, en latin ou en grec. Quelquefois, à la suite du nom, des acclamations courtes et affectueuses :

VIVAS IN DKO, IN CIIRISTO, IN DOMINO^ IN PACE, CVM SANCTIS, etc. ; PETE PHO NOBIS, PIIO PARENTIBUS, PRO CONIVGE, PRO FILIIS, PRO SORORE ; REFRIGERA, IN REFRI-GERIO, SPIRITVM TVVM DEVS REFRIGERET, DEUS TIBI

REFRiGERET, ctc. Aucunc mcution de l'âge du mort, du jour du décès, du parent ou de l’ami qui a dédié le tombeau. Les symboles les plus simples et les plus archaïques, l’ancre, le poisson, la colombe, le Bon Pasteur, etc. A mesure que l’on s'éloigne des origines, le fornuilaire de l'épigraphic chrétienne se développe. On inscrit dans les épitaphes la durée de la vie du défunt, la date de sa mort ou de son enterrement (flepositio, y’LTvfJiiiî). Les phrases s’allongent, comiuencent par des formules toutes faites, se remplissent souvent de pompeux éloges. Les courtes acclamations disparaissent. On voit s’effacer les simples et mystérieux symboles, quc renqilace, sous des formes diverses, le monogramme du Christ, en usage après Constantin. La nomenclatiu-e seule sullirait à marquer l'âge de ces inscriptions : la plupart des noms de l'époque classiciue sont tombés en désuétude ; des noms nouveaux, des désinences nouvelles prennent leur place : la réunion du prénom, du nom

et du surnom, ou même des deux premiers seulement, fréquente sur les marbres anciens, ne se rencontre plus. Il est inutile de dire que les inscriptions offrant ces derniers caractères se trouvent dans les régions des catacombes appartenant à la période qui suit la convcrsion de Constantin, tandis que les marbres que nous avons décrits d’abord apparaissent dans les galeries primitives, et forment quelquefois des groupes spéciaux aux catacombes les plus anciennes ; pendant le 111*e siècle, la transition entre les deux manières se fait par degrés.

De nombreuses inscriptions font allusion aux martyrs. Tantôt ce titre est donné au défunt ; ainsi, on lit sur la pierre fermant le loculus de saint Fabien, enterré dans la chapelle funéraire des papes au cimetière de Calliste : « DABIANOK EUl (t/^sttsOMP (/j^a^rvc). Le sigle MP a été écrit par une autre main, quand le marbre était déjà en place ; peut-être attendit-on que la qualité de martyr eût été solennellement reconnue à Fabien, ce qui ne put arriver qu’après dix-huit mois, la vacance du siège, causée par la persécution de Dèce, ayant eu cette longue durée. Sur la tombe de son successeur Corneille, mort pendant la persécution de Gallien, et enterré dans une autre partie de la catacombe de Calliste, fut mise cette inscription : coRNELivs MARTYR Ep (iscopus). Celle de saint Hyacinthe, A’ictime de la persécution de Valérien, et inhumé au cimetière de Saint-Hermès, porte : dp m iDvs SEPTEBR. YACiNTHA’s MARTYR, défosé le 3 des ides de septembre. Hyacinthe, martyr. Sur plusieurs loculi, faisant partie de la région primitive du cimetière de Priscille^ et ayant renfermé probablement les restes de victimes de la persécution de Marc-Aurèle, le titre de martyr paraît avoir été indiqué par la seule lettre M.

Les épitaphes des simplesfidèlesoules inEcriplions laissées par eux dans les catacombes font souvent mention des martyrs. Tantôt on y parle de leur fête : un défunt a été enterré la veille de la fête de saint Asterius, «  « /e natale domini Asterii, ou le jour même de celle de sainte Sotère, in natale domnes Sitiretis. Le plus souvent, on rappelle que la tombe est placée près du sépulcre d’un martyr, ad sancta martyra (sainte Agnès), rétro sanctos, ad sanctum Corneliuni, ad Ippolitum, ad dominum Gaium, ad sanctam Felicitatem. Souvent aussi on invoque les martyrs, on les prie d’intercéder pour les défunts ou les vivants, sancte Laurenti suscepta(m h)abeto aninuim ejus, refrigeri tibi domnus Ippolitus, refrigeri Januarius, Agatopus, Felicissim. martyres, etc. Quelques-unes de ces invocations ne sont pas gravées sur les marbres, mais tracées d’une écriture cursive sur le mortier des loculi ou le stuc des nuirailles. Les inscriptions de cette sorte ont reçu le nom de graffiti : on en trouve en plusieurs endroits des catacombes, et particulièrement dans le voisinage des sépultures illustres.

Les catacombes contiennent d’autres inscriptions en l’honneur des nuirtyrs : ce sont soit des titres coinmémoratifs, soit des éloges, le plus souvent en vers, mis sur leurs tombeaux ou dans leurs chambres sépulcrales après la paix de l’Eglise. Le pape saint Damase composa un grand nombre de ces éloges, dont les originaux, gravés dans un caractère spécial par le calligraphe Furius Dionysius Philocalus, ont été plusieurs fois retrouvés. Quelquefois ces poèmes épigraphiques, détruits lors des diverses invasions barbares, ont été rétablis par des papes du vie siècle. Il en fut ainsi pour celui de saint Eusèbe : des fragments de l’original du ive siècle et la copie du vi" ont été découverts par de Rossi dans le cimetière de Calliste.

Les inscriptions ne sont pas dans les catacombes