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CATACOMBES

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tielle des peintures qui le décoraient. Le prix arl)itraire de la vente de ces sépultures et les dégâts qu’elles causaient ne furent peut-être pas étrangers à la suppression des fossures, dont on ne trouve plus de trace à partir du milieu du V siècle.

L’usage des sépultures souterraines tomba de nouveau en désuétude après la faveur passagère qu’il avait retrouvée en 870 et 871. De S^S à ijoo, les deux tiers des épitapUes appartiennent aux tombeaux extérieurs, un tiers seulement à ceux des catacombes. De 400 à 40y, la décadence est encore plus rapide. Cependant, après 4’0, date de la prise de Rome par Alaric, on trouve encore des exemples d’inhumation souterraine : il en a été rencontré portant des dates certaines du V et même du vi<^ siècle.

Les catacombes continuaient à être fréquentées par les pèlerins. Le pape Symmaque, qui gouverna l’Eglise à la Gn du v’siècle et au commencement du vie, fit faire de grands travaux dans les sanctuaires suburbains. Le siège de Rome par Vitigès, en ÔS^, y porta la désolation et le pillage. « Les églises et les corps des saints furent saccagés par les Goths)s dit le Liber pontificalis. Les cimetières de la voie Salaria durent en souffrir plus cpie les autres, car les Goths attaquèrent surtout Rome de ce côté. Les inscriptions racontent, en effet, les dégâts qu’ils tirent aux tombeaux des saints Chrysanthe et Daria, Alexandre, Vital, Martial et Diogène, situés sur la voie Salaria. Aussitôt que cette tempête fut passée, le pape Vigile répara des ruines dont la vue, dit-il lui-même, lui arrachait des gémissements, et remplaça plusieurs des inscriptions de saint Damase, que les dévastateurs avaient brisées, par des copies, souvent fort imparfaites, dont quelques-unes sont venues jusqu’à nous. D’autres restaurations furent faites par de simples fidèles, cjuelquefois de pauvres g ; en<., pauperis ex censit.

Même quand les Barbares ne campèrent plus aux portes de Rome, la campagne, appauvrie et cïévastée. avait cessé d’être sûre, et il devenait dangereux de s’aventurer hors des murailles. Aussi l’habitude d’enterrer les morts dans les cimetières situés au-dessus des catacombes finit-elle par se perdre, comme avait déjà dis])aru celle des inhumations souterraines. La nécessité contraignit à relâcher la sévérité des anciennes lois, qui interdisaient les sépultures dans l’intérieur de la ville. Dès le règne de Théodoric, c’est-à-dire vers la fin du ve ou le conmiencement du VI’siècle, un cimetière fut établi sur l’emplacement de l’ancien camp prétorien. Un cimetière du vi’siècle a été également découvert sur l’Esquilin. A la suite du siège de Vitigès, puis du sac de Rome par Totila, les cimetières suburbains furent abandonnés l’un après l’autre. On ne trouve plus d’inscriptions à date certaine dans celui de Cyriaque, sur la voie Tiburtine, après 538, ni dans celui de Calliste, sur la voie Appienne, après 565.

Les papes cependant continuèrent d’entretenir les cimetières <’t leurs basiliques. Jean IIL vers l’an 568, ’I restaura les cimetières des anciens martyrs, et ordonna que le pain, le vin et les cierges fussent fournis chaque dimanche par le trésor du palais de Latran ». pour servir aux messes célébrées dans les catacombes par les jjrètres des divers titres dont celles-ci dépendaient encore. ^Liis, au vii « siècle, le lien qui avait existé entre les litres et les cimetières se rompit peu à peu : les prêtres les ])lus fervents, conime Sergius I" avant son pontificat, célébraient indilTéremment la messe « dans les différents cimetières ». Enfin, vers 781, Grégoire III restreignit Li célébration dans les cinu-tières aux seuls anniversaires des martyrs, et dit que le pape désignerait chaque fois le prêtre qui devrait la faire. D autres

prières cependant s’élevaient encore autour des sanctuaires des martyrs. Près de plusieurs catacombes, des monastères avaient été construits, avec des hospices pour les pèlerins et un grand nombre de bâtiments accessoires, destinés à des usages liturgiques ou charitables. L’ne inscription delafindu vi’= siècle ou du commencement du vu*", célébrant les restaurations faites au cimetière de Saint-Paul, sur la voie d’Ostie, nous apprend qu’il était ceint de portiques soutenus par des colonnes et ornés de peintures, auxquels étaient attenants des bains revêtus de marbre, munis de roues et autres machines pour élever l’eau et la verser dans les baignoires. Au-dessus des portiques et des thermes s’élevaient des bâtiments d’habitation, auxquels l’inscription donne le nom de palais. Un vestibule conduisait aux cryptes où reposaient les martyrs. Ainsi entourés ou couverts de constructions, les cimetières et les basiliques paraissaient dans la plaine déserte comme autant de petits bourgs habités et fortifiés. Les pèlerins de tous les pays en connaissaient le chemin ; on possède de précieux itinéraires du vue siècle, énumérant les sanctuaires qu’ils visitaient autour de Rome, et les tombeaux des martyrs devant lesquels ils faisaient leur dévotions.

Cependant, l’invasion des Lombards, en 758, vint de nouveau désoler les catacom))es ; les bâtiments plus ou moins somj)tueux qui entouraient quelques-unes d’entre elles durent attirer la cupidité de ces Barbares. Dans une constitution du 2 juin 761, le pape Paul I" déplore la ruine où étaient tombés la plupart des cimetières souterrains, ruine que les impies Lombards avaient rendue plus complète, en violant les tombeaux et en s’emparant même des corps de plusieurs saints. Depuis ce temps, tout honneur avait cessé d’être rendu aux catacombes ; on avait laissé les animaux y pénétrer ; leurs dépendances étaient devenues des étables et des bergeries. Aussi le pape conmiença-t-il à en retirer les reliques des martyrs. Adrien 1" fit un suprême effort pour ranimer la dévotion aux catacombes. Le Livre pontifical énumère les travaux entrepris par ce pape dans les basiliques suburbaines et les cimetières. Léon III compléta son œuvre, en restaurant les basiliques de Saint-Valentin sur la voie Flaminienne, de Saint-Agapit sur la voie Tiburtine, de Saint-Etienne sur la voie Latine, et les cimetières de Saint-Calliste et des Saints Félix et Adauctus. Malgré ces efforts, Pascal I", successeur de Léon, fut contraint d’imiter l’exemple de Paul P"’, et. d’enlever un grand nombre de corps saints des cryptes chaque joiu’plus délais-. sées. On voit encore dans l’église de Sainte-Praxède une inscription attestant qu’il transj)orta dans Rome deux mille trois cents corps le 20 juillet 817. Sergius II et Léon IV déposèrent aussi, vers le milieu du ix’siècle, dans les églises de Rome les restes de plusieurs martyrs « gisant dans les cimetières ruinés »,

A partir de ce moment, l’histoire des catacombes est finie. C’est à i)eine si durant le moyen âge leur nom apparaît deux ou trois fois dans les relations des pèlerins. Les rares cimetières cités aux xi° et XII* siècles ne durent qu’au voisinage d’églises ou de monastères la notoriété qui leur attirait encore quehpies visites. Dans une statistique des églises et (lu clergé de Ronu^, écrite au xi siècle, on ne voit I)lus rappelées (jue trois des églises attachées aux cimetières suburl)ains : celles de Saint-Valentin, de Saint-Hermès et de Saint-Saturnin. Au xv’siècle, ces trois églises elles-mêmes ont disparu, remplacement de tous les cimetières est oublié, un seul reste toujours ouvert et continue d’être fréquenté par les pèlerins, celui que l’on peut voir encore sous l’église de Saint-Sébastien, et que tous les anciens documents ap|)cllent coemeteriuin ad catacitmlnt} :.