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ATHEISME

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de leur enseignement en écrivant ces lignes ; s’il les ignore, il sera peut-être intéressant pour lui de savoir (jue, près de quatre cents ans avant lui, le fondateur de là Compagnie de Jésus choisissait déjà, pour la formation de la volonté, les moyens qu’il devait luijiième choisir un joiu-. Décidément, par certains rôtés, le nouveau est toujours vieux.

Il n’est pas enfln jusqu’aux pires adversaires de lascétisme >DI. Séailles et Izoulet, qui, même aux jiages où ils l’attaquent, ne lui fournissent des arguments pour se défendre (Léonard de Vinci, préface XIII ; La Cité moderne, p. 496). La vérité a de . I ^ retoiu-s de logique Aictorieux (Cf. Lucien Roure, Doctrines et Problèmes, p. 242-267).

Aug. Hamox.


ATHÉISME. — Trois questions seront étudiées dans cet article : I. Y a-t-il des athées ? — II. Quelle est la forme actuelle de l’athéisme ? — III. Quelles sont les causes de l’athéisme i’I. Y a-t-il des athées ? — Au lieu de reproduire ici les distinctions classiques entre athéisme positif ou dogmatique, d’une part, et, de l’autre, athéisme négatif ou dubitatif, puis entre athéisme transitoire et athéisme permanent ou délinitif, distinctions légitimes, du reste, mais trop connues pour qu’il soit opportun de les développer ; nous citerons quelques témoignages, dont la diversité d’origine soulignera l’accord. Comte estime que l’athéisme est une chose rare ou mal nommée, a Le plus souvent, on qualitie ainsi un état de panthéisme qui n’est, au fond, qu’une rétrogradation doctorale vers un fétichisme vague et abstrait. » (Système de Polit, pos., 1. 1, p. 48.) D’après Rexouvieu, « il n’y a que très peu d’athées ». (Derniers Entretiens, j). 102, Paris, Colin.) a Y a-t-il beaucoup d’athées ? » se demande M. Le Daxtec. Et il répond : « Je me délie des statistiques qu’on rencontre à ce sujet dans les livres et les journaux. En tout cas, il est certain que la grande majorité des hommes est imbue de l’idée de Dieu. » L’auteur insiste : « Plusieiu-s se disent athées sans avoir beaucoup réfléchi à ce que cela veut dire. » « A notre époque, quoi qu’on dise, il existe une infime minorité d’athées. » (L’Athéisme, p. 8, 9, 17, Paris, Flammarion, 1906.) M. Le Dantec lui-même est-il bien svir d’être athée ? Je note qu’à la page 56 du même ouvrage, il se déclare « agnostique ». De l’athéisme à l’agnosticisme, on peut, sans excès de subtilité, trouver quelque intervalle. (Cf. art. Agnosticisme de ce dictionnaire.) M. Jules Soury, après avoir fait profession solennelle et éclatante d’athéisme, déclare ce mot « vide de réalité ». (Campagne Nationaliste, p. 47) Paris, Pion, 1902.) Plus expressément encore, il écrit : « Qu’est-ce donc enfin <ju’un athée au sens vrai, an sens antique du mot ? Ce n’est point celui qui proclame que Dieu n’existe pas… L’athée ne toml>e pas dans l’erreur du croyant qui, parce qu’il la croit, atlirme l’existence de Dieu ; il ne la nie point, cette existence, il l’ignore. » (Ihid., p. 48.) L’athée ne nie point l’existence de Dieu ! La définition est à retenir. D’après Sir Olivier Louge, l’athéisme de Haeckel « coïncide, quant aux i)oints essentiels, avec le monisme ou panthéisme des sciences naturelles ». (La Vie et la Matière, trad. Maxwell, p. 28, Paris, Akan, 1907.) De ces témoignages il est peut-être permis de conclure que l’atliée est une espèce rare, sinon introuvaljle.

II. Quelle est la forme actuelle de l’athéisme ? — L’atliéisiiie brutal et sinq)liste ne se rencontre pas dans le monde intellectuel. Mais il ne s’ensuit pas

que la philosophie contemporaine professe le théisme. A comparer les deux mots, tout terme moyen paraît exclu. Il semble qu’il faille opter entre l’athéisme et le théisme. L’histoire et la psychologie déconcertent la logique du langage. La plupart des penseurs coritemporains, en dehors du christianisme, ne sont ni athées ni déistes. Ils parlent de Dieu, mais d’un Dieu impersonnel. Plus exactement, ils reconnaissent le rôle du Divin dans le monde. Telle est la doctrine que trouve en face d’elle la théodicée classique : doctrine multiforme, indécise et changeante, dont il est plus aisé d’indiquer les négations que de formuler les aifirmations. Le Divin n’est pas un Etre distinct du monde, conscient et voulant comme une personne humaine. Telle est la partie négative de la théologie nouvelle, et telle est la forme générale de l’athéisme actuel. Quant à exprimer en une seule définition le caractère positif et précis du Divin, l’entreprise est chimérique. Le Divin n’est pas conçu de la même manière par "S’acheuot et jjar Rexan, par M. Marcel Hébert et par M. Hoeffdixg. Hegel, Hartmann, Schopenhacer,’! " aine représentent autant de théories différentes. A ne retenir que ces quatre derniers noms, on trouve déjà quatre notions rivales de la définition traditionnelle. A la place du Dieu personnel, on veut nous faire adorer soit l’Idée, soit l’Inconscient, soit la "’olonté aveugle, soit l’Axiome éternel.

Dans un récent ouvrage, nous avons exposé et discuté la forme générale et les négations communes de l’athéisme contemporain. Contre la doctrine du Dieu personnel, on invoque l’expérience. L’histoire témoignerait contrôla notion de monarchie divine. A la volonté de Dieu, la science opposerait l’efiicacité des lois. La psychologie moderne contredirait également les notions et les principes de la théodicée personnaliste. Ces objections contre l’existence d’un Dieu personnel ne sont pas irréfutables. L’histoire ne prouve pas que le Roi du ciel ait partie liée avec les rois delà terre ; mais, d’autre part, la supériorité de la démocratie politique n’est peut-être pas un dogme incontestable. Pas plus que la science ne supprime la métaphysique, les lois ne supplantent le Dieu de la théodicée personnaliste. D’abord, elles ont tout au plus la valeur d’idées générales qui, comme telles, et sans autre support, n’existent pas. Leur vérité est, à plusieurs points de vue, relative, leur cfiicacité dépendante. Quant à la psychologie, elle constate que, si la tendance à personnifier peut s’égarer, la pensée abstraite n’est pas non plus exempte d’illusions. Aucune conclusion de la psychologie n’a détruit la notion métaphysique de personne, la valeur du principe de causalité, la supériorité définitive de la pensée consciente, ni, par suite, la nécessité d’un Dieu personnel. (Dieu, l Expérience en métaphysique, p. 45-109, Paris, Rivière, 1907.)

III. Quelles sont les causes de l’athéisme ? — Nous étudions un cas bien grave et l)ien intéressant, mais pourtant un cas particulier, d’une question plus vaste : Pourquoi des hommes également instruits et renseignés (car le problème n’est embarrassant et ne mérite discussion que dans ces conditions), diffèrent-ils d’avis dans les matières morales, religieuses, philosophi (iucs ? Pourquoi, au sujet du Dieu personnel, trouvons-nous des adversaires et des partisans de la théodicée traditionnelle ? Encore une fois, on s’attarde aux abords du problème, quand on insiste siul’ignorance des athées, et quand on se berce de cette consolation, que s’ils connaissaient nos arguments, ils s’v rendraient. Que l’ignorance et la sufiisance soient le fait de vulgaires blasphémateurs, d’accord. Mais, s’il en est ainsi, leur cas ne présente aucune