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APOTRES (ACTES DES)


du Dictionnaire de théologie (Paris 1901, fasc. vi) de Vacant. Nous avons cité, au cours de notre article ci-dessus les publications récentes qui intéressent l’apologétique : Lightfoot >'. Paul' s Episth to ilte Galatians (Londres 1890, io « édition), renferme un iuiportant excursus sur le nom et le rôle d’apôtre : Harnack. Mission iind Aiisbreitung des Christentums (Leipzig 1906, 2e édition), livre III, cliap. i, sur les missionnaires du christianisme primitif, est riche de faits, mais tendancieux ; H. Moxmer, La notion de l’apostolat, des origines à Irénée (Paris 1908). est une thèse anticatholique, expose lono-uement les vues protestantes sur le sujet. On pourra consulter de l’auteur du jjrésent article L’Eglise naissante et le Catholicisme (P-Ai’is, 1909). chap. II, p. 46-48. P-Batiffol.


APOTRES (ACTES DES). — Les questions que suscite, au point de vue apologétique, le livre des Actes, se ramènent à l’analyse des données apologétiques qu’il renferme et à l'étude de la valeur historique qu’il possède. Nous examinerons brièvement : I la tradition sur l’auteur du livre des Actes ; II les données fournies par le livre luimême ; III les sources des Actes ; IV la valeur historique du livre des Actes ; V l importance apologétique du livre des Actes.

I. Tradition sur l’auteur du livre des Actes. — Les écrivains chrétiens de la lin du second et du commencement du troisième siècle attribuent unanimement à Luc, compagnon de Paul, la composition du livre des Actes ; Irénée, en Gaule (.J (/t. // « e/-., iii, 14, i ; 15, i) ; l’auteur du Canon de Muratori, probablement en Italie (1, 34-35) ; Clément d’Alexandrie (Strom., v, 12) ; Tertullien, en Afrique (De Jejunio, 10).

On peut remonter plus haut encore. Sans doute, les premières citations du livre des Actes que nous trouvons dans la littérature chrétienne ', ne nous renseignent pas sur l’autem-de ce livre ; elles promeut seulement son existence dans les premières années du second siècle. Mais on peut étaljlir avec une vraisemblance telle qu’elle exclut tout doute raisonnable, que Justin, au milieu du second siècle, regardait le troisième Evangile, et par conséquent aussi le livre des Actes (qu’il connaît) comme l'œuvre de Luc. L’apologète romain connaît, en effet, des Evangiles composés par des Apôtres et d’autres composés par des disciples d’Apôtres (Dialogue, io3) ; d’autre part, quand il emprunte certaines données au troisième Évangile, il évite toujours toute mention d’Apôtre (Apologie, I, 33). L’inscription du troisième Evangile

« selon Luc » est également très ancienne et date certainement de la première moitié du second siècle.

Si l’on veut réfléchir que le troisième Evangile, en raison de la dédicace, doit avoir porté le nom de son auteur, et qu’il n’a pu y avoir, semble-t-il, aucun motif pour attribuer cette œuvre à un disciple peu connu de Paul, on reconnaîtra aisément la grande valeur de la tradition sm-l’auteur du troisième Evangile et des Actes.

Les anciens témoignages sont assez sobres sur la vie de Luc. Les lettres de saint Paul nous apprennent

qu’il fut Grec de naissance, médecin (Col., iv, io-14)

et coopérateur de l’Apôtre (Philémon, 24 — II Tim.,

IV, II).

Les sources postérieures sont plus explicites. Luc serait né à Antioche de Syrie (Ecskbe, /I. E., iii, 4, 6).

1. Ignace, 5/7jy/n., 3 : Acl., x, k ; Magn., 5 : Act., ii, 25. — PoLYCAKPE, /'/(//., 1 : Act., M, 24. — Nous estimons que Clément {Cor., ii, 1) n a jias cité Act., xx, 35 : rf. Tlie Se^^ TcslameiU in the ApvstoUc Fathers, Oxfoid, laOô, ! >. '18.

Il n’y a pas de motif de révoquer en doute cette donnée ' qui est confirmée par une leçon très ancienne du livre des Actes (xi, 29). VArgumentum Evangelii secundum Lucam (Corssex, Munarcldanische Prologe, Te.rt. u. Unters., xv, 1, p. 7) croit savoir que Luc resta célibataire, composa son Evangile en Achaïe, et mourut en Bithynie.

Au quatrième siècle on a considéré Luc comme un des 72 disciples ; plus tard on l’a identifié avec le second disciple d’Emmaûs, le compagnon de Cléopas ; au cinquième siècle apparaît la légende de Luc, peintre de la sainte Vierge, dont on ne connaît pas l’origine. Ces dernières données n’ont aucune valeur historique.

II. Données fournies par 1 étude du livre luimême- — Après avoir étudié la tradition sur l’auteur des Actes, il convient de contrôler la conclusion pai l’examen interne du livre. Ici, est-il besoin de le dire, les opinions des critiques sont très divergentes. Tandis que les auteurs catholiques sont à peu près unanimes à déclarer que cet examen confirme la tradition, opinion que partagent bon nombre de critiques protestants, et non des moindres (Blass, Harnack, Pluuimer, Raïusay, B. Weiss), beaucoup de criticiues indépendants estiment, au contraire, que l’opinion traditionnelle devient insoutenable à la lumière de ce contrôle (H. Holtzmann ; Jiilicher ; Schiirer, Wendt). Généralement, ils reconnaissent, cependant, dans les Actes une partie qui dériverait d’un journal de Aoyage écrit par Luc, compagnon de Paul : à savoir les Wirstiiche'^.

Que nous apprend donc la lecture attentive des Actes au sujet de son auteur ?

Tout d’abord, il est évident que l’auteur du livre des Actes est un Grec de naissance. Il suffit de lire Act., xxviii, 1-4 : les habitants de Malte sont pour lui des « Barbares » . La période qui ouvre l'évangile est évidemment aussi l'œuvre d’un Grec. Act., vi, 5 ; XI, 19, 30 ; XIII, 1, 2 montrent clairement que l’auteur des Actes porte le plus grand intérêt à la ville d' Antioche. Ces conclusions sont également certaines dans l’hypothèse de l’identité et de la distinction de l’auteur des Wirstilche avec l’auteur des Actes.

Y a-t-il moyen de démontrer que l’auteur des Actes se sert si fréciuemment et si exactement de termes médicaux, qu’il doit avoir été médecin luimême ? Un médecin Irlandais, M. Hobart, a consacré sa vie à l'étude de cette question 3. Sans doute il a multiplié outre mesure les i^ termes médicaux » ; néanmoins sa thèse paraît bien prouvée. Nous renonçons à résumer ici cette preuve que l’on peut trouver ailleurs bien exposée. Mais nous devons faire remartpier une fois de plus que cette terminologie médicale se retrouve aussi bien dans les jr/ ; -, s/jà/>e que dans les autres parties des Actes et dans l’Evangile.

Il serait dilTicile de prouver, par l’examen interne du livre des Actes, en dehors des JVirstiic/ce, que l’auteur a dû être un disciple intime de Paul. Son pauliiiisme toutefois est suffisamment accentué pour un

1. M. Ramsay, qui a beaucoup étudié les écrits de Luc. croit que celui-ci était originaire de Philippes (S. Paul, The TravcUcr, p. 207 sv.) ; mais il n’est pas suivi.

2. On appelle de ce nom — que nous conservons faulo d’un ternie français analogue — 97 veiscts où l’auteur parle à la premièi-e personne : xvi, 10-17 ; xx. 5-15 ; xxi, 1-18 ; xxvii, 1-xxYiii, 16. Cène serait évidemment qu une partie de ce journal qui aurait été insérée dans les.ctes par un auteur posti-rieur.

3. The médical laiigua^e of St. Luke. Dublin, 1882.

h. Cf. Th. Zaiin, Einlcittuig in dus.. T., n^, p. 435 svv. ; A. Harnack, Lukas der Arzt…, 122-137 ; L. Jacqvier, Histoire des livres du Nouveuu Testament. 11, 445, 446. — Lire, par exemple, Act., xxviii, 1-10 ; Evangile, viii, 43, 44.