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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


l’abstrait ; elle ne suppose ni démonstration intrinsèque lies vérités révélées, ni nécessité physique ou logique de l’assentiment de foi, puisque celle-ci atteint son objet sous un motif différent, l’autorité de Dieu prise directement pour règle unique et suprême de l’assentiment. Qu’il y ait préalablement connaissance certaine du" fait de la révélation, l’assentiment de foi n’en reste pas moins contingent ; l'évidence même, à supposer qu’elle existât dans un cas donné, entraînerait, il est vrai, nécessairement un certain assentiment de l’esprit, mais ce ne serait pas l’assentiment de foi chrétienne.

Rien ne s’oppose donc a priuri à ce que les preuves utilisées en apologétique puissent être douées d’une eflicacité démonstrative. En réalité, qu’en est-il'? Sur le terrain philosophique, l’apologétique se trouve dans les mêmes conditions que la raison humaine prouvant l’existence d’un Dieu personnel, avec ses divers attributs, et déduisant de ces données primitives les conséquences relatives à la possibilité d’une révélation, à sa nécessité hypothétique et aux conditions qu’elle devra réaliser pour se faire reconnaître des hommes. Rien d’incoiupatilde avec l’idée d’une preuve vraiment décisive. Sur le terrain historique, tout se ramène tinalement aux motifs de crédibilité, qui établissent le fait du témoignag-e divin, appliqué soit à la révélation chrétienne en général, soit au magistère de l’Eglise catholique en particvdier. De ces motifs il en est, à la vérité, un certain nombre qui, pris en eux-mêmes, ne sont pas décisifs, on l’a déjà vu. D’autres fois, les preuves de la révélation ou ne sont pas telles, ou ne sont pas proposées de telle sorte qu’elles soient régulièrement capables de produire une certitude al)Solue ; c’est le cas courant de la foi des simples, où les motifsde crédibilité sont proportionnés à la portée de leurs esprits et ne mènent qu'à une certitude relative, d’ailleurs sullisante, du fait de la révélation ou du magistère divin de l’Eglise. Il n’est évidemment pas question alors de démonstration scientifique.

Mais la certitude absolue au sens indiqué ci-dessus, ne iieut-elle pas résulter de quelques preuves, présentées dans toute leur ampleur et leur ellicacité, en particulier des preuves mises au premier rang dans l’apologétique classique, celles qui se tirent des prophéties, des miracles et autres faits divins du même genre ? Tel est bien l’avis commun des tenants de cette apologétique, et telle est aussi, semble-t-il, la pensée des Pères du concile du Vatican, quand ils appellent ces critères externes des signes très certains, en mêuie temps qu’appropriés à l’intelligence de tous, et qu’ils voient dans le grand et perpétuel motif de crédibilité qu’est l’Eglise catholique, considérée dans son histoire et dans son action, un témoignage irréfragable de sa mission divine.

L’apologétique ne mérite, même au sens large, le titre de science que dans les limites et sous le rapport où elle peut fournir des preuves d’une valeur absolue, logiquement reliées entre elles et avec leur objet ; mais dès qu’on la suppose constituée en doctrine distincte et autonome, il en est d’elle connue de toute autre science, i>ar exeuq)le la tliéologie, qui poursuit la lolalité de son ol>jet par voie non seulement de démonstration rigoureuse, mais de siuq)le preuve. L’apologétique, envisagée de la sorte, n’est donc pas moins apte qtu ; la tliéologie apologétique à grouper sous un même objet formel et en vue d’un même but les preuves d’inégale valeur qui concernent le fait de la révélation. Si le théologien a sa science propre pour l'éclairer, rajjologète a sa foi ; car l’apologèle de profession est nécessairement un croyant. Croyant, il connaît d’avance, couiine le théologien, la réaUté du tenue qu’il poursuit, et l’aiJlilude sulli sante, que peuvent posséder, en dehors même d’une valeur absolue, certains arguments, pour amener au jugement j>ratlque de crédibilité.

Bibliographie. — i. Apologétiques en latin. — D’abord, les traités De vera lieligione et De Ecclesia, qui font partie des cours complets de théologie : Liebermann, IvnoU, Perrone, Kenrick, Hurter, Tepe, G. Peseh, A. Tanquerey, et.auti-es. Puis, un certain nombre de traités séparés : M. Hagen, IJemonstratio religionis christianae catliolicæ Augsbourg, 1831 ; J. Schwetz, Tlieologia fundainentalis seu generalis, Vienne, 1850 ; R. Cercla, S. J., Demonstratio catholica sive tractafus de Ecvlesia vera Christi et de Romano Ponti/ice, Xaples, iS^g ; Murray, De Ecclesia Christi, Londres, 1860 ; F. H. Reinerding, Tlieologiae fundamentalis tractatus duo, Munster, 186^ ; Gatti, O. P., Institutiones apologetico-polemicae de veritate ac di’initate religionis et Ecclesiue catliolicae. Rome, 186C-1867 ; Brugère, De vera Religione, De Ecclesia Christi, Paris, 1878 ; G. M. Janssens^ Prælectiones theologiae fundanientalis, Utrecht, 1875-1876 : J. Stadler. Theologia fundanientalis, Agram, 1880 ; C. Mazzella, S. 3., Prælectiones scholaslico-dogntaticae de Religione et de Ecclesia, 2e éd., Rome, 1880 ; T. M. Zigliara, O. P., Propædeutica ad sacrum theologiani in usiini scholarum seu tractatus de ordine supernaturali, ]oinc, 188/{ ; J. V. de Groot, O. P., Suninia apologetica de Ecclesia catholica ad menteni.S. Tlioniae Jquinatis, Ratisbonne, 1890 ; F. Egger, Enchiridion theologiae dogniaticae generalis, Brixen, 18g3 ; G. Wilmers, S. J., De Religione res’clata lihri quinque : De Christi Ecclesia libri sex, Ratisbonne, 1897 ; L Ottiger, S. J., Theologia fundanientalis. Tome I, De revelatione supernaturali, Fribourg, 189-.

2. Apologétiques en langue vulgaire. — A. Berlage, Apologelik der Kirche, oder Begriindang der Gottlichkeit des Christenthuins, Munster, 1834 ; J. S. von Drey, Die Apologetik uls ivissenschaftliche ?>'achweisuug der Gottlichkeit des Christentunis in seiner Ercheiniing, Mayence, 1838-1848, ouvrage de bonne initiative, malgré la tendance à trop donner aux vues personnelles ; J. B. Boone, S. J., Manuel de rapologiste, iru-s.cllvs, iSbo-1801 ; J.Friedlioff, Griindriss der katholischen Apologetik, Munster, 1854 ; Denzinger, Vier Biicher von der religiosen Erkenntniss, Wurtzbourg, 1856-1857 ; J. B. Heinrieh, Die Be^^eise fiir die U’ahrheit and IS’othwendigkeit des Christenthunis und der Kirche, Mayence, 1863 ; J. Sprinzl, Ilandbuch der fundamentaltheologie als Grundlegung der kirchlichen Théologie von religions philosophischen Standpunk te bearbeitet, Vienne, 1876 ; F. Heltinger, /.ehrbiich der Fundamental-Theologie oder Apologetik. Fribourg, 1879, trad. fse par l’abbé P. Lîélet, Paris, 1888 ; H. Wedever, Grundriss der Apologetik fiir obère Klassen hoherer Lehranslalten und fitr gebildele l.aien. Fribourg. 1880 ; ^V. Devivier, S. J., Cours d’apologétique chrétienne. Paris, 1884 ; JBautz, Grundziige der christlichen Apologetik, Mayence, 1887 ; C. Gutberlet, Lehrbuch der Apologetik, Munster, 1888 ; P. Ilake, Kutolische Apologetik fiir Gijninasialprima. Fribourg, 1890 ; J. Didiot. Logique surnaturelle objective, Lille, 1892 ; A. Schill, Principienlehre. I.ehrbuch der Apologetik, Paderborn, iSgS ; A. Slockl, Lehrbuch der Apologie. Mayence, 1895 ; Al.von ^chnùd, Apologetik als spéculative Grundlegung der Théologie, Fribourg, 1900 ; C. Labeyrie, La science de la foi, La ChaI)elle-Montligeon, 1908 ; S. AVeber, Christliche Apo-