Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

I 217

APOLOGETIQUE. APOLOGIE

218

//) Eglise anglicane. — On y retrouve d’abord les mêmes courants qu’au xviii' siècle. VEvidential School garde ses représentants, en particulier parmi les théolog-iens de l’ancienne école dOriel, comme Wn.vTELY, plus tard archevêque de Dublin, Davisox, Hawkins. La notion traditionnelle du christianisme, religion positive et surnaturelle, la valeur probante des critères externes, miracles, prophéties, effets historiques du christianisme, sont maintenues dans des ouvrages d’apologétique proprement dite (Keith, Thom. Chalmers, Mac Ilvaixe, Isaac Taylor, Storrs, Mead).

Certains auteurs qui s’attachent aux critères internes, comme Tii. Erski.ne, ne les opposent pas aux externes, mais veulent seulement qu’il y ait connexion entre les uns et les autres. Par contre, les preuves historiques de la religion sont non seulement négligées, mais dépréciées par S. Taylor Coleridge, F. Davisox, Maurice et ses autres disciples, sous l’influence combinée d’idées butlériennes et kantistes ; concevant Dieu comme immanent à l’homme et comme o]>jet immédiat de la conscience, ils placent la crédibilité de la religion dans une sorte d'équation ou de coïncidence, immédiate aussi, entre ce que notre conscience nous dit de Dieu, de nos devoirs et de nos besoins religieux d’une part, et, de l’autre, les données de la révélation. Conception qui, chez beaucoup, se modilie encore sous l’action de deux autres courants.

L’implantation en Angleterre du criticisme germanique a pour résultat la mise en cause des bases liistoriques du christianisme, considéré connue religion positive et surnaturelle (Essors and 7?et'/eus, 1861 ; Supernatural Res’elation. au Inqairy into the realiiy of divine révélation, 1874)- L’apparition de la théorie darwiniste de l'évolution ou du progrès continu et son application aux vérités religieuses amène à soutenir non plus seulement une certaine analogie entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, mais encore l’identité des lois qui les régissent, en particulier la loi de stricte continuité dans le développement de la révélation, présentée dès lors comme une manifestation de la raison divine ou du Logos qui commence avec la création et se poursuit logiquement dans la conscience de l’homme ou celle du Christ, sans que nulle part apparaisse de distinction entre révélation virtuelle ou métaphorique et révélation loriuelle ou proprement dite (H. Drlmmoxd, S. Marris, etc.). On arrive ainsi à un christianisme ou purement moral, sans attache fixe au dogme, ou libéral, les dogmes perdant, en tout ou en partie, leur signification traditionnelle, parfois même toute signiiication absolue ; ce qui aboutit linalement à la destruction, par voie de transformation, du christianisme historique (Essays and Iieviei’s ; Seeley ; IIensloav ; E. Garland Figg ; Mallock, dans ses derniers ouvrages).

Le cliristianisme, considéré dans son caractère surnaturel et ses bases historiques, notamment les prophéties et les miracles, ne manque pourtant pas de défenseurs (Mansel, Heurtley, Fisiier, Lighteoot, Kennedy, Row, Murray), etc. Toutes les preuves de la religion utilisées par rapologéticpie anglicane ont été exposées et groupées suivant une division en quatre règnes (pliysique, psychique, moral, spirituel), par T. V. Crafer, dans l’article « Apologctics » de VEncyclopædia of Religion and Elics, éditée par J. Hastings, t. I, p. Goi-6123, Edimbourg, 1908. On trouvera, p. 613, la conslalalion de ce fait signilicalif : la préoccupation de soustraire les bases de la foi chrétienne aux attaques de la science et de la critirpumoderne contre les miracles physiques.1 eu pour résultat de faire mettre au premier i)Ian, dans

l’apologétique anglicane, ce qui peut se vérifier actuellement comme fait d’expérience religievise, ce qui touche au côté moral du christianisme, et spécialement le caractère de son fondateur. L’auteur du même article range, sous la z’ubrique générale d’arguments apologétiques, non seulement les preuves directes du christianisme, mais aussi celles de l’existence de Dieu et d’autres vérités connexes. C’est là encore un procédé familier à beaucoup d’apologistes anglicans (Bruce, Illingworth, etc.) ; ils envisagent et défendent le christianisme et comme fait historique ou religion positive, et comme philosophie présentant une conception du monde et de ses rapports avec Dieu qui s’oppose aux théories courantes du panthéisme, du matérialisme, du déisme, de l’agnosticisme.

Signalons enfin, sans nous y arrêter davantage, le livre de W. Mallock, Is Life n’ortJi living ? Londres, 1881, et celui de M. Balfour sur les Bases de la croyance, Londres, 1897, apologie indirecte de la religion par la mise en relief de son utilité morale ou sociale ; et ces systèmes actuels d’apologétirjue, agnostic£ues ou apparentés à l’agnosticisme, coiume le pragmatisme de W. James, l’humanisme de Fr. Schiller et autres conceptions analogues, dont les auteurs, présupposant que les éléments rationnels de la connaissance, pris en euxmemes, restent pour nous sans valeur ferme, prétendent justifier les vérités religieuses par leur capacité d’adaptation à la vie réelle.

c) Eglise réformée de France. — Le mouvement apologétique n’offre presque rien de notable. La tendance à mettre en relief la preuve interne ou expérimentale, déjà remarquée chez les anciens théologiens de cette EgUse, ne fait que s’accentuer chez ceux de leur coreligionnaires qui, sans avoir composé ex professa des démonstrations ou défenses de la foi, ont cependant écrit des ouvrages d’allure apologétique (A. Vinet, Jalaguier, Guizot, SecréTAX, etc.). Lichtenberger, art. cité, p. 443.Chez d’autres, tels que A. Réville et A. Sabatier, la tendance aboutit aux positions extrêmes du j)rotestantismc libéral.

Bibliographie. — K. H. Sack, Christliche Apologeti/> Hambourg, 1829 ; C. Ullmann, Bie Siindlosigkeit Jesu. Eine apologelische Betrachtung, Gotha, 1833 ; l’eber den untersclieidenden Character, oder das Wesen des Christentanis, Hambourg, 1845 ; Tholuck, Gesprach Hier die vornehmsten Glaubensfragen der Zeit, Gotha, 1846 ; G. von Zezschwitz, Zar Apologie des Christentums, Leipzig, 1865 ; F. Dclitzsch, System der christlichen Apologetik, Leipzig, 1869 ; C. E. Baumstark, Cliristliche Apologetik auf anthropologischer Grundlage, Francfort, 1872-1889 ; Christlicb, Die besten Methoden der Bekdnipfung des iiiodernen Unglauhens, Gutersloh, 1874 ; JH- A. Ebrard, Apologetik. Wissencliaftliche Rechtfertigung des Christentums, Gutersloh, 1874-1875 ;  ! . A. Dorner, Apologetik, Berlin, 1879 ; E. G. Steude, Evangelisclie Apologetik, Goiha, 1892 ; IL Schultz, G/7///(//'/s.sder christlichen Apologetik, Gocltingue, 1894.

Th. Erskine, Reinarks on the internai évidence for the truth of revealed religion, 5° éd.. Edimbourg, 1821 ; A. Keith, Evidence of the trath of the Christian Religioii, derived froni the literal fidfilment of Prophecr, 3<^ M., Edimbourg, 1828 (Déni. év.. t. XV) ; C. P". Mac Ilvaine, The évidences of Christianity in their external division, exhibited in a course of Lectures, Londres, 1833 ; Th. Chalmers, On the miraculous and internai évidences of the Christian