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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


bcrj ; -. l 'jôo-i 782 ; Less, ^(M('('.sder Jf’alirheit der christliclieii lioligiun, Brème, 1768 ; Xoesselt, Vertheidigiing der Wahilieit und Gottlichkeit der christlichen Religion, a*" édit., Halle, 1767 ; Roscniuûller, Historisciier Ben-eis der Walirheit des cfiristlic/ien Religion, 1771 ; A. Aon Haller, Briefe ither die yornehmsten Walirheitender O/fenharung. Bcvnc, 1772 ; Briefe ither einige Eimviirfe nocli lebender Freigeister a-ider die Offenhariing, Berne, 1774 ; Jérusalem, Betrachtungen iiher die vornehmsten Wahrheiten der Religion, Berlin, 1778-1779 ; Toellner, Versuch eines Be^ieises der christlichen Religion fiir Jedermann. Mietan, 1772 ; Kleuker, Neue Priifung und Erhlarung der yorzïigliclisien Beweise fiir die IVahrlieit und die gôftlicfie Uisprung des Christenthums, « r/e der Offenbarung iiberltaupf. Rif^a, 1787 ss. ; Winzenmann, Die Geschichte Jesu jiach Matthdas, als Selbstbeweis ihrer Zm’erlâssigheit, Leipzig, 1789. — Voir, en outre, Werner, ouA". cité, p. 131-136.

3. l’apologétique catholique, aux AT//* et A’VIIJ' siècles. — La lutte fut surtout vire en France, où l’attaque contre le christianisme traditionnel fut aussi violente dans la forme que radicale dans la négation. Au xvii siècle, avant l’explosion complète de cette poussée d’incrédulité, trois grands hommes contribuèrent, chacun à leur manière, à la défense religieuse. Bossuet, dans le Discours sur l’histoire universelle, se fait l’apologiste de la Providence ; IIiKT, dans sa Denionstratio evangelica (1679), développe surtout l’argument des prophéties, et par cela même est amené à établir d’abord l’autorité historique des livres saints ; Pascal, dans ses Pensées, pose les éléments d’une apologie qui, en face de la précédente, a sa part d’originalité. Pascal et Huet appartiennent à une même génération, étant nés le pi’emier en 1628, le second en 1630 ; il y a chez eux un fond commun, car sil'évêque d’Avranches appuie sa démonstration sur les preuves d’ordre historique, miracles et prophéties, l’esquisse d’apologétique qui nous reste de Pascal comprend aussi ces deux chefs de T^reie ?, . Pensées, sect. IV, n" 28g, 290, t. II, p. 210, 21 1, comparés avec le Plan de l’apologie d’après Mme Périer, t. I, p. ccxli, édit. Brunschvicg, Paris, 190/1. Mais, tandis que Huet, en érvidit qui sait manier la méthode positive, s’efforce d’abord de prouver l’authenticité et l’autorité humaine de l’Ecritiu-e, pour en tirer, à l’aide des critères externes, une preuA’e à son a^is démonstrative, Pascal, d’esprit plus philosophique, met en relief d’autres aspects, tirés des grands problèmes soulevés par la vue du monde et de notre propre nature ; surtout, il se préoccupe d’abord de montrer que la religion n’est point contraire à la raison, qu’elle est A'énérable, parce <{u’clle a bien connu l’homme, puis de la rendre aimable, parce qu’elle promet le vrai bien, pour faire souhaiter aux bons qu’elle soit vraie ; cela fait, il établira enfin qu’elle est vraie, n « 187, t. II, p. 98. Et quelles seront les preuves ? « Morale, Doctrine, Miracles, Prophéties, Figures », no 290. Pascal ne change donc pas les preuves traditionnelles, toutes ces raisons étaient connues et avaient été utilisées ; mais il commence par la préparation morale et affective du sujet, il l’attire peu à peu vers la religion par l’amour du beau et du bon, pour lui en faire admettre finalement la vérité. C'était sagesse ; car l’auteur des Pensées voyait autour de lui des incroyants dans le genre de ceux qui avaient suggéré au théologien calviniste Amyraut son Traité des religions contre ceux qui les estiment toutes indifférentes.

Au xviiie siècle, le siècle des encj^clopédistes, les apologistes sont légion. Si la qualité ne répondit pas

à la quantité, si le génie ne fut pas de leiu' côté, ces défenseurs de la foi chrétienne n’en firent pas moins œuvre sérieuse et solide. Avec un zèle infatigable, ils s’opposèrent à l’incrédulité sur tous les points où l’attaque fut portée. Des théologiens développèrent ou résumèrent avec science et clarté les principaux fondements de la révélation (Denise, Houtteville, Bergier, dom Lami, Buffier, Laberthome), ou défendirent avec érudition des points d’une importance spéciale, comme les prophéties (Baltus) et l’autorité historique des livres saints (Duvoisin, Fabricy). D’autres relevèrent finement les erreurs et les contradictions des encyclopédistes, de Voltaire en pai’ticulier, ou bien, dans des Dictionnaires et Catéchismes philosophiques, suivirent les adversaires sur le terrain des préauïbules de la foi et de ses rapports avec la raison (Guéxée, Xonnotte, de Feller, Para DU Phanjas, Barruel). Des évêques, comme Lefranc de Pompigxan et le cardinal de La Luzerne ; des hommes d’autorité, comme d’Aguesseau ; des poètes, comme Louis Racine et le cardinal de Polignac, prirent directement à partie l’incrédulité ou tentèrent de réveiller le sentiment religieux.

En dehors de la France, la nécessité de réagir contre les mêmes attaques suscite, en Italie, à partir de la fin du xvii*" siècle, en Allemagne, dans la seconde moitié du xaiii"", un mouvement apologétique analogue, mais moins étendu. Là encore, ce sont des traités polémiques contre l’incrédulité et ses formes diverses (Segneri, Moniglia ; Neubauer) ; des apologies de la religion, ou générales (Concina, Noghera ; B. Mayr, Jordan Simon), ou particulières, ayant surtout pour objet l’authenticité et la véracité des Ecritures (Fassini ; Veitii, Goldiiagen) ; des études portant sur les A'érités préliminaires à la foi, ou prenant la question dans ses rapports avec la raison et la philosophie (Gerdil, Muzzarelli ; Storciienau) ; et, ce qui est plus important du point de vue qui nous occupe, parce qu’en cela l’apologétique va se précisant et se délimitant, des démonstrations directes et positives du christianisme et du catholi cisme(GoTTi, A^alsecchi, saint Alphonse de Liguori ; M. Gerbert, Stattler, Zimmer).

Ces apologistes catholiques restent traditionnels dans leur notion de la foi, foi d’autorité, et de la crédibilité qui s’y rattache. Si beaucoup d’entre eux défendent, du point de vue rationnel, la possibilité, la convenance et, dans une certaine mesure, la nécessité de la révélation, leur démonstration prise dans sa totalité n’abstrait pas du fait même de la révélation, fait qu’ils prouvent en se plaçant sur le terrain historique, et en se servant principalement des critères externes. Mais parfois il y a influence de la philosophie contemporaine ou de l’air ambiant : en France, par exemple, Houtteville ne s’est pas assez gardé d’une définition naturaliste du miracle, et V Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac est plus que teinté de cartésianisme ; en Allemagne, Stattler, dans sa Démonstration catholique, et Beda Mayer, dans son apologie de la religion, ont poussé l’amour de la paix ou le désir d’allécher les protestants, jusqu'à un degré de conciliation ou de compromission qui a fait censurer leurs ouvrages.

Le résultat le plus notable du mouvement apologétique de cette époque, c’est l'élaboration des traités de la Religion et de l’Eglise. Pas plus au mojen âge qu’aux siècles antérieurs, l’apologétique ne nous est apparue comme formant un tout distinct. Les éléments dont la synthèse devait amener ce résultat, existaient l)ien, mais épars, soit dans des apologies, soit dans des sommes doctrinales où l’apologétique restait une fonction de la théologie, usant de ses propres principes et de ses procédés pour défendre