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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE

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historique des fondements de la révélation, des miracles en particulier. C’est alors surtout qu’apparaissent les apoloj-istes de VEvideiilial Scliool ; ils posent la démonstration chrétienne sur le terrain historique, défendent la véracité des témoins du Christ et celle de l’histoire évangélique, utilisent, non pas d’ime façon exclusive, mais directement et principalement, les miracles et autres critères externes, d’après un procédé purement critique et en les isolant de leurs présupposés philosophiques ou moraux. Ecole dont le représentant-type est l’archidiacre de Carlisle, W. Paley, et que Mig : ne a largement mise à contribution dans la collection des Démonstrations é-aiigéliques (Leslie, Sherlock, Dittox, Lardxer, etc.).

En Allemagne, Leibxitz (7 1716), défenseur ardent de la très sainte Trinité contre les sociniens, conçoit l’apologétique d’un point de vue scientifique, critique et très intellectualiste, en la basant sur la théodicée naturelle et la démonstration de la révélation divine par le miracle. Dans l’esquisse d’apologéti({ue publiée par les Acta eriiditorum de 1707 (Leipzig), p. 163 ss., WoLF part aussi de la théodicée de l’existence de Dieu et de ses perfections, pour en déduire, étant donné l'état actuel de l’humanité, la nécessité d’une révélation divine immédiate, et sa réalisation dans les écrits des prophètes et des apôtres, et cela, d’après un procédé de démonstration a priori, dont la rigueur lui semble géométrique, niea enim methocins rigorem detnonstrandi geumetricum constanter observai. Quand, Aers le milieu du xviii* siècle, le rationalisme pénétra dans l’Europe centrale, il y eut comme en Angleterre un mouvement de réaction, moins étendu et moins Aarié. En somme, les apologistes de cette époque restèrent les champions du christianisme, conçu comme religion jîositive et surnaturelle, soit en défendant la révélation contre les attaques des libres penseurs (Euler, Haller), ou, d’une façon plus générale, contre les athées, les sceptiques, les déistes et les indifférents (Mosheim, 5 « "oesselt), soit en réfutant patiemment toutes les objections accumulées par les incrédules contre les livres saints (Lilienthal), soit en établissant positivement la vérité de la religion chrétienne par des preuves diverses, mais traditionnelles : les uns insistent surtout sur les prophéties (Rosexmuellkr) ; les autres, sur la vie de Jésus-Christ ou l’histoire évangélique prise dans leur réalité concrète (WixzEN.MAXX, Klelker.Toellxeu) ; d’autres ajoutent à la preuve des miracles et des prophéties, celle qui se tire des effets intérieurs et extérieurs du christianisme (Less). Mais chez ce dernier, comme chez Jérusalem et autres apologistes préoccupés avant tout de rendre la religion acceptal)le aux hommes de leur temps, l’influence du piétisme ou de la philosophie de Wolf, ou des deux à la fois, se fait vivement sentir et, en réalité, favorise la grande évolution qui allait s’accomplir au xix* siècle, et dont la publication, faite en 1778 par Lessing, des fragments de Wolfenbiiltel, de Sauiiu-l lleimarus, fut comme le signal en Allemagne : é olulion de la notion traditionnelle du christianisme à celle d’un christianisme psychologico-mystique, dépouillé, dans son essence, de tout caractère dogmatique et réduit à peu près à la partie morale de la religion naturelle. Voir Lichtenbergcr, ouv. cité, art. Jérusalem, t. VU, p. 29/4 ; Hauck, Realencykloptidie fiir protrsiantisclie Théologie and Kirclie, art. I.ess, t. XI, p. 406, 3e édit., Leipzig, 1902.

Bibliographie. — Duplessis-Mornay, Ue la sérité de la religion chrétienne contre les athées, épicuriens, païens, juifs, mahumédistes et autres infidèles, Anvers, 1579-1581 ; Amyraut, Traité des religions, contre ceux qui les estiment toutes in différentes. Saumur, 1631 ; Abbadie, Traité de la 'érité de la religion chrétienne, Rotterdam, 1684 ; Jacquelot, Conformité de la foi avec la raison, ou défense de la religion contre les principales difficultés répandues dans le Dict. hist. et crit. de Barle, Amsterdam, 1705 (Déni, év., t. VII) ; J. Vernet, Traité de la vérité de la religion chrétienne, tiré du latin de M. J.-A. Turretin, 1730, 2' éd. Lausanne, 177a ss. ; Ch. Bonnet, Ilecherches philosophiques sur les preuves du christianisme. Genève, 1770 ; J.-A. Deluc, Lettres sur le christianisme, Berlin, 1801 (Déni. eV., t. XII).

Stillingfleet, Origines sacræ rational account of the grounds of religion. Londres, 1662 ; R. Bentley, A confutation of Atheism, or eight Sermons preached at Boyle’s Lectures, Londres, 1692 (/>?'/ « . év.. t. IX) ; J. Locke, The reasonableness of Christianity, as delivered in the Scriptures, Londres, iGgS (Dém. év.. t. IV) ; Ch. Leslie, A short and easy method t^'itli tlie deists. Londres, 169g, etc. (Déni. év.. t. IV) ; Clarke, T/ie obligations of natural religion, and the truth and certainty of the Christian révélation, Londres, 1706 (Dém. év., t. "^ ; Ditton, A discourse concerning the résurrection ofJesus-Christ, Londres, 1712 (Dém. év., t. VIII) ; J. Addison, The évidences ofthe Christian religion, œuvre posthume, Londres, 1730 (Dém, év., t. IX) ; Chandler, A defence of christ ianityfrom the prophecies ofthe old testament, Londres, 1725 ; Sherlok, Thetryal oftlie<.itnesses of the résurrection of Jésus. Londres, 1729 (/)é/H. év.. t. VII) ; J. Conybeare, A defence of revealed religion, Londres, 1732 ; Xewton, Observations iipon the prophecies of Daniel and the Apocalypse of St. John, Londres, 1733 ; J. Butler, The analogy of religion, natural and revealed, to the constitution and course of nature, Londres, 1736 ; G. Campbell, A dissertation on mii-acles. containing an e.ramination ofthe principles advanced by David LLume. 1-^sq.. in an Èssay on miracles. Edimbourg, 1762 ; AVarburton, The divine légation of Moses demonstrated on the principles ofa religions Deist, Londres, 1738 ; G. Burnet, A defence of natural and revealed religion, 1737, recueil d'écrits publiés pour la fondation Boyle, et traduits en français sous le titre de Défense de la Religion tant naturelle que révélée contre les infidèles et les incrédules, La Haye, 1738-1744 ; Lardner, The credihility ofthe Gospel //78/07-J, Londres, 1 741-1755 ; Leland, The advantage and necessity of the Christian révélation. Londres, 1772 (Déin. év., t. VII) ; Jennings, A vie^v ofthe internai évidence of the Christian révélation. Londres, 1776 (Dém. év., t. XI) ; Paley, A viav of the évidence ofchristianity, Londres, —C) ! (Dém. év.. t. XIV). — Voir, en outre, Werner, Gescliichte der neuzeitlichen christlich-hirchlichen Apologetik. p. 75, 80, 102-112 ; F. W. Macran, English Apologetic Theology. Londres, ujoS ; V. Rocher, L.es Apologistes du christianisme au XVIT siècle : Pensées de Bacon, Kepler, Newton et Euler, Paris, 1880.

Lril)nitz, Epist. W ad Th. Spizelium ; L.ettre V° à Burnet, Opp., t. V, p. 345 ; t. VI, p. 240. ss., Genève, 1768 ; Systema theol., p. 20 ss., dans E.r position de la doctrine de Leibnitz sur la religion, publiée par M. Emery, Paris, 1819 ; Euler, Essai de défense touchant la révélation divine contre les esprits forts, Berlin, 1747 ; Lettres à une princesse d’Allemagne sur divers sujets de pliysiqae et de philosophie, Saint-Pétersbourg, 1768 ; Mosheim, Entuurf der theolugiae antideisticæ Giessen, 1707 ; Lilienthal, Die l^ute Sache der in der hl. Schrift des A. und y. T. enthaltenen gôttlichen Offenbarung Kvider die Feinde derselben erwiesen und geretlet, Kœnigs-