Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée
201
202
APOLOGETIQUE. APOLOGIE


féconde cliarité dont il est le témoin ; d’où cette réflexion, c. VI : « Si Dieu abhorrait le christianisme, il n’en soufl"rirait pas la propagation et l’aflermissement continuels », P. L-, t. CLXX, col. 817. L’humble recours à la prière et le secours intérieur de la grâce firent le reste. Au xiv' siècle, Jkrôme de Sainte-Foi (Josua Lorki) continue la tradition, dans son Hebræomastix : de même, au xv", Paul de Sainte-Marie ou de Burgos (Salomon ben Levi), dans le premier livre de son Scrutinium Scviptuvcirum où, sous la forme d’un dialogue entre Saul et Paul, il s’attaque aux erreurs de ses anciens coreligionnaires.

A part le Dialogue d’Abklard, incomplet, obscur et imprégné de tendances rationalistes, où il semble donner à un philosojîhe païen, pour toute raison de préférer le christianisme, la supériorité de sa doctrine et de sa morale, particulièrement en ce qui concerne la fin dernière de l’homme, tous ces écrits tournent, en général, dans un cercle d’idées assez restreint. Défense des dogmes chrétiens spécialement attaqués pas les Juifs ; preuve de la messianité de Jésus-Christ par la réalisation en sa personne des propliéties et des figures de l’Ancien Testament, par l'époque et les circonstances de son avènement, par son caractère et ses œinres, par les signes dont il a marqué la mission de ses apôtres ; doctrine de la substitution de la loi nouvelle, parfaite et éternelle, à la loi ancienne, imparfaite et temporaire ; confirmation des mêmes vérités par la ruine de la nation juive et la cessation du culte judaïque, tandis que la vitalité du christianisme va toujours croissant ; parfois, discussion des calculs chronologiques dont les rabbins se servaient pour éluder les prophéties, celle de Daniel en particulier : tel est le fonds commun de cette littérature antijuive. L’apologie antimusulmane est la même en substance pour ce qui concerne la défense des dogmes clirétiens et la preuve du caractère messianique de Jésus-Christ ou de la mission divine des apôtres et de l’Eglise ; elle diff"ère naturellement dans la partie oflensive ou la réfutation des prétentions de Mahomet et de ses adeptes. Les auteurs chrétiens montrent que le Coran ne peut en aucune façon se réclamer des écrits prophétiques de l’Ancien Testament, que Mahomet n’a pas prouvé sa mission par de vrais miracles, qu’au contraire sa vie, sa doctrine, sa morale, la façon dont il a propagé sa religion manifestent clairement qu’il n’a pas été, qu’il n’a pas pu être un envoyé de Dieu, un vérital)le prophète ; ce qui amène parfois ces apologistes à établir la transcendance de l’Evangile par rapport au Coran, par exemple le ꝟ. Ricol.D dans son Propugrtacuhun, c. xvi. De Evangelii ad Alcoraïuini excellencia.

liiBLioGHAPiiiE. — S. Isidore, De fide caihoUca ex veteri et uovo Testamento conlra Jiidæos, P. L., t. LXXXIII, col. 449-538 ; S. Hildefonse, De yirgiiiilate perpétua sanctae Mariae adscrsus très infidèles (ouvrage dont rol)jet réel dépasse le titre), P. L., t. XCVI, col. 53— 100 ; S. Julien de Tolède, De comprobatione aetalis sexiae libri très, P. L., t. XCYI, col. 53 ; -586 ; S. Agol)ard, De insolentia ludæornm ; De jiidaicis siiperstitionibtis.P, /.., t. CIV, col. 69-76, 77-100 ; S.Amolon, I.iber conlra Jtidæos, P. Z., t.CXYl, col. 141-184 ; S. Full)erl, Traciatiis contra Judæos ; P. A., t. CXLI, col. 305-318 ; S. Pierre Damien, Antilogus contra Judæos ; Dialogus inter judæum reqttirentem et christianume contrario respondenteni (Opusc. II et III), P, L., t. CXLV, col. 42-58, 57-68 ; Gisl. Crispin, Disputatio jiidæi cum cliristiano^ P. /.., t. CLIX, col. ioo5-io30 ; Rupert, Annulas, s/fc dialogus inter christianum et judæum, P. /..,

CLXX, col. 559-610 ; Xhél&rd, Dialogus inter philosophum, Judæum et christianum, P. Z., t. CLXXYIII, col. 1343-1364 ; Pierre le Vénérable, Tractatus ads’ersus Judæorum inveteratam duritiem ; Ad’ersus nefandam sectam Saracenorum libri duo, P. L., t. CLXXXJX, col. 507-650, 661-720 ; Pierre de Blois, Contra perfidlam Judæorum, P. Z., t. CGVII. col. 825-870 ; ꝟ. Ricold de Montecroix, da Monte di Croce (-J* 1320), Propugnaculum pdei adversus mendacia Saracenorum Alcorani, traduit en grec (sous le nom de F.Richard) par le moine Dénié trius Cydonius, Bàle, 1543 ; P. G., t. CLIV, col. io35 ss. ; en grec et en latin, Bàle, 1550.

Ouvrages de Juifs com-ertis : Paulvlvarede Cordoue, Epist. XIV, XVI, XVIII, P. L., t. CXXI, col. 478, ', 83, 492 ; Samuel de Maroc, De ad’e^itu Messiae præterito liber, P. L., t. CXLIX, col. 335-368 ; Pierre Aljjhonse, Dialogi, in quibus inipiae Judæorum opiniones evidentissimiscum naturalis, tum coelestis philosophiae argumentis confutantur, quædamque prophetarum abstrusiora loca explicantur, P. L., t. CLVll, col. 535-672 ; Hermann, Opusculum de sua com-ersione, P. L., t. CLXX, col. 803836 ; Rajmond Martin (-j— 1286), Pugio fidei adversus Mauros et Judæos, composé en 1278, imprimé à Paris en 1642 et 1 656, puis à Leipzig, en 1687 ; Jérôme de Sainte-Foi, Contra Judæorum perfidiam et Talmuth Tractatus si’e Libri duo, composés à Rome en 1412, imprimés plus tard, en particulier sous le titre de Hebæo mastix, s’index impietatis et perfidiae judaicæ Francfort, 1602 (cf. M. de laBigne, Maxima bibliotheca s’eterum Pair um et antiquorum scriptorum, t.XXYI, p.528, Lyon, 1577) ; Paul de Burgos (-|— 1435), Scrutinium Scripturarum, ou Dialogus Sauli et Pauli contra Judæos (Strasbourg, 1 469). — Pour plusieurs de ces ouvrages, voir J. Martin, ou>. cité, t. IL Sur la polémique chrétienne contre le Coran, A. Palmieri, art. Coran, III, dans le Dictionnaire de Théologie catolique, t. III, col. 1835 ss.

2. L’apologétique chez les scolastiques. — Dans son orientation générale, la théologie scolastique présente un caractère éminemment apologétique, au sens large du mot. Elle le présente àsesdél)utsmênies, chez saint Anselme, par la double ambition dont ce docteur est animé, de répondre aux exigences du fidèle qui cherche à comprendre ce qu’il croit, fides quærens intellectum, préface du Proslogion, P. L… t. CLYIII, col. 225, et de justifier la foi chrétienne auprès des infidèles, en leur montrant, du point ào vue rationnel, ce qu’il y a de déraison dans leiumépris superbe, illis ^'erorationabiliter ostendendum est quam irrationabiliter nos contemnant, Epist.. 1. II, epist. xLi, P. L., t. CLYIII, col. 1193. Progranuue incomplet, puisque rien n’y trahit la préoccupation d’amener les incrédules à la foi.

Saint Thomas d’Aquin le complète, quand, aux deux fonctions de la raison indiquées par saint Anselme, il en ajoute une autre qui, logiquement, est la première, en sorte qu’un triple rôle revient à la philosophie dans la science sacrée : démontrer les préambules de la ioi, ad demonstrandum ea quae sunt præambuln fidei : donner, à l’aide decomparaisonsoud’an.ilogies, quelque idée des vérités de la foi, ad notificandum j)er aliquas simililudines ea quae sunt fidei ; répondre aux adversaires en montrant la fausseté, ou du moins rinefiicacité démonstrative de leurs objections, ad resisiendum his quae contra fidem dicuntur, sive ostendendo esse falsa, sive ostendendo non esse necessaria. Di Boethium, de Trinitate. q. 11, a. 3.

Au second rôle se rattache l'œuvre la plus consi-