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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


Paris, igoB ; A. d’Alès, La théologie de Tertullien (pour le sens et la portée du testimonium animae naturaliter christianae), c. i et c. ii, p. 89, Paris, 1905 ; J. Geffcken, Altchristliche Jpologetik und griecliisclie Philosophie, dans Zeitschrift fiir das Gymnasialweseii, Berlin, 1906, t. IX, p. 1 ss. ; le même, Zwei christliche Jpologeten (Aristide et Atliénao-ore), Leipzig, 1907 ; J. Rivière, Saint Justin et les Apologistes du second siècle, Paris, 1907 ; W. Kocb, Die altkirchliche Jpologetik des Christeniums, dans Theologische Quaitalschrift, Tuhinge, 1908, p. 7-33 (réserve faite pour certaines conclusions personnelles de l’auteur).

III. L’apologétique au moyen âge. — Après la chute du paganisme, l’apologétique chrétienne se modilie sensiblement. La période des grands adversaires est passée, et en même temps celle des grands défenseurs ; les générations qui suivent appartiennent à une foi victorieuse, elles jouissent de la situation acquise. Il n’y a cependant pas arrêt complet ; ni dans l’apologie défensive, car il reste des contradicteurs ; ni dans l’apologétique en général, surtout à partir du xii^ siècle, où la synthèse de l’avenir est préparée par le puissant mouvement intellectuel de l'âge scolastique.

I. L’apologie défensive au moyen âge, en Orient et en Occident. — Contre les grandes hérésies qui surviA-ent ou celles qui se forment, la polémique docti-inale garde toute sa raison d'être ; on lui doit, en Orient, des écrits importants, comme ceux de Liîoxce DE Byzaxce contre les Nestoriens et les Eutychiens, de SAINT Maxime le Confesseur contre les Monothélites, de saint Jean Damascène contre les mêmes hérétiques et contre les Iconoclastes. La controverse relative à la divinité du christianisme continue avec les Juifs ; exemple, la double Disputatio, l’une cum Herbano Judæo, l’autre adversus Judæos, insérée la première parmi les œiivres de saint Grégentius, évêque arabe du vi^ siècle, P. G., t. LXXVI, col. 62 1 —784 ; la seconde parmi celles d' Anastase le Sinaite, P. G., t. LXXXIX, col. 1208-1282 ; mais l’une et l’autre d’une attribution et d’une époque douteuse.

A l’apologie antijudaïque s’ajoute bientôt la controverse avec les Musulmans qui, d’une part, proclament Mahomet le Ai-ai prophète d’Allah, et, de l’autre, partent du monothéisme, entendu à la façon juive, I)our attaquer les mystères fondamentaux de la foi chrétienne, la sainte Trinité et l’Incarnation avec toutes ses conséciuences. Par ce second côté, le mahométisme provoque des discussions théologiques, comme la Disputatio christiani et saraceni, de saint Jean Damascène, P. G., t. XCVI, col. 1385-i/148 ; mais par le premier côté, il donne lieu, dès le début du IX' siècle, à plusieurs écrits de Théodore Abucara, évêque de jHarran, qui appartiennent proprement à l’apologétique fondamentale : tels, ses opuscules XIX et XX, où il établit que Mahomet n’est pas un envoyé, mais un ennemi de Dieu, /*. G., t.XCVII, col. 1544, et surtout sa petite démonstration de la religion chrétienne et de l’Eglise, traduite et imbliée en français par le P. Constantin Bâcha, sous ce titre : Un traité des œuvres arabes de Théodore AbouKurra Paris, 1900. Jésus-Christ n’a pas seulement pour lui des miracles, comme Moïse ; il a et les prophéties accomplies en sa personne, et ses miracles, ceux-ci d’une eflicacité probante d’autant plus grande que, à la différence de Moïse, Jésus-Christ, Fils de Dieu, les opère par sa propre vertu et donne aux autres le pouvoir d’en faire en son nom. Au reste, sans la réalité des miracles de Jésus-Christ et des apôtres, jointe à l’action du Saint-Esprit dans les

âmes, comment s’expliquer que les Gentils aient cx-u en Jésus crucifié, et qu’ils aient accepté la morale si austère de l’Evangile ? Par ailleurs, pour que tous les chrétiens restassent attachés au sens véritable et unique des Ecritures, Dieu a voulu cju’il y eût un magistère suprême, avec pouvoir de porter toujours une sentence définitive, Mt., xvi, 18 ; Jo., xxi, 15 ; Le, XXII, 31.

Au IX » siècle, deux représentants de la polémique grecque contre le Coran méritent d'être signalés : Barthélémy d’Edesse, Elenchus et cunfutatio Agareni, P. G., t. CIV, col. 1383-i/148 ; Xicétas de Byzance, Confutatio Mohamedis, P. G., t. CV, col. 669842.

Mais à partir du xi<= siècle, ce qui nous a été conservé de l’Orient offre peu d’intérêt pour l’histoire de l’apologéliciue. En dehors de la controverse, d’ordre théologique ou disciplinaire, avec les Latins, tout se borne, dans les quarante derniers volumes de la Patrologie grecque, à une demi-douzaine d'écrits, dont les principaux appartiennent au xii' siècle : un Dialogus contra Judæos, par l’empereur Andronic Comnène, p. g., t. CXXXllI, col. 1019— 11 45 ; quatre apologiespro christiana religione contra sectani mahometicam, par un autre empereur devenu moine, Jean Cantacuzène, p. g., t. CLIV, col. 897-1056.

En Occident, la même lutte se poursuit pendant tout le moyen âge, mais beaucoup plus Aive, soit contre les Juifs, soit contre les Musulmans, soit contre les deux ennemis à la fois ; ce qui s’explique par les alliances pernicieuses qu’ils contractèrent souvent, et par le danger que la marche progressive de l’Islam fit alors courir à la chrétienté. En Espagne, au aii' siècle, la foi a d’illustres champions dans les saints Isidore de Séville, HiLDEFONSE et JuLiEN DE ToLÈDE. En Gaulc, au ix% l’esprit remuant et provocateur des Juifs donne lieu à des écrits d’un ton moins doctrinal, conmie les lettres de saint AciOBARD, évêque de Lyon, et de son successeur, Amolon. Au xii' siècle apparaît toute une série d’opuscules contre les Juifs réimprimés dans la Patrologie latine de Migne, et qui, sous les titres de Tractatus, Antilogus, Dialogus, Disputatio et autres du même genre, ont poiu* auteurs principaux saint Fulbert de Chartres, saint Pierre Damien, Gislebert Crispin, abbé de Westminster, RuPERT, abbé de Deutz, Abélard, Pierre le

VÉNÉRABLE, PlERRE DE BlOIS. ToUS CCS écritS SOUt

dépassés de beaucoup, au siècle suivant, par le Pugio pdei du dominicain Raymond M.rtin, sorti de l'école fondée jiar saint Raymond de Pennafort, dans un but apologéticiue, pour étudier les langues sémitiques et publier des apologies savantes. Dans les trois livres dont se compose ce vaste et remarquable ouvrage, l’auteur s’en prend d’abord à ceux cjui nient toute révélation, puis il prouve par les prophéties de l’Ancien Testament que le Messie est Aenu, enfin il défend les principaux mystères de la religion chrétienne. Au xiv'^ siècle, un autre dominicain, F. Ricold de Montecroix, donne dans &on Propugnaculum /îrfei une réfutation spéciale du mahométisme.

Un groupe d’apologistes mérite une mention spéciale, celui des Juifs convertis qui se font apôtres de leur nouvelle foi. Tels, au XI siècle, Paul Alvare de Cordoue ; au ix", Samuel de Maroc ; au xii », Pierre Alphonse (Rabbi Moïse Sephardi), et Hermann, dont la petite autobiographie est particulièrement intéressante, au point de vue psychologique. Placé, par le hasard des circonstances, dans un milieu catholique où il entend proposer la doctrine chrétienne, il n’ouvre pas d’abord les yeux à la lumière, bien qu’il s’opère en son âme un travail sourd, secondé surtout par l’attrait qu’exercent sur lui les exemples de vie morale et de

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