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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


p. xviii-xix, 70-94— Jean, siir le mont Thabor, est censé interroger Notre-Seigneur au sujet de sa seconde venue sur la terre, il lui demande ce que deviendront le ciel la lerre ; le soleil et la lune. Ces questions sont relativement modernes, leur nombre a d’ailleurs été considérablement augmenté. Les n"* 4 et 5 qui suivent, se rattachent à ce cycle et tout n’a pas encore été publié.

/, Apocalypse d’Anastasie et de la Vierge sur la

punition des pécheurs. Le sujet de ces deux petits écrits est le même ; dans l’un Anastasie (éd. R. Hombiu-g, chez Teubner, igoS), dans l’autre, la Sainte Vierge (éd. James, Texts and Studies, Cambridge, II, 3, 1898), veut connaître quelle est la punition des pécheurs. L’archange S. Michel l’emporte, lui fait Aoir les damnés et lui fait connaître la cause des diverses punitions. Ces descriptions, conservées dans des manuscrits modernes et mauvais, qui ont pu s’inspii-er de Virgile et qui ont précédé le Dante, peuvent être du xi^ au xii’siècle.

5. — Une dldascalie de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce petit ouvrage, conservé dans deux manuscrits grecs dont l’un du xi* siècle, suppose que Notre-Seigneur apparaît aux Apôtres dans la vallée de Josaphat et que chacun d’eux l’interroge sur le sujet qu’il a le plus à cœur : l’observance du dimanche et du Carême, les punitions de divers péchés ; à la fin, les Apôtres sont transportés aussi dans l’Hadès et le ïartarepour voiries punitions de quelques pécheurs. Comme nous l’avons dit, ce genre d’apocalypse procède des mêmes préoccupations et se rattache au raênxe cycle littéraire que l’immortel ouvrage du Dante. Cf. F. Xau, Revue de l’Orient chrétien, 1907, p. 226-254.

Nous sommes loin d’avoir condensé jusqu’ici toute la littérature apocryphe ; il reste encore la lettre d’Aristée qui explique l’origine de la version grecque de l’Ancien ïestament ; les Livres sybillins où l’on a distingué des parties se rapportant soit à l’Ancien soit au Nouveau Testament. Cf. E. Kaulzsch, Bie apocr. und pseud. des A. T ; t. II, et E. Hennecke Neutest. Apocr., p. 3 1 8-345 ; le Pasteur d’Hermas qui tient des livres didacticjues et des apocalypses ; les histoires d’Aseneth, épouse de Joseph, et d’Aphikia, épouse de Jésus, fils de Sirach ; les Testaments de Job, de David ; des apocrjphes secondaires atti-ibués à N. S. (testaments et lettres), et à S. Clément de Rome. Cf. Revue de l’Orient chrétien, 1906, p. 418, 1907, p. 7 et 139, etc., etc.

Ces nombreuses productions témoignent de la fécondité des idées religieuses juives et chrétiennes, lors même qu’elles ne reilètent que les opinions d’un homme peu intelligent ou même hérétique. Elles font connaître le milieu dans lequel écrivait l’auteur, les légendes et les préoccupations qui avaient cours chez ses contemporains. Bon nomltre de ces écrits ont d’ailleurs été regardés comme aulhentiques dans certaines églises particulières et ont influé sur toute la littérature qui les a suivis : sur les écrits des docteurs comme sur les légendes populaires et même sur les représenlalions arlisUfnies. F. Nau.


APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE. — 1’^ Pahtii :  :

EXPOSIÎ SOMMvIKE DU UKVIXOI’PKMKNT HISTOKIQUK

i)i ; L APOLOCwÎTiQUK. — I. A’otion générale ; acception large et acception restreinte. — II. L’apologétique dans les cinq premiers siècles. — III. Au moyen âge. — IV. Dans les temps modernes. — V. Au ^y/A siècle ; constitution de l’apologétique en doctrine distincte de la théologie proprement dite.

II Pautie : L’apolooiïtique classiqii : . — I. Objet propre ; la crédibilité rationnelle. —II. Procédé fon damental. — III. Deux formes spéciales. — IV. Attaque et justification de l’apologétique classique : sa perfectibilité relative. — V. Délimitation et caractère scientifique de l apologétique. Pour les autres méthodes, voir l’article Immaxexce.

pe Partie

Exposé sommaire du développement historique

DE l’apologétique

l. Notion générale ; acception large et acception restreinte de l’apologétique. — Conformément à la racine des deux mots, àTro^o/irjôat, faire valoir une justification, une défense, les termes d’apologétique et d’apologie se rapportent, dans l’ordre religieux, à la justification et à la défense de la foi, de la religion. A ne considérer que l’étymologie, rien ne permet d’établir une distinction précise entre les deux termes ; l’idée qu’exprime le mot àro/o/sîTÔai convient à tout écrit, à tout discours ayant trait à la justification et à la défense de la religion, sous quelque aspect qu’on la considère, dans sa légitimité, dans son enseignement, dans ses institutions positives, dans son histoire au cours des siècles. Si l’on pai-le d’apologie théologicjue, philosophique, historique, scientifique, on peut dire également : théologie apologétique, philosophie apologétique, histoire apologétique, science apologétique. Néanmoins, l’usage de plus en plus commun est d’entendre l’apologie d’une défense ojîposée à une attaque, et d’attribuer à l’apologétique un rôle plus général et plus scientifique. Au même ordre d’idées se rattache la distinction d’un double procédé fondamental : l’un de défense, j)lutôt négatif ; l’autre de justification, au sens positif du mot. Le christianisme se présentant comme une religion divine, bien plus comme la seule religion définitive et, pour autant, la seule agréée de Dieu, ne devait pas seulement s’attendre à des attacjues directes de la part des religions existantes ; il lui fallait encore produire des titres suffisants à l’appui de ses revendications exclusives. Double tâche qui maintenant encore incombe, et qui toujours incombera à l’Eglise ; car il lui faut, et il lui faudra toujours défendre sa foi contre les attaques des incroyants, et leur proposer ses projircs titres, pour les amener à en reconnaître le bien-fondé. D’où cette distinction générale, d’une grande portée, entre l’apologétique négative, défensive, polémique, et l’apologétique positive, expositive, irénique.

Toutefois cette distinction ne suffit pas poiu— séparer nettement l’apologétique de l’apologie ; car s’il arrive cjue l’apologétique se constitue en doctrine distincte et revendique une certaine autonomie, même alors elle pourra, comme toute science, avoir son côté positif et son côté négatif : positif, par rapport à ses propres principes qu’elle devra établir et aux conclusions qu’elle en pourra tirer ; négatif en ce qui concernera la défense de ces mènu’s principes et des conclusions qui en découlent. Pareillement, le rôle de l’apologie n’est pas exclusivement négatif ; pour réfuter une objection, par exemple, contre tel ilogme ou telle institution de l’Eglise, le premier et le meilleur moyen sera parfois d’établir ou de rétablir le vrai sens du dogme, la vraie nature et la portée de l’institulion. Il ne suffirait pas davantage de dire, sans plus ample explication, que l’apologie est particulière, tandis que l’apologétique est générale, ou que l’apologétique est à l’apologie ce que la science est à l’application ou à la vulgarisation ; car il y a des apologies générales du christianisme et, dans le nombre, il en est qui se doniu-nt jxuir savantes et scientifiques. Trop vague encore, la notion ([ui ferait simplement de l’apologétique l’art de défendre la religion contre ses adversaires ; le champ reste illimité,