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APOCRYPHES


de ses quatre Evangiles constitutifs avait une origine connue dans les Eglises, dûment contrôlée et garantie par le témoignage vivant de la tradition. Trois s'étaient présentés, dès la seconde moitié du i" siècle, sous l’autorité de personnages apostoliques, dont le rapport avec leur œuvre respective fut dès l’abord aisé à vérifier. Lorsque parut le quatrième Evangile, l’autorité de l’aptMre saint Jean, qui le couvrait, le fit recevoir sans hésitation dans les communautés chrétiennes et associer aussitôt aux trois Evangiles antérieurs. Du coup le principe du tétramorphe était posé. Mais il n’y a évidemnu^nt pas lieu dètre surpris si cette acceptation pratique des quatre Evangiles, que recommandait leur apostolicité, n’a pas été immédiatement et impitoyablement exclusive de tous écrits analogues. Encore est-il à noter que l’usage des apocryphes, même à l'époque la plus ancienne, paraît avoir été fort restreint et quelque chose d’isolé et d’accidentel. Cf. A. Jiilicher, Eittleitiing in das iV. T., 3^ édit., Tubingue, 1901, p. 407.

On peut donc conclvire qu’en définitive, les évangiles apocryphes rendent témoignage à la prééminence de nos Evangiles canoni(pies dans l’usage de l’Eglise chrétienne des premiers jours, comme ils attestent la dignité incomparable de leur origine et font ressortir l’immense supériorité de leur contenu.

Ouvrages a consulter. — C. Tischendorf, De E^'angeliorum apocrvphorum origine et usii, La Haye, 18$11. — J. Variot, Les Evangiles apocryphes, histoire littéraire, Paris, 1878. — A. Harnack, Geschichte der àtlchristlichen Litteratur, II' part.. Die Chronologie, 1897, t. I. p. ôgo sq. — J. G. Tasker, art. Apocryphal Gospels, dans le Dicfionarr ofthe Bible, de Hastings. Edinburgli, 1904, t. V, p. 420 sq. — AUan Menzies, art. IIebre^s (Gospel according to the). ibid., p. 338 sq. — M. R. James, art. Apocrypha, § 26. 27, dans ïEncrclopædia biblica, de Cheyne, London, 1899, t. I, col. 258 sq. — P. Batiffol, art. Evangiles apocryphes, dans le Dictionnaire de la Bible, de Yigouroux, Paris, 1899, t. II, col. 2114 sq. ; art. Egyptiens (Evangile des), ibid., col. 1625 sq. — F. Yigouroux, art. Hébreux (Evangile des), ibid., t. III, col. 552. — M. Lepm, J :  : vangiles canoniques et évangiles apocryphes (collection Science et Religion), 2e édit., Paris, 1907. — Sur les Logia, voir Wessely, dans Patrologia Orientalis, IV, 3, 1908. — Les principaux ouvrages concernant les points spéciaux ont été mentionnés au coiu-s de l’article. M. Lepin.

B. Actes apocryphes des apôtres. — Ces écrits, sans portée dogmatique ni vues générales, nous peignent le milieu particulier, souvent hérétique, dans lecjuel et pour lequel ils ont été composés. Les plus anciens, d’après leur contenu et les témoignages extrinsèques, peuvent remonter à la fin du second siècle et avoir utilisé quelques anciennes traditions, mais, après le triomphe de l’Eglise sous Constantin, lorsqu’on chercha à mieux mettre en relief les antiques traditions de l’Eglise, on se mit à démembrer, à interpoler les anciens actes non canoniques qui ne furent guère conçus que comme matière à romans religieux ou d’aventure. Parmi ces derniers figurent les actes composés par Lucius Charinus (lye siècle) et condamnés par le pape Gélase, et l’histoire apostolique compilée par le pseudo Abdias au VI* siècle, cf. R.-A. Lipsius, Die apocr. Apostelgeschichten und Apostellegenden, Brunswig, 1883-1890 (étude d’ensemble sur tous ces apocryphes) ; F. Hennecke, Neutestamentliclie Apocryphen, Tubingue et Leipzig, 1904 (introd. et trad. allemande). Les textes ont été publiés et réédités par : Fabricius, Codex Apocryphus Novi Test., Hambourg. 1703 ; J. Ch. Thilo,

même titre, Leipzig, 1832. C. Tischendorf, ^cia J^ostolorum Apocrypha, Leipzig, 18$11. James, Apocrypha anecdota, Texts and Studies, t. II (1893) et V (1897). Lipsius et Max Bonnet, Acta Apostolorum Apocrypha, I, Acta Pétri, PauH, Thaddæi… Leipzig, 1891 ; "U, i, Passio Andreae…, Leipzig, 18g8, II, 2, Acta Thomae…, Leipzig, 1903. Wright, Apocryphal Acts ofthe Apostles, Londi-es, 1871 (version syriaque et traduction anglaise). E. W. Budge, The contendings of the Apostles, Londres 1899 (version éthiopienne et traduction anglaise). A. —S. Lewis, Acta mythologica Apostolorum, dans Horae semiticae III et lY, Londres, 1904 (version arabe et traduction anglaise). Nous suivrons le même ordre que ^I. Hennecke : I. Actes de S. Paul. 2. Actes de S. Pierre. 3. Actes de S. Jean. 4— Actes de S. André. 5. Actes de S. Thomas.

I. — Actes de S. Paul, a) S. Paul et Ste Thécle. Lorsque S. Paul annonçait la parole de Dieu à Iconium dans la maison d’Onésiphore, Thécle, fille df parents païens, eut occasion de l’entendre de sa fenêtre. Elle refusa de se marier, fut livrée aux bêtes féroces qui ne lui firent aucun mal ; elle accompagna S. Paul, déguisée en homme, et fut guidée, par une nuée lumineuse, vers une caverne où elle passa soixante-dix ans. Ces actes sont cités parTertuUien. S. Jérôme, S. Ambroise.

b) Martyre de S. Paul.

D’après la rédaction grecque éditée par Lipsius (cf. Hennecke, p. 364-366 et 380-383) et conservée aussi en syriaque (cf. F. Nau, Revue de l’Orient chrétien, III. 1898, p. 39 sqq.), un échanson de Néron, nommé Patrocle, tombe d’une fenêtre durant une prédication de S. Paul et meurt. S. Paul le ressuscite, il se fait chrétien avec d’autres serviteurs de Néron et celui-ci, irrité, fait décapiter S. Paul. — Ces actes ont pu être composés pour fournir une explication de la mort de S. Paul.

2. — Actes de S. Pierre. Forment encore une partie considérable de l’ancienne littérature chrétienne ; ont pour but de raconter ses voyages, ses prédications, sa lutte contre Simon le magicien, sa mort, a) Les apocryphes Clémentins : Homélies et Récognitions, ne sont autre chose que— deux rédactions des « voyages)j de Pierre et peut-être de ses « prédications. » L’auteur qui usurpe le nom de S. Clément romain nous fait suivre Pierre de ville en ville, nous énumère ses actes, consigne ses instructions et nous amène jusqu'à Rome ; cf. Migne, Patrul. gr., t. I et H. Sur ces ouvrages, Aoir le Dictionnaire de Théologie Yacant Mangenot à l’article Clémentins (apocryphes), b) Le texte copte, édité et traduit en allemand par M. C. Schmidt, Die alten Petrusakten dans les Texte und Unters, de Gebhardt et Harnack, nouvelle série, IX, I (1903), suppose qu’on demande à Pierre certain dimanche pourquoi il n’a pas gviéri sa fille paralytique. Afin de montrer la puissance de Dieu, il la guérit pour un temps, puis il raconte la cause de cette infirmité : Un homme riche, nommé Ptolémée, voulait l'épouser, c’est pour éviter ce mariage qu’elle devint paraljtique ; Ptolémée en pleura au point de devenir aveugle, Pierre le guérit et vendit, pour en donner le prix aux pauvres, un champ cpie Ptolémée avait légué à sa fille. Cf. E. Hennecke, Yeîifes^ Apocr.. p. 383-386, 391-393. t) D’après les Actus Vercellenses. ancienne traduction latine conservée dans le ms. CYIII de la bibliothèque du chapitre de Yercelli, du VII* siècle et qui semble être une transcription d’un ms. du V* ou VI* siècle, Paul convertit à Rome une certaine Candida, femme de Quartus. Celui-ci ordonna à Paul de quitter Rome et Dieu lui suggéra d’aller en Espagne. Après son départ, Simon le magicien opère de grands prodiges en Italie, et le Christ apparaît à Pierre à Jérusalem et lui commande d’aller combattre