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MON ! TA SECRETA

plus en son pouvoir d’arrêter la calomnie. L'édition prlnoepi est <le 161 4< L’année même paraissait en Italie, les Avis d’nr de la très religieuse Compagnie de Jésus a Vu sage des l’uliitques et de tous lis amis Je Jésus, édites pur Théophile Eulalim, catholique de Bohême ; Plaisance, chez L’ttréla Agathandre de Vérone. L’année suivante, édition clandestine à Paris. Dans le seul XVIIe siècle, 22 éditions sont signalées. À partir de 1676, on remanie, on transpose les chapitres. Un chapitre xvu° et dernier est ajouté, où nous relevons les conseils suivants :

« S’elTorcer d'éclipser par le savoir et le bon

exemple le reste du clergé, séculier et régulier, surtout les pasteurs. Répéter que les pasteurs n’ont pas besoin de tout savoir : il leur suffit d'être lidèles à leurs obligations, car ils pourront toujours recourir à ceux de la Société… Peu à peu, prudemment et secrètement, étendre le temporel de la Société : ce serait pour l’Eglise l'âge d’or, la paix universelle. Savoir changer de politique avec les temps. Exciter des guerres pour avoir l’occasion de les apaiser et d’en être récompensé par des bénéfices et dignités ecclésiastiques. Enfin la Société, après avoir gagné la faveur et l’autorité des princes, tàthera, à défaut d’amour, d’inspirer la crainte. »

Celte seconde forme des Monita eut le même succès que la première. En 1680, le nombre de réimpressions montait à !)2. Les titres variaient : Arcanes de la Compagnie de Jésus, Anatomie de la C. de J., le Cabinet jésuitique, le machiavélisme jésuitique, Les Loups démasqués…

Le pamphlet ne rencontrait pas que des dupes. Même parmi les ennemis notoires des Jésuites, il y eut des sceptiques. Paolo Sar pi déclarait voir dans ces révélations « des choses si exorbitantes qu’il ne pouvait se décider à les croire véritables… Ce qu’il ya de certain, écrivait-il à ses amis de France, c’est qu’en Italie nous n’avons point eu de tels hommes (comme ceux que suppose le pamphlet) ». Pascal, qui était prêt à exploiter llospinianus et autres auteurs de même acabit, semble avoir ignoré l’opuscule polonais. C’est sans doute que ses fournisseurs de textes le trouvaient sans valeur. Antoine Arnauld le déclarait mensonger. Tous les Jansénistes n’eurent pas cette prudence. Au début du xviii c siècle, le Carme flamand Henri de Saint-Ignace, dans sa compilation intitulée : Tuba magna mirum spargeus sonum, ad Clementem undecimum… de necessitate, leformandi Societalem Jesu, Strasbourg. 1713, reproduisait le pamphlet. Il en rapportait, à la suite de Scioppius, la découverte au siège de Paderborn, 1622, oubliant que l'édition princeps était de 161/1. Le Jésuite Huylenburg prit la peine de le réfuter et de signaler la bévue (Gand 1513), et le Carme fut assez loyal pour supprimer les Monita dans une réédition de son livre, intitulée, celle-là : Tuha altéra majorent sonum elangens. Sur quoi les très jansénistes Nouvelles ecclésiastiques, pourtant toujours à l’affût de ce qui pourrait être désagréable aux Jésuites, rendantcomple d’une traduction française des Monita, parueen 1719, enregistrèrent le désaveu, et par surcroît, signalèrent les 1 fortes réclamations » deGretzer etde Foreras. Elles concluaient : t Cela doit suffire, pour ne pas mettre les Minuta sur le compte des Jésuites, et, si ceux qui viennent de les publier de nouveau avaient été instruits de ces faits, ils s’en seraient sans doute abstenus v.

Quand il fut question en France d’expulser les JéBUitCS, les M. S. parurent à plusieurs une arme pas trop roulllée, et en 1 — G 1, il en parut une édition nouvelle, en Latin et en français, sous la rubrique, de Paderborn, 1661. Mais ni les Parlements, ni les auteurs dts Extraits des Assertions, ne liient au

libelle l’honneur de l’exploiter. Cette abstention, à elle seule, est une condamna 1,

Au XIXe siècle, le courant continua. On peut en voir le début dans Barbier, DU tionnaire Jo o « > 1 anonyme » <t poeudoeqrmei, lequel tient les 'I. v. pour apocryphes. Le catalogue de la bibliothèque du Britith Muséum en fait autant. Inutile de fai ; dénombrement, même sommaire, (les rééditions. Signalons seulement celle que publia, au 11.

paraient les expulsions de li>80, lefranc-m Charles Sauveslre. On prétend que ce fut elle qui détermina le président Grévy à signer Us fameux déFoujours eat-il que, dès 1877, l'édition b uvelle en était au 1 i' tirage. De l'édition rougela maison Den tu vendit en un an et demi 22.000 exemplaires. Après cela, comment croire le frai : des l’illiers, moine défroqué, qui se crut en obligé de donner la sienne, vii, disait-il, qu’il avait déniai ! dé les Monita à plus de 300 libraires pouvoir en trouver un exemplaire ? Pendant longtemps, l’Espagne semble avoir ignoré le pamphlet polonais. En 1901, l’oubli était réparé, et l'édition de Barcelone en étail à son 6* mille.

IV. Les Moaita et la Critique. — Les réfutations n’ont pas manqué dès le début. Nous en avons signalé quelques-unes. Dans la suite, de loin en loin, comme pour empêcher le mensonge de prescrire contre la vérité, il en parut encore de temps à autre. Les meilleures sont celles des PP. Duhr, Van Aker Bernard.

Naturellement elles ont été sans eflel sur certains esprits, toujours prêts à dire avec Cli. Sauve

« Les Jésuites nient, donc c’est vrai. » Ou bien avec

certain pasteur Groeber, quand on déclarait invraisemblable pareil code : « Ces canailleries-ià ? Mais précisément, c’est tout à fait jésuite » (1 cité par P. Bernard).

Quant aux historiens qui se piquent de critique, il n’y en a pas beaucoup à admettre purement il simplement l’authenticité du pamphlet. On cite des érudits de second ordre : Græse dans son fit %or des livres rares, Gachard, dans ses Analecta Ht.. d’autres encore peut-être. Parmi ceux qui prennent nettement parti en sens inverse, on trouve des auteurs d’une bien autre notoriété, Gieseler, Hubert, Tschackert, Reuscb, Paulus. Nippold, tous protestants, et les deux vieux-catholiques, Doellinger et Friedrich (Janus). Et Uarnack : < 11 est lamentable qu’on ait exploité contre la Compagnie de Jésufaux comme les Monita Sécréta, Veillons à nous garder, nousprotestants.de faux témoignages contre le prochain. » (fftewfog. I.ttleralitr /> il p. 122).

Parmi les historiens français dont nul ne contestera l’autorité, citons Gabriel Monod.dans son introduction aux Jésuites de l’Allemand llueuuier (Paris, H)io) :

« U suffit d’ouvrir leslfoniteet de les lire sans

vention pour s’apercevoir toutdesuite qu’ils sont, non un recueil de préceptes à l’usage des Jésuites, mais une satire des défauts et des vices qu’on pouvait leur reprocher… Tout en admettant que.les Jésuites aient pu commettre des actes blâmables recommandes parles Monita, ces recommandation-sont en contradiction absolue avec toutes les Instructions données par les congrégations générales et par les gén< de l’Ordre. Bn particulier, l’Instructiopra confeu prineipum, donnée par Aquav iva en 160.1. après la 5° Congrégation générale, prescrit très strictement

aux confesseurs de se tenir à l'écart des affaires politiques etde ne recevoir aucune faveur et aucun don. Que ces prescriptions aient toujours é ; c obseï