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xx EXTRAIT DE LA PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITA N

de dix-huit siècles de discussion et par le témoignage de tant de grands génies, lui permettent de dédaigner les aililiccs de langage et de raisonnement, qui s’imposent aux défenseurs de » systèmes incertains et nouveaux. Il est dispense de la nécessita de faire, comme eux, flèche de tout bois. L’impuissance même dans laquelle il peut se truiner de résoudre une dilliculté i ni | revue ne le déconcerte ni lie l’elliaie ; il sait que la réponse existe certainement et que, s’il peut la trouver lui iiicuir, un autre la trouvera. Rien donc ne l’oblige à se réfugier dans l'équivoque ou dans le sophisme, comme ses adversaires sont trop souvent contraints dç le faire pour appuyer leurs théories personnelles, toujours chancelantes et incertaines de l’avenir. Enfin la religion est pour lui une chose sacrée, qu’il ne eut sans sacrilège défendre par des armes indignes d’elle. Il sait que tôt ou tard ses sophhmes et sa duplicité seraient j ercés à jouret deviendraient une flétrissure pour la cause sainte dont il a pris la défense. Son amour même et son resj>ect de la religion lui font une obligation sacrée de la sincérité la plus complète. Nous croyons pouvoir compter que jamais aucun soupçon de partialité ne viendra même à l’esprit des lecteurs de cet ouvrage ; tous reconnaîtront aisément que l’impartialité la plus complète a présidé à L’exposé de-pn uvt —, ainsi qu'à celui des objections et de leurs solutions.

Science. — Mais si la bonne foi et la droiture du coeur suffisent, avec la grâce de Dieu, pour faire un croyant, elles ne suffisent pas pour faire un apologiste. Autre chose, en (fiel, est la conviction que l’on a de la vérité, autre chose la démonstration que l’on en fait. Pour prouver à autiui la vérité de la ieligion, il faut plus qu’une conviction solide ; il faut la science, et une science très élendur. Eu effet, il faut à l’apologiste la science de la théologie et de la philosophie, c’est à- dire la connaissance approfondie de tout ce que l’Eglise enseigne et des preuves sur lesquelles s’appuie cet enseignement ; il lui faut la connaissance des eliverses sciences humaines, dans lesquelles les adversaires sont allés chercher des difficultés contre la vraie foi, et cette connaissance doit être profonde, non superficielle, atiu que la force des arguments soit bien saisie et bien exposée. C’est ce qui nous a déterminé à faire appel, pour ce Dictionnaire, à la collaboration d’un grand nombre de savants catholiejues. Aujourd’hui, en effet, le temps est passé où un seul auteur pouvait résumer toutes les connaissances de son temps ; telle est actuellement la variété, telle est l'étendue des diverses sciences humaines que nul homme, nul génie, ne peut se flatter de les posséder toutes à fond. Les seules sciences religieuses : philosophie, théologie dogmatique, théologie morale, Ecriture sainte, liturgie, droit canon, histoire ecclésiastiejue, approfondies avec tous les développements qu’elles ont reçus dans le cours des siècles, dépassent les forces intellectuelles de 1 individu. Or, a ces connaissances, l’apologiste contemporain doit joindre celle de l’histoire générale, de l’histoire des religions, de la linguistique l’ethnologie, de la géologie, de la préhistoire, de la cosmologie, d’une ceitaine partie de la médecine, de l'économie politique, etc. De cet état de choses, il résulte que les questions d’apologétique ne peuvent plus aujourd’hui être traitées à fond que par des spécialistes. Comme le montrent les signatures des articles du présent ouvrage, nous avons fidèlement suivi cette règle de conduite. On n’y trouvera aucun article important, qui ne soit dû à une plume déjà exercée et connue par ses travaux antérieurs sur la question.

Outre la connaissance, qui est le fond de la science, il faut encore à l’apologiste la méthode et la forme scientifiques. Les esprits sont aujourd’hui tellement façonnés aux procédés en usage dans l'étude des sciences, qu’ils veulent les trouver partout, même dans les matières qui ne les comportent pas. Très souvent, il est vrai, ces procédés n’ont de scientifique que les apparences, et Le ublic s’en contente ; mais cela même est une nouvelle preuve de la fascination eju’exerce sur nos contemporains la forme scientifique donnée à l’argumentation. Au siècle dernier et dans les premières années du nôtre, l’apologiste accordait une grande importance aux preuves qu’on peut appeler sentimentales et littéraires : les harmonies du dogme et du culte catholique avec les besoins du ctvur humain et avec la nature maléi ielle, les ressources merveilleuses qu’ils fournissent pour la culture des lettres et des arts, tels (talent les arguments que nos devanciers aimaient à développer en les entourant de tous les charmes de la littérature. Aujourd’hui le goût et les besoins du public sont tout autres ; et c’est pour nous y conformer que nous aons choisi la forme du dictionnaire, forme qui exclut les développements littéraires et n’admet que les mots rigoureusement nécessaires à l’expression des idées. Pour le même motif, iu us avons relégué à l’arrière-plan L’argumentation qui se fonde sur certaines subtilités métaphysiques, et sur les vestiges, plus ou moins probables, d’une révélation primitive, le caractère de ces preuves, d’ailleurs très faibles en elles-mêmes, convenant peu à l’esprit positif de notre siècle. Le lecteur ne devra donc pas chercher ici les hautes et poétiques considérations « jui font le charme des livres apologétiques les plus célèbres chex nous, ni cette verve littéraire qai donne parfois tant d’attrait aux œuvres de aos polémlsti s. Ce sont des mérites que nous sommes loin de dédaigner, quoique leur influence réelle soit bien amoindrie élans notre iuor.de actuel ; mais la nature du présent ouvrage ne les comporte pas.

Charité. — La charité dont nous faisons l’un des principes de l’apologétique catholique ne doit pn « et"-* » confondue uvec l’indulgence pour l’erreur, avec je ne sais quelle générosité, je ne sais quel libéralisme