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EXTRAIT DE LA PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION


Le titre de ce Dictionnaire en indique suffisamment la nature et l’objet ; néanmoins il ne sera pas inutile, croyons-nous, de fournir ici au lecteur quelques éclaircissements sur le but spécial en vue duquel nous le publions, sur les principes qui ont présidé à sa composition et sur son contenu.

I. But. — Autrefois, dans notre monde chrétien, on naissait croyant ; aujourd’hui l’enfant naît sceptique ; il commence à douter aussitôt qu’il commence à raisonner. À toutes les époques, le scepticisme a fait des victimes, mais jamais cette fatale maladie n’avait envahi les esprits aussi universellement que de nos jours. Non seulement, en effet, elle sévit dans les classes lettrées, où souvent elle est engendrée par des études mal conduites et par l’abus même des facultés intellectuelles, mais elle exerce ses ravages jusque dans les couches les plus infimes de la société ; elle se manifeste, non seulement dans l’âge mûr et dans la vieillesse, où elle est parfois le fruit des déceptions de la vie, mais dès l’adolescence, à une époque où l’esprit, encore dépourvu de toute expérience, semble à peine capable de soupçonner l’existence de l’erreur.

Le scepticisme contemporain, il est vrai, ne s’étend pas à tous les objets de nos connaissances ; en particulier, il ne s’étend pas aux sciences qui ont la matière pour objet et qui se fondent sur l’expérience, mais il atteint toutes les croyances religieuses ; il n’est pas, comme autrefois, limité à certaines vérités particulières, il porte sur les principes mêmes, sur les racines de toute conviction religieuse et morale. On peut le considérer comme le mal capital de notre époque, comme le ver rongeur du christianisme au milieu de notre société. Tout homme qui en subit les pernicieuses atteintes perd aussitôt la foi chrétienne, car cette foi est essentiellement une croyance ferme, absolue et non provisoire, en la parole de Dieu annoncée par l’Église. Bientôt même il perd ce qu’on peut appeler la foi naturelle en Dieu, en l’immortalité de l’âme, en la vie future, ou du moins, sa croyance à ces vérités primordiales devient chancelante, incertaine ; il ne peut plus se délivrer de la crainte d’être le jouet d’une illusion.

Cette disposition maladive des esprits, s’ajoutant aux autres tentations qui sont les mêmes aujourd’hui qu’autrefois, explique la diminution considérable du nombre et de la fermeté des croyants au milieu de nous. Elle explique aussi ce phénomène étrange d’efforts admirables, accomplis de nos jours par l’Église dans le domaine des œuvres de charité et d’instruction populaire, et de résultats si faibles au point de vue de la conservation de la foi dans les intelligences.

À côté de ce scepticisme religieux, qui est comme inné dans les générations actuelles, il faut placer la haine du christianisme qui, dans tous les siècles, a poussé un certain nombre d’hommes à combattre la foi chrétienne. Ces ennemis, pour ainsi dire, personnels du Christ, sont aujourd’hui nombreux et puissants ; leurs paroles retentissent à toutes les oreilles et leurs écrits sont dans toutes les mains. Enfin il faut considérer que la diffusion de l’art de lire ou d’écrire, ainsi que les nouvelles conditions de la vie politique et sociale ont multiplié, comme à l’infini, le nombre des travailleurs sur tous les terrains des connaissances humaines. De là ce déluge d’objections contre la foi catholique, sous lequel on espère la submerger. Les unes sont anciennes pour le fond, mais se présentent sous des formes nouvelles : ce sont principalement celles qui se tirent de la philosophie, de la théologie, et de l’histoire ; un certain nombre d’autres sont relativement récentes et portent surtout sur l’Écriture sainte, elles sont le fruit de la critique rationaliste ; les autres enfin sont puisées dans les sciences naturelles, principalement dans la préhistoire, dans la linguistique, dans l’ethnologie et dans l’histoire des religions. C’est en vue de cette situation morale et des dangers qu’elle fait courir à la vérité religieuse qu’a été conçu et réalisé le projet de ce Dictionnaire apologétique. Il est destiné, dans notre intention, à mettre à la portée et, pour ainsi dire, sous la main de tout lecteur de bonne volonté les preuves principales de la foi catholique, avec les réponses les plus solides aux objections de toute nature que l’on fait contre elle. Nous y avons condensé et mis en lumière une multitude d’arguments, de faits et de renseignements, qu’on ne pourrait se procurer ailleurs que par l’étude d’un grand nombre d’ouvrages, au prix de beaucoup de travail et d’argent. Tel a été notre but.

II. Principes suivis dans la composition de cet ouvrage. — Les principes qui, à notre avis, doivent guider l’apologiste catholique, lorsqu’il se place au point de vue indiqué ci-dessus, et que nous avons cherché à suivre fidèlement dans la composition de ce Dictionnaire, peuvent se ramener aux quatre suivants : Orthodoxie, Impartialité, Science et Charité.

Orthodoxie. — Nous plaçons l’orthodoxie au premier rang, parce que l’apologiste qui, pour les besoins