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iv
EPILOGUE

publication sériée par fascicules. Assertion trop facile à confirmer par des exemples. N’a-t-on pas vii, de nos jours, tel grand Dictionnaire ecclésiastique tuer successivement déjà deux directeurs ? Et tel autre, — dans le temps où les choses allaient vite, — annoncer bravement l’apparition de son dernier fascicule pour l’an de grâce 1975 ? Une seule chose importait : la longévité du directeur ; et on n’hésitait point à la lui promettre.

Cependant l’horizon s'élargissait. La nécessité se révélait tous les jours de créer des articles nouveaux pour faire face aux besoins de la controverse actuelle ; et aussi la difficulté de cou .server beaucoup d’articles anciens. D’ailleurs, les collaborateurs pressentis voyaient grand ; ils entendaient bien ne pas se laisser enfermer dans les lignes d’un édifice caduc, et ne demandaient qu'à bâtir sur fondations nouvelles. A porter la main sur le monument de Jaugey, on ne manquerait pas de tout ébranler. Finalement, il apparut plus expédient de jeter par terre la vieille bâtisse dont quelques parties menaçaient ruine. On en serait quitte pour remployer les matériaux les plus durables. Cela suffirait à marquer la continuité de l'œuvre et à justifier le titre : « Quatrième édition du Dictionnaire Jaugey ».

Ce n’est pas que la direction nouvelle se soit résignée de gaieté de cœur à sacrifier les pages signées par des théologiens tels que Jaugey, Vacant ou Didiot ; par des philosophes comme le P. Coconnier ; par des exégètes comme les Pères Corluy et Brucker ; par des historiens comme Allard et Guilleux ; par d’autres encore, entre ceux qui ne sont plus. On retrouvera dans la présente édition nombre de ces pages enchâssées avec un soin pieux avec les pages dues aux maîtres encore vivants qui relient le présent au passé : ces collaborateurs de l’abbé Jaugey que furent Mgr Waffelært, évêque de Bruges ; M. le Chanoine Forget, professeur à l’Université de Louvain ; le Révérendissime Dom Cabrol. Ces noms vénérés demeurent pour l'œuvre rajeunie une gloire et une parure. Mais décidément le plan avait évolué. De capitulation en capitulation, le directeur en était venu à ne pas faire ce qu’il avait voulu et à faire ce qu’il ne voulait pas.

Un tel aveu ne l’humilie guère. Il n’a mis aucun point d’honneur à ne jamais changer et à gouverner avec une main de fer. Tout de même, on lui permettra d’ajouter qu’il a su quelquefois dire non, et assurer au Dictionnaire son mérite le moins contestable en le défendant contre le péril de spécialisation à outrance ou de développements infinis. L’abbé Jaugey avait voulu faire un livre abordable et utile à tous ; on a veillé à lui conserver ce caractère.

Cela, au prix de renoncements multiples et de quelques inconséquences. La tentation était grande, et s’est présentée plus d’une fois, d’accueillir des travaux excellents, qui eussent rehaussé notre Dictionnaire dans l’estime du public savant, mais auraient paru au grand nombre un poids inutile. Déterminer a priori l'étendue précise de chaque article apparaissait prétention tyrannique et insoutenable ; d’autant qu’une appréciation exacte de ce qui convient en chaque cas exige une spéciale compétence ; elle supposerait donc une science universelle. D’autre part, on ne pouvait se dispenser de fixer par avance une certaine mesure, quitte à interpréter largement ces indications sommaires. Ainsi avons-nous procédé avec les auteurs qui voulaient bien nous prêter leur concours. Mais la tendance est naturelle aux hommes supérieurs d’estimer toutes choses d’après l'échelle de valeurs qui leur est propre. Tel collaborateur, laissé à lui-même, userait du multiplicateur 2, tel autre du multiplicateur 3, tel autre du multiplicateur 20. Les historiens sont à cet égard les plus redoutables de tous, d’autant que la matière sur laquelle ils travaillent se prête à une extension presque indéfinie. Le directeur a dû se raidir maintes fois pour empêcher le présent recueil de tourner au Dictionnaire d’Histoire ecclésiastique. D’autres collaborateurs feraient éclater non seulement la catégorie d’espace, mais encore celle de temps : ils composent à loisir, comme ayant l'éternité pour eux. Tout cela est désastreux, au regard dune œuvre collective, assujettie à des échéances rigoureuses. Les hommes éminents et excellents que nous avons pu contrister parfois voudront bien ne pas imputer à quelque étroitesse de cœur les limites fatales de notre hospitalité.

Les disparates qu’on ne manquera pas de remarquer dans notre recueil s’expliquent par des raisons de même ordre. Nous avons été maintes fois heureux d’accueillir une bibliographie abondante, sinon exhaustive, et soigneusement triée, qui accroît singulièrement la