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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

à son bonheur. À Sayed, il donnerait une couffe neuve, car la sienne était percée en plusieurs endroits et ses oranges roulaient dans la boue. Il lui donnerait également de l’étoffe de soie pour remplacer sa tunique en cotonnade bleue qui, déchirée dans le bas, mettait ses jambes à nu jusqu’aux genoux…

— À toi, Hawa, s’écria-t-il.

La négresse l’interrompit, effrayée

— Plus bas, mon chéri, plus bas ! On pourrait nous entendre.

— Je te donnerai, poursuivit Goha, des mandils et des châles de cachemire de quoi couvrir toute cette chambre, et puis je te donnerai des bagues pour les dix doigts de tes mains et pour les doigts de tes pieds, et puis je te donnerai un collier qui s’enroulera vingt fois autour de ton cou…

— Hé ! Sidi ! s’exclama Hawa, j’avais raison de dire que tu es bon, que tu es généreux !… Tu épouseras la fille du Cheik-el-Balad et tu vaux sa tête !

Ne manquant pas de bon sens, elle avait tout d’abord compris que le projet de son maître était irréalisable, mais l’appât des richesses que Goha lui faisait entrevoir excita sa convoitise et fit dévier son jugement. Plus encore que la pensée de posséder de somptueuses parures, la certitude que ses trésors ne manqueraient pas de susciter une jalousie haineuse parmi les négresses du voisinage l’emplissait d’une ivresse malsaine et profonde. Ah ! comme elle se vengerait de Fatma, l’esclave d’Abd-Allah qui, la veille, au