El-Zaki eut un faible sourire. À cette femme affalée en tas sur le divan et absorbée par son chibouk, il opposa l’image d’une vierge au corps ferme qui mordrait à la vie à pleines dents. On savait à El-Kaïra par des indiscrétions que Nour-el-Eïn était une belle fille et que son père avait repoussé maints prétendants, la destinant à quelque homme illustre par sa science et sa fortune.
— Ma chérie, dit El-Zaki, je crois que j’épouserai la fille d’Abd-el-Rahman malgré son âge.
Mabrouka fut acculée à donner son dernier argument.
— Écoute, s’écria-t-elle, je t’aime, Sidi, et je ne veux pas que ton harem te donne du souci. Choisis une femme de douze ou treize ans. Je l’élèverai comme ma fille. Je la soignerai, je l’habillerai, elle sera docile avec toi et avec moi. Il faut que ta seconde femme me respecte… sinon, je ne serai plus contente… Les paroles amènent les discussions, les discussions amènent les disputes… L’homme a besoin de calme.
Cheik-el-Zaki qui s’était assis à ses côtés, lui entoura la taille et, affectueusement, la rassura. Il lui promit de veiller sur sa tranquillité et lui offrit comme prix de son consentement une grosse émeraude sertie dans un anneau en filigrane d’or qu’il retira de son doigt.
Un matin, les tapissiers s’emparèrent de la maison de Cheik-el-Zaki. Des charrettes grinçantes, traînées par des buffles, encombraient la