V
le cortège de la mariée
Un mois s’était écoulé depuis que Cheik-el-Zaki avait confié à Waddah-Alyçum ses souffrances morales. Le professeur d’El-Azhar n’avait pas encore modifié sa manière de vivre. Il se rendait régulièrement à ses cours, s’entretenait avec ses collègues et poursuivait au pied de sa colonne ses travaux d’exégèse. Ses enseignements toutefois avaient perdu de leur vigueur. Il n’avait plus dans la voix ces inflexions ardentes qui intimidaient ses contradicteurs et lui gagnaient les hésitants. Le regard terne, les bras croisés sur les genoux, il tombait dans de longs mutismes et reprenait machinalement la phrase interrompue lorsque le murmure discret de ses élèves pénétrait sa torpeur.
Il avait cru facile de rompre avec son passé et de s’abandonner à la vie, simplement, pour y puiser, comme ses frères d’Égypte, l’insouciance