passants, l’homme timide et maladroit renaissait en lui. Il devait se garer contre les dangers de la rue, songer à sa maison, répondre aux questions qu’on lui posait et lutter contre le sarcasme des gens.
La prudence, la mesure, la réflexion étaient nécessaires. Il le savait, il apportait néanmoins dans la ville la même sincérité qu’à Ghézireh. Mal fait pour la vie sociale il en était victime et, couvert de ridicule, il s’isolait pour saisir la portée de ses erreurs. Mais ses méditations étaient vaines, la vie parmi les hommes lui parut mystérieuse. Stupéfait des conséquences de ses actes, incapable de reconnaître les mains qui les avaient habilement transformés, il crut à l’œuvre de monstrueux anonymes. Muni de ces solutions fatalistes, il allait aveuglément vers des catastrophes nouvelles, plantant dans le cerveau de son prochain l’idée de sa sottise.