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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

rurent. Il avait compris, il était sauvé. Il attira contre lui sa nourrice dont la face plate et noire exprimait infiniment de bonté :

— Hawa !… Hawa !…

— Mon maître !… mon maître ! répondit-elle.

Étendue sur la natte, ses grosses formes étalées, elle s’abandonna à une joie puérile. Elle était heureuse d’avoir libéré Goha de son angoisse et de petits rires la secouaient. Goha lui prodigua mille caresses, lui pinça les bras et les cuisses, lui tirailla les cheveux. Elle avait, avec des mots simples, dissipé ses craintes. Il avait pour elle de la gratitude et aussi de l’admiration :

— Hawa, tu es une cheika !

— Et toi, tu es un cheik !

Et tous deux riaient, riaient, riaient.