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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

— Où allez-vous ? demanda Goha.

Elles répondirent toutes ensemble par des cris de terreur, puis elles tirèrent la langue, firent des gestes effarés, et s’enfuirent de la chambre en désordre, hurlant et riant à la fois, heureuses d’être bruyantes.

— Naturellement, dit Hawa très bas pour ne pas être entendue de ses maîtres et se rapprochant de Goha qu’elle seule n’avait pas quitté, naturellement ce n’est pas un métier pour toi. Est-ce qu’on a jamais vu des Riazy marcher dans la rue avec un plateau sur la tête ?

— J’étais plus content quand j’étais repasseur de fez, dit Goha en haussant les épaules.

— Oui, mais tu as brûlé tous les fez du quartier, répondit Hawa… Ce métier aussi n’était pas digne de toi.

Elle ajouta :

— Ils disent que tu n’es pas intelligent, moi, je te trouve très intelligent. Hag-Mahmoud devrait te reprendre dans ses affaires maintenant que tu as un peu d’expérience.

Goha lui fit signe de s’asseoir auprès de lui et lui demanda quelles étaient les décisions de son père. Elle s’assit et lui expliqua posément qu’il devait renoncer à son plateau de victuailles et vivre dans l’inaction.

— Hé là ! ma nourrice, s’exclama Goha le visage épanoui, mon père n’avait pas besoin de se fâcher pour cela !

Toutes les visions redoutables que le discours de Mahmoud avait éveillées dans son esprit dispa-