quel est l’idiot, le fou ou le mort ? » Le mort… Car il y avait entre eux plus qu’une différence de mentalité. Ils devaient appartenir à des mondes différents… Le miracle était qu’ils se fussent rencontrés !
Goha attendit patiemment une réponse qui ne vint pas et à force d’attendre oublia sa question. Il s’approcha de la fenêtre. Cheik-el-Zaki le suivit machinalement. Il eut soudain la sensation d’être tout entier enveloppé par Goha qui, plus grand que lui, regardait dans la rue par-dessus son épaule. Troublé, il leva les yeux et rencontra de très près ceux du Simple. Jamais Goha ne lui avait paru si beau, jamais visage humain ne lui avait donné cette impression de splendeur. Il s’écarta.
À l’intérieur de la bibliothèque, l’obscurité était complète. De la rue montait un rire, toujours le même. Une chauve-souris se cogna contre le mur. Goha porta les mains à sa tête pour la protéger.
— Je ne me rappelais plus que j’avais ton turban, dit-il, surpris de trouver sur son crâne l’énorme coiffure du philosophe.
— Tu ne te rappelles rien, murmura Cheik-el-Zaki.
Ibrahim entra et alluma les sept cierges du candélabre.
— Oh ! fit Goha, observant sur le tapis, sur les murs, au plafond, les ombres que la lumière avait brusquement suscitées.
Il répéta :
— Oh ! Oh ! Oh !