émotion, il démentirait sa résolution d’une vie nouvelle, il retomberait dans sa faiblesse. Mais en se retenant, il violentait brutalement sa nature. Le sang afflua à sa tête, la sueur inonda son visage, tout son corps.
— Tant pis ! tant pis ! cria-t-il.
Ce fut son dernier effort sur lui-même. Des images obscènes hantaient son cerveau. Il se mit à courir.
Devant la chambre de Mabrouka, il s’arrêta, prêta l’oreille. Il crut entendre un bruit étrange. Fiévreusement, il saisit la poignée de la porte et ouvrit avec fracas.
Elle était là, seule, près de la fenêtre : l’effroi lui avait fait tomber de la bouche le bec du narghilé :
— Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tu as ? s’écria-t-elle en se dressant sur ses jambes.
Rien ! Il ne s’était rien passé. El-Zaki s’en rendait bien compte et son soupçon lui parut invraisemblable et humiliant.
— Laisse-moi, Mabrouka, je n’ai rien, supplia-t-il, cherchant à dissimuler son essoufflement.
À sa voix, à l’expression de son visage, elle comprit qu’il revenait à elle tout entier. Elle résolut aussitôt de détruire dans son principe ce qui avait mis son œuvre en péril. Elle le prit par les épaules.
— Alors c’est Goha qui t’a fait faire du mauvais sang, mon pauvre chéri ? C’est ce chien de Goha ?
Il n’eut pas la force de la repousser et se laissa traîner jusqu’au divan où il s’affaissa lourdement.