— Tu as soif ?
— Oui, j’ai faim.
— Si tu as faim, ce n’est pas du café qu’il te faut, c’est plutôt de quoi manger.
— Oui, des cailles.
« Quelle déchéance ! se dit El-Zaki. On le prendrait pour une bête… Une bête… Pourquoi une bête ? … »
— Ibrahim ! cria-t-il d’une voix stridente. Apporte une collation !
Peu après, l’eunuque apparut avec un plateau chargé de lait caillé, de fromages, de miel et de salaisons diverses. Il fixa Goha d’un air farouche que Goha ne remarqua pas.
Les esclaves s’étaient réjouis du retour de Mabrouka à laquelle ils étaient redevables de l’acheminement de leur maître vers une vie matérielle qu’ils comprenaient et approuvaient. Ils craignaient maintenant que le fils de Mahmoud ne bouleversât l’ordre établi.
Sans se hâter, les yeux mi-clos, Goha vida un à un les raviers, un à un les compotiers. El-Zaki, stupéfait, lui demanda s’il n’avait pas mangé depuis longtemps.
— Je veux dormir, répondit Goha.
Il s’étendit sur le divan et s’endormit. Le Cheik se croisa les bras. Il était maussade, indécis. Le sommeil de Goha lui donnait le sentiment d’être abandonné de tous les hommes.
Il descendit au jardin, contourna le mausolée de son ancêtre. La matinée était chaude. Il marchait dans les allées trouvant aux arbres, aux fleurs un