suis ! » Nour-el-Eïn, Waddah-Alyçum, ses longues veillées dans la bibliothèque, ses tournées de propagande musulmane, ses conférences à l’Université, tout cela n’était plus. Le philosophe avait fermé ses livres, ses élèves avaient choisi d’autres maîtres, Alyçum et Nour-el-Eïn étaient morts, l’Islam tombait en poussière…
— Qu’est-ce qui me reste ? cria-t-il, les prunelles chargées de colère… Ça ! ça ! — Il pointa l’index vers Mabrouka : — Il me reste ces grosses fesses blanches !
Mabrouka se taisait, devinant que le moindre mot lui serait fatal. Pour la seconde fois, son bonheur était en danger. Elle cherchait à s’effacer contre le mur et, d’une main tremblante, aussi discrètement que possible, tirait la couverture sur son corps. Un lourd silence régnait dans la chambre. Les voix du dehors résonnaient distinctes.
Cheik-el-Zaki, d’un air résolu, se pencha à la fenêtre et, sèchement, appela le portier. Les deux voix se turent.
— Laisse monter cet homme, ordonna-t-il. J’ai un mot à lui dire.
Et il sortit de la chambre. Durant le trajet jusqu’à la bibliothèque, il songea à la manière dont il avait donné son ordre, au ton sec qu’il avait employé. Quant à l’ordre même, il n’y songea que lorsqu’il se fut installé sur son divan. Il sursauta. « Pourquoi ai-je dit à cet homme de monter ? Pourquoi ? » Comme toujours sa pensée s’égara dès qu’il essaya de la fixer sur une question précise.