bout des doigts, pressait faiblement : le mur résistait. Goha poursuivait son chemin.
— Hé ! Sidi… Regarde ! … Tu t’es couché contre notre porte…
Goha se réveilla en sursaut et surprit un gamin qui lui passait sur le corps. Il s’était endormi en marchant et s’était effondré là, sans en avoir conscience. Le gamin pencha vers lui des yeux rieurs.
— Quel dommage ! dit-il… Tu as sali ta jolie gallabieh…
— Tu es un imbécile, grogna Goha… Et voyant que l’enfant tenait une galette de maïs, il la lui arracha des mains et la jeta dans une flaque de boue.
Aux cris du gamin, une femme apparut sur le seuil de la maison.
— Tu n’as pas honte ? dit-elle… Est-ce qu’on vole le déjeuner d’un enfant.
— Qui a volé ? fit Goha d’une voix bourrue.
— Toi ! toi ! cria l’enfant.
— Moi ? imbécile… Moi, j’ai volé ta galette ? … Où est-elle, imbécile ? Dans ma main ? Où ? La voilà ta galette ! … Elle est dans la boue ta galette !
— Va-t’en et que Dieu te pardonne, dit la femme avec mépris… Tu n’es pas un homme ! …
— Je suis un homme, grogna Goha… Essaye et tu verras si je ne suis pas un homme !
Vers midi, sa faim devint intolérable. Le long des rues, des gens s’étaient accroupis autour de plats fumants. Il passait devant eux rapidement. L’odeur des victuailles et le bruit des mâchoires lui arrachaient des cris.