tape amicale, sans rien dire. Goha crut cependant discerner un ricanement. Les mâchoires et les poings crispés, il grommela des injures. Il en avait assez de sa bassesse, de son infamie, des humiliations et des souffrances qu’on lui imposait. Il avait envie de mordre, de mordre des hommes jusqu’au sang. Il regarda son enfant et un espoir de dément germa dans son cerveau. Cette fillette était sienne, de même qu’il appartenait, lui, à Mahmoud. Il avait sur elle tous les droits, elle lui devait obéissance et respect.
Il se pencha sur son enfant et, d’une voix qu’il s’efforça de rendre indifférente, il dit :
— Salue ton père.
La petite agitait son poing en riant.
— Ne te moque pas de ton père, gronda Goha. Je te dis de me saluer.
Il attendit, la face grimaçante, les prunelles dilatées. Soudain il prit la fillette de sur ses genoux, la déposa par terre, sur les dalles.
— Je t’ordonne, bredouilla-t-il.
L’enfant se mit à pleurer. Il la cribla de coups nerveux sur les joues et sur le ventre. Un instant, en arrêt, il la considéra, songeant, à ce qu’il devait faire.
— Alors baise ma main ! cria-t-il.
Il appuya sa main sur la bouche ouverte de sa fille, pesa de plus en plus sur les gencives molles, les meurtrissant sans pitié, tout à son idée :
— Baise ma main !
Et comme l’enfant continuait à vagir et à baver sur cette grande main raidie qui, dans son trem-